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🌿 À poêles | Le visage blanc du climat | Adélaïde Charlier | DJ Taupe | Retour vert ? le futur | L'OVNI | Émoji hug...

Culture & écologies 🌿

Bonjour Ă  toutes et tous, et bienvenue si vous rejoignez Pioche!

Ce samedi 30/03, Libé s’offrait l’Académie du Climat pour l’étape 2 de son Climat Libé Tour 2024. Le quotidien y invitait l’équipe de Pioche! pour 1/ (évidemment) organiser l’apéro final – on a demandé à Fakear de passer quelques disques.

Et 2/ pour co-organiser et co-animer, avec Chayma Correia, étudiante et formatrice Banlieues Climat, une table-ronde intitulée « L’écologie, c’est pas pour moi. Vraiment ? ». Au micro, notre Samuel Chabré national y posait cette (grave) question : « qui se sent aujourd’hui légitime pour prendre la parole sur l’écologie ? ».

Dans le panel, aux côtés de Gaëtan Gabriele, activiste-influenceur, Makan Fofana, philosophe et auteur de la « Banlieue du turfu », et Lenaïg Corson, ex-internationale de rugby, nous retrouvions l’activiste belge Adélaïde Charlier, cofondatrice de Youth for Climate, quasi deux ans après une épique rencontre au festival de Dour.

C’est rien de dire qu’à 23 ans, elle réunit en elle, et avec elle, tout le bouillonnement de l’écologie actuelle, qui y mêle désormais la diversité des combats – féministes, antiracistes, classistes, etc. – d’aujourd’hui, pour fouler le pavé d’un même pas. De quoi nourrir l’entretien de la semaine ci-dessous (et en longueur ici).

Bonne lecture,
Et bonne Pioche!

Jean-Paul Deniaud, avec Samuel Chabré, Lucille Fontaine, Juliette Roques et Baptiste Thomasset

1. À poêles

Dans le film Dark Waters, l’acteur et réalisateur Mark Ruffalo campe un avocat luttant pour l’interdiction des PFAO, l’un de ces monomères aujourd’hui libérés lors de la production de PFAS.

Dark Waters. C’est LA bataille du jour – et des années à venir : les député·es vont-ils voter pour l’interdiction des PFAS (type Teflon) dans les ustensiles de cuisine ? Si l’industriel SEB cherche à distinguer les molécules – monomères néfastes et interdits vs polymères encore autorisés – et affrète des bus de salariés et de poêles Tefal devant l’Assemblée, les toxicologues sont formels : il y a toujours des monomères libérés, et donc urgence à légiférer.

Multipass. Après quelques atermoiements hier, le Pass rail à 49€ verra finalement le jour cet été : ce forfait mensuel permettra aux moins de 27 ans de prendre les TER et les Intercités à volonté, sauf en Île-de-France – too bad pour les JO. 700 000 jeunes devraient bénéficier de l’offre, financé à 80% par l’État pour un total de 15M€.

Surprimes. Face à l’envolée des coûts liés au changement climatique pour les assureurs – 6,5 Mds€ en 2023 – les experts mandatés par les ministères de l’économie et de la transition écologique rendent leurs conclusions en 37 propositions (et 116 pages). Parmi lesquelles un bonus-malus en fonction de l’adaptation du logement aux risques. Le gouvernement tranche dans 5 mois.

2. Adélaïde Charlier : « Le visage du mouvement climat ne peut pas rester blanc et privilégié »

Adélaïde Charlier, c’est une énergie, solaire, mise au service du mouvement Youth For Climate, qu’elle co-crée en 2019 à seulement 18 ans. Cinq ans plus tard, on l’a vue en Allemagne aux côtés de Camille Étienne contre la mine de charbon de Lützerath, au Parlement européen pour défendre la loi de restauration de la nature, ou lutter contre le sponsoring de TotalÉnergies. 

Aujourd’hui, l’activiste belge porte un regard lucide sur un mouvement climat tenant à distance de larges pans de la société, quartiers populaires et territoires ruraux en tête. Et aborde avec optimisme le devenir d’une génération climat prenant désormais en compte les divers combats qui agitent la société, pour ouvrir la voie d’une écologie « intersectionnelle ».

Comment devient-on activiste pour le climat ? 

