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🌿 One Piece et Fatima Ouassak | Des racines et des iels | Apéro Pioche! | Jungles synthétiques | Prix Cabaret Vert 2024...

Les nouveaux récits de l'écologie 🌿

Bonjour Ă  toutes et tous, et bienvenue si vous rejoignez Pioche!

Un courrier où l’on parle écologie queer, écologie pirate, écologie joyeuse.

Où se mêlent – sans forcer – une campagne de com à l’humour décroissant, un DJ house qui se déplace en train, un prix de BD écolo par un festival de musique, ou des chants de cachalots mis en musique techno.

Décidément, cette planète écologie tourne aussi vite, attirant à elle aussi bien les luttes sociales que les transitions écologiques, les cultures populaires que les avant-gardes. Qu’il fait bon y prendre l’air.

Bonne lecture,
Et bonne Pioche!

1. Carton plein

Ça vient. Alors que les engagements pris depuis l’accord de Paris nous mènent vers +2,9°C à la fin du siècle selon le PNUE, en France, les 50 sites industriels les plus polluants ont signé lundi des contrats – « non contraignants » – avec l’État pour réduire de 45% leurs GES d’ici à 2030. Objectif, réduire la part de pétrole, gaz et charbon de 60% de notre mix énergétique à 42% en 2030 et 29% en 2035. Ça vient.

Résiste. Les eurodéputé•es se prononcent aujourd’hui sur un texte visant, notamment, l’interdiction des emballages à usage unique de la resto rapide sur place – interdits en France depuis le 1er janvier – et qui subit contre lui un intense lobbying… « Avec McDonald’s en première ligne », souligne 19 assos et acteurs économiques (dont Réseau Vrac et Réemploi, On est prêt, Zero Waste, Surfrider...), qui appellent nos élu•es à « résister à la pression ».

Bingo. Carton plein pour les 4 (excellentes) vidéos de la dernière campagne de l’Ademe mettant en scène des « dévendeurs » de grandes enseignes (cf. en Une) qui orientent leur client•e vers la location, la réparation ou le reconditionné plutôt que vers l’achat. Résultat… près de 400k vues en 7 jours par vidéo. Un succès ? « Un véritable scandale » estime le président de la Confédération des PME, Jean-Eudes du Mesnil du Buisson…

… « une telle campagne à l’approche des fêtes de Noël est une véritable gifle aux commerçants » en proie à l’inflation et au ralentissement économique, précise le communiqué de la CPME, qui exige « l’arrêt de cette campagne ». Et oublie du même coup de soutenir les (autres) PME de la seconde main, de la location ou de l’artisanat, que l’Ademe met elle en avant.

2. « Je puise dans One Piece l’imaginaire d’une écologie véritablement populaire » – Fatima Ouassak

Au festival Agir pour le vivant, à Arles, le nom de Fatima Ouassak était sur toutes les lèvres. Chacune de ses interventions amenant son lot de débats, de pas de côté et de punchlines mémorables.

De quoi imposer la rencontre – censée durer 30min, qui deviendra une masterclass de 2h – avec l’autrice de Pour une écologie pirate (La Découverte, 2023). Et plonger avec elle dans un projet écologiste ancré dans les quartiers populaires, tout en multipliant les références (spoiler alert) au – magistral et populaire – manga One Piece.

Qu’est-ce qui t’as amenée à parler de One Piece dans ton dernier livre ?

Fatima Ouassak : Parce que j’aime bien ! C’est important de commencer par là. Je ne me suis pas demandé « Qu’est-ce que pourraient apprécier les personnes des quartiers populaires que je veux sensibiliser à la chose écologique ? ». Je ne voulais surtout pas utiliser cette œuvre pour illustrer ou décorer un propos politique en rajoutant une petite couche « wesh wesh ». Je suis partie d’un chef-d’œuvre qui m’a beaucoup marquée, qui a marqué mes enfants, mes proches. (…)

L’histoire reprend beaucoup d’éléments qui sont importants dans les quartiers. La soif de liberté par exemple. Pour les héros, devenir pirate, c’est échapper aux normes, circuler sans entraves. C’est une bouffée d’air face aux ascenseurs en panne qui nous assignent à résidence, la vidéo-surveillance, ou la présence policière qui exercent un contrôle permanent sur la population [suite du spoiler en ligne].

C’est ce qui t’as amenée à parler d’une écologie pirate ?

Oui, en partie. Un autre élément qui me plaît dans One Piece, c’est la place centrale laissée aux enfants. Je crois en une écologie à hauteur d’enfant.

Avec le Front de Mères, à Bagnolet, on a récemment organisé un parcours dans la ville qui permettait de se mettre à la place d’un enfant. L’idée c’était de noter tout ce qui entravait la libre, joyeuse et insouciante circulation dans l’espace public. Ici ça sent bon, ici on peut voir le soleil, ici on se sent en danger à cause des voitures… Ça permettait de montrer concrètement pourquoi on mène nos combats : pour que nos enfants s’en sortent.

Fatima Ouassak, par ©Charlotte Krebs.

Il y a aussi la question de l’équipage, de la fraternité [et l’importance de la loyauté] qui reviennent tout au long du manga. (…) Ce sont des valeurs très importantes dans les quartiers populaires. Face à l’école, à la police ou aux parents, on se serre les coudes, on essaye de s’en sortir ensemble. Et puis le bateau pirate, c’est l’autonomie, avec tous les liens d’interdépendance et de subsistance qui peuvent se nouer à bord. C’est un bon point de départ pour comprendre le projet politique que je porte. (…)

Dans la figure de la piraterie, il y a aussi cette idée de la résistance et des luttes dont tu parles beaucoup.

Exactement. Je me suis appuyée sur les travaux de Marcus Rediker, historien américain, spécialiste de la piraterie, et on se rend compte que One Piece se déroule à l’âge d’or de la piraterie. Une époque dans laquelle les pirates incarnent la résistance, la mutinerie face au capitalisme triomphant du début du XIXe siècle symbolisé par le renforcement des frontières et le commerce des esclaves.

Et à mon sens, un vrai projet écologiste ne se fera que dans les luttes. Dans le préambule de mon livre, je mets en garde contre la tentation de porter une écologie populaire qui glorifie le tri sélectif, la récup’ et les jardins ouvriers. « Bravo les pauvres d’être pauvres », ça ne m’intéresse pas. (…) Mon père, qui a toujours eu un jardin ouvrier, m’explique qu’avoir une main dans la terre c’est bien, mais que ça ne vaudra jamais la contemplation.

Contempler la mer, le paysage, l’horizon, c’est reprendre du temps et de l’espace au système capitaliste. Et ça, ça ne s’obtient que par les luttes. (…)

Lire la suite de l'article.
Se procurer Pour une Ă©cologie pirate, aux Ă©ditions La DĂ©couverte.

3. Des racines et des iels

Hyperpop. Cultures queer et luttes écologiques, mêmes combats ? C’est ce que prouve par l’exemple le festival toulousain Girls Don’t Cry (24-26/11) qui arrive à faire danser ensemble « créatures féériques » et « oiseaux de nuit », pour prôner une écologie féministe, queer, activiste sur des rythmes trance, hard techno et hyperpop, le tout jouées par un line up 100% femmes et minorités de genre. Et tout ça, ça nous plaît beaucoup.

Cookies. 30 ans déjà. Pour son anniv’, la maison d’édition Ulmer organise son festival Résiliences en forme de grand marché de Noël, les 25 et 26/11 à la REcyclerie (Paris 18). Entre les conférences, ateliers d’écologie pratique et stands artisan·es, les concerts des merveilleuses Cléa Vincent et Ëda Diaz, et de nombreux livres rendant hommage à cette « écologie joyeuse » qui fait toute l’identité – et la solidité – d’Ulmer. Un rendez-vous.

Dancing. On en parle un peu en avance, jeudi 30/11 on organise à Lyon un « apéro Pioche! » pour clôturer les Journées de l’événementiel éco-responsables de l’asso Aremacs. Et on est plutôt satisfaits d’amener avec nous deux artistes qui défendent aussi bien la bonne musique que des valeurs qui comptent : Deborah aime la bagarre (house / écologie) et Saku Sahara (UK rave / féminisme). Ça se passera Chez Marti, dès 19h30. Let’s dance.

Ça se passe maintenant, une (pas si) petite révolution dans le monde des festivals, à qui la loi AGEC impose désormais de la vaisselle lavable pour les stands de restauration. Bonne nouvelle, un dispositif de « vaisselle participative » où les festivalier·es font la plonge via un système low tech et économe en eau vient d’être validé en labo par Le Collectif des Festivals. Hâte de voir ça au Hellfest.