Adélaïde Charlier : Je viens d’une famille belge relativement privilégiée et peu conscientisée sur les enjeux climatiques. Enfin, consciente des enjeux, mais pas de l’urgence.

À 11 ans, je suis partie vivre au Vietnam avec ma famille pendant cinq ans. J’ai eu la chance de pouvoir aller à l’école des Nations unies, à Hanoï, où l’on m’a parlé des catastrophes naturelles, des migrations, et de toutes les conséquences du dérèglement climatique. Quand je suis revenue en Belgique vers 16 ans, je n’étais évidemment pas activiste, mais il y avait ce terreau très fertile où faire pousser une graine d’activiste.

Devant le parlement européen contre les orientations de la PAC.

C’est grâce aux réseaux sociaux que j’ai vu le premier speech de Greta Thunberg, au Forum de Davos, en 2018. Ça m’a interpellée. « OK, elle est plus jeune que moi et elle ose affronter des dirigeants économiques ». Le fait qu’elle ait parlé, qu’elle ait eu du soutien, de la reconnaissance, ça a parlé à énormément de jeunes qui lui ressemblent. Des jeunes comme moi. Elle nous a montré qu’on pouvait s’engager en dehors de l’école. 

L’écologie étant souvent ramenée au GIEC, aux rapports, tout un langage finalement assez technique. C’est quelque chose qui te parle ?

Moi, ce qui m’a embarquée, ce sont des rencontres et des histoires qui m’ont bouleversée. Évidemment que les faits sont essentiels pour convaincre le cerveau, mais il faut aussi le ressentir dans ses tripes. Et pour ça, il faut aller bien au-delà des chiffres. Or, on s’est concentré·es, dans les médias, sur une science rationnelle. Ça nous a fait perdre clairement 50 ans.

Ce qu’il faut, c’est qu’on parle aux gens comme on parle à nos potes. C’est ce qui a un impact important parce que les gens veulent se sentir connectés, représentés. En tant que jeunes activistes on peut utiliser notre langage, nos réseaux sociaux. (…) Soyons aussi accessibles pour les autres.

À ce sujet, tu perçois les codes culturels utilisés dans les mouvements climat qui peuvent tenir à distance une partie de la population ?

Je sais très bien que moi, je vais utiliser les codes qui sont ceux de milieux privilégiés, avec le capital économique, social et culturel qui leur est associé. (...) Je vais donc parler à des personnes qui me ressemblent et qui ont ce même capital. Le visage du mouvement climat ne peut pas rester blanc et privilégié. Ce serait provoquer sa défaite.

En quoi tous ces questionnements font-ils évoluer ton engagement autour de l’écologie ?

(...) La question de l’intersectionnalité devient essentielle dans mon activisme. Je suis encore en plein milieu de mon processus et je pense qu’en tant que personne privilégiée, ça va me prendre toute la vie de m’éduquer sur ces questions. C’est notre plus gros défi aujourd’hui : s’assurer que celles et ceux qui se mobilisent pour la justice sociale et climatique se retrouvent dans un seul et même mouvement.

3. DJ Taupe

Sans aparté. Un théâtre durable est-il possible ? C’est la question posée par la MC93 Bobigny du 5 au 7/04, avec une journée d’étude, une conversation publique, des ateliers familiaux et plusieurs spectacles. Dont Une pièce pour les vivant·es en temps d’extinction, pouvant être (re)jouée partout sans voyager, car sobre, sans électricité – et par une femme racisée.

Tree Billboards. À découvrir à la Gaîté Lyrique (Paris) le 9/04 à 19h, et sur arte.tv le matin même : la série docu Justice climatique s’intéresse à quatre poursuites judiciaires lancées par des citoyen·nes de tous âges à travers l’Europe – dont l’Affaire du Siècle en France – contre l'inaction climatique de leurs gouvernants. Sur place, en bonus, une rencontre pour prolonger le sujet.

Type taupe. Un jardin dans un théâtre : bienvenue à la scène nationale Carré-Colonnes à Saint-Médard-en-Jalles, près de Bordeaux. On y fête en toute logique Les Semis de Printemps, 4e édition ce week-end, avec une petite prog tournée vers la fécondité et l’essor : plantations, parcours de lumière et science-fiction écologique. Et un DJ set du bien nommé Taupe.