4. Arcs-en-ciel

Pendant ce temps, à la rédaction de Pioche!, ça bosse. Voici quelques-uns des articles publiés dans nos colonnes cette semaine.

La REcyclerie, Paris 18e.

13/10. À Lyon, l’association Aremacs rassemble sport et culture pour imaginer des événements (vraiment) éco-responsables 14/11. Paris : un grand village de Noël de l’écologie bientôt organisé à la REcyclerie par les éditions Ulmer. 17/11. Toulouse : l’écologie queer se déploie en arc-en-ciel au festival Girls Don’t Cry. 20/11. KissKissBankBank lance une newsletter 100% dédiée à la conso responsable pour Noël.

On se donne rendez-vous cette semaine à Ramonville, près de Toulouse, pour les Rencontres Régionales des Evénements Responsables (RRER) organisées par l’asso Élémen’Terre ce 23/11. On tentera d’imaginer, aux côtés de nombreux festivals occitans, des manières de faire des fêtes plus « sobres ». On y mettra du nôtre.

5. Jungles synthétiques

Parmi les BD en lice pour le prix Cabaret Vert 2024…

Le podcast. Un podcast écolo tenu par une militante écolo, ça fait peur ? Attendez d’écouter Oïkos, l’émission où la bien nommée Soldat Petit Pois nous fait rencontrer « les gens qui peuvent encore faire basculer le monde ». À la veille de la Journée contre la précarité énergétique (23/11) – que l’on illustrera sur notre Insta demain avec (l’autre bien-nommé) Écolo mon cul – elle y parle du lien entre écologie et justice sociale avec la fondation Abbé Pierre.

Les livres. On connaît les nominés au Prix Cabaret Vert 2024, attribué lors du festival du même nom à des BDs racontant notre relation à l'environnement. Les élues ? Frontier de Guillaume Singelin, Neoforest, Tome 1 de Fred Duval et Philippe Scoffoni, et La Ride de Simon Boileau et Florent Pierre. Si comme nous – avouons-le – vous n’en avez lu aucune, comptons sur cette sélection du Cabaret Vert (et sur nos proches) pour (nous) faire plaisir dans un mois.

Le clip. Quel beau projet que ce Deep Ocean au profit de la protection des cachalots, où l’on retrouve Deep Forest – oui, LE Deep Forest des jungles synthétiques – et la musicienne DeLaurentis, en conversation musicale en 3 parties – plutôt techno – avec nos géants des mers ; soutenu par un clip avec l’apnéiste Julie Gautier (à voir ici) et un second ci-dessous. Tous les bénéfices seront reversés à l’asso Longitude 181 de l’océanographe François Sarano.

6. La puissance

Vous avez un projet ou une annonce Ă  faire paraĂ®tre sur Pioche! ? Écrivez-nous Ă  [email protected].

  • Toute une vraie gĂ©nĂ©ration d’activistes y est nĂ©e. Aujourd’hui La Bascule Argoat, tiers-lieu autogĂ©rĂ© en Bretagne, demande de l’aide pour assurer sa survie.

  • Avant sa soirĂ©e au musĂ©e d’Orsay le 30/11 (on en reparle vite) le mouvement de l'Écologie culturelle opère un mystĂ©rieux « Curious Mapping » Ă  Paris ce jeudi 23/11 de 20h Ă  21h au « mur du Quai de Seine, cĂ´tĂ© Louvre, en bas du Pont des Arts ». 

  • Après avoir annoncé Ninho, on patiente dĂ©sormais fort We Love Green (31/05-2/06) en passant en boucle l’aftermovie 2023. Six mois.

  • Les Nuits des forĂŞts sont de retour et l’appel Ă  projet 2024 est ouvert. Et vous, vous faites quelque chose dans les bois cette annĂ©e ?

  • Ă€ Lyon les 23 et 24/11, une nouvelle pĂ©pite signĂ©e Arty Farty au doux nom de Podcast HĂ´tel : le premier Ă©vĂ©nement lyonnais consacrĂ© au podcasts, avec comme premier thème cette annĂ©e : le dĂ©sir. Oui !

7. Grand bravo

🤓 Merci d’avoir parcouru cette nouvelle Ă©dition de Pioche!. Qu’en avez-vous pensĂ© ? Écrivez-nous Ă  [email protected].

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