« Retour vert : le futur ? ». On aura fort débattu de ce titre (et de sa ponctuation !) avec l’équipe de Ground Control, que Pioche! a accompagnée dans la curation de ce grand cycle dédié aux relations entre écologies et territoires ruraux / péri-urbains. Et au final on aime car on y retrouve cette question centrale de l’imaginaire de la campagne, entre fantasmes et préjugés. RDV dès ce soir, et pour trois mois. Let’s go.

4. L’OVNI

Quelques initiatives, œuvres et visages qui dessinent ce qui fait culture dans l’écologie. Sélection petits oignons, par Lucille Fontaine, Samuel Chabré et Baptiste Thomasset.

Le docu. Un an après Pourquoi on se bat sur les formes d’engagements écologiques, Camille Étienne et Solal Moisan réalisent PFAS : comment les industriels nous empoisonnent, un nouveau docu, à voir ci-dessus, pour alerter sur ces polluants éternels présents dans notre environnement et contre lesquels (on l’espère) nos député·es voteront aujourd'hui.

Le podcast. L’un de nos podcasts fétiches consacré aux enjeux de l’alimentation durable, Sur le grill d’Écotable, propose cette semaine une interview de l’humoriste Swann Périssé. L’humoriste évoque (entre autres) sa responsabilité à porter des engagements féministes et écologiques, avec toujours la verve et l’irrévérence qui la caractérisent. Cœur avec les doigts.

Le livre. Beaucoup avaient aimé Viendra le temps du feu, dystopie éco-féministe de la Française Wendy Delorme. L’autrice sortait hier son nouveau roman, Le Chant de la rivière (Cambourakis), pour nous plonger « dans deux histoires d’amour qui se font écho à deux époques différentes, nous donnant à entendre la mémoire de vies minoritaires, dans un récit où les éléments, l’eau, le vent, les arbres et les pierres deviennent des personnages à part entière. »

L’ovni. Dans un très beau livre-disque, l’autrice Corinne Morel-Darleux déclame ses colères légitimes et son « envie folle d’un bestiaire érotique » sur une bande-son du saxophoniste des Béruriers Noirs MastO (ci-dessous). Le tout mis en traits et couleurs par Elizabeth Saint-Jalmes. 26 pages et un 45 tours édités en 1000 ex. par les punks des Archives de la Zone Mondiale.

5. Nous sommes plein

Vous avez un projet ou une annonce Ă  faire paraĂ®tre sur Pioche! ? Écrivez-nous Ă  [email protected].

  • Le mĂ©dia Fracas (lire notre interview de son fondateur Philippe Vion-Dury) lance ce vendredi 5/04 la première campagne de prĂ©commandes de son tout premier numĂ©ro. Soutien plein.

  • Ă€ Marseille, une rencontre sur la redirection Ă©cologique des institutions culturelles avec David Irle, Diego Landivar, Delphine Marielle et Emilie Robert ? C’est Ă  La Friche la Belle de Mai, le 10/04 Ă  18h.

  • L’appel Ă  projets du Prix COAL 2025 a pour belle thĂ©matique « Se transformer ». Les artistes souhaitant participer ont jusqu’au 5 mai pour soumettre leur candidature en ligne.

  • Le rĂ©seau d’acteurs culturels et mĂ©dias indĂ©pendants europĂ©ens Reset! – que Pioche! a rĂ©cemment rejoint – vient de publier son tout premier Atlas pour « cartographier les rĂ©alitĂ©s culturelles et mĂ©diatiques indĂ©pendantes en Europe ». En plus, c’est joli.

  • Il ne reste que quelques places pour les directeur·ices de structurelles culturelles souhaitant participer Ă  l’introduction Ă  la transformation Ă©cologique du spectacle vivant proposĂ©e par ARVIVA.

  • Un clin d’œil spĂ©cial au festival La Meuh Folle, qui a lieu ce week-end au Parc des expos d’Alès : portĂ© depuis 20 ans par des Ă©tudiant·es, il fait la part belle Ă  la sensibilitĂ© Ă©cologique et Ă  la convivialitĂ©.

6. Émoji hug

🤓 Merci d’avoir parcouru jusqu’ici cette nouvelle Ă©dition de Pioche!. Qu’en pensez-vous ? Écrivez-nous (sans filtre) Ă  [email protected].

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