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Culture & écologies 🌿

Bonjour Ă  toutes et tous, et bienvenue si vous nous rejoignez sur Pioche!

Beaucoup a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dit sur la catastrophe Ă©cologique probable du futur mandat Trump 2 – (re)lire et Ă©couter nos confrĂšres et consƓurs de Vert, Reporterre, Bon Pote, L’Heure du Monde


AprĂšs la stupeur, reste aussi cette image significative d’un glissement global et important (+11pts en Californie et au New-Jersey, +12pts Ă  NYC
) de l’opinion US vers la droite de l’échiquier politique.

Un glissement vers une droite rĂ©actionnaire, Ă  l’ultra-libĂ©ralisme dĂ©complexĂ©, adepte de fausses informations et rejetant les contraintes climatiques. En bref, un repli vers un imaginaire politique oĂč tout est encore possible « comme avant ».

Un mouvement Ă  rejoindre pour rassembler les Ă©lecteur·ices, comme le font certain·es sinistres de ce cĂŽtĂ©-ci de l’Atlantique ? Ou plutĂŽt l’urgence de clamer plus fort que le monde proposĂ© par l’écologie est plus rĂ©jouissant encore pour notre avenir commun ?

Nature foisonnante, Ă©galitĂ©, dĂ©mocratie locale, liens entre les gĂ©nĂ©rations, alimentation saine, etc. Parlons haut et sans cesse de cet imaginaire politique-lĂ , qui s’invente et se construit en ce moment. C’est sans doute le rĂŽle de l’art et des artistes, et aussi de chacune et chacun d’entre nous.

Bonne lecture, bonne semaine,
Et bonne pioche.

1. Alternatives

Double rainbow sous mon vélo, à Utrecht ©Dutch Cycling Embassy.

Encore. On connaĂźt les 14 nouveaux laurĂ©ats d’Alternatives Vertes 2, ce dispositif de soutien Ă  la transition Ă©cologique de la culture du programme France 2030. Sur ce 2e volet, 8,6M€ (sur 34M€ au total) viennent doter des initiatives fort louables comme la transition des Ă©quipements culturels (Friche La Belle de Mai), le recyclage des disques CDs et vinyles (La FĂ©lin), la mutualisation de matĂ©riel (Cagibig), les circuits-courts artistiques (Technopol) ou la mesure d’empreinte biodiversitĂ© dans la culture (COAL).

Quality Street. À quoi ressemblerait votre rue avec une « Holland-touch » soit en faisant bonne place aux vĂ©los, piĂ©tons et autres bosquets de fleurs ? C’est dans ce « futur dĂ©sirable » que nous projette ce site Dutch Cycling Lifestyle, habilement crĂ©Ă© par le dĂ©partement du tourisme nĂ©erlandais. Faites le test, franchement, votre future rue fait dĂ©jĂ  rĂȘver.

Rouge et or. Pendant ce temps, Ă  Lens, ils et elles 36h non-stop pour « imaginer un partage des ressources durables dans la culture ». Ce Culturathon, Ă©vĂ©nement annuel du Louvre-Lens-VallĂ©e, rĂ©unit aujourd’hui et demain Ă©tudiant·es et pros du territoire pour travailler, façon hackathon, sur les questions de sobriĂ©tĂ©, partage de ressources, formation, coopĂ©ration et mobilitĂ©. Avec de vraies idĂ©es pour demain.

Watchdogs. Et on souhaite la bienvenue Ă  l’Observatoire des mĂ©dias sur l’écologie (OME). Cet outil de mesure du traitement des enjeux environnementaux dans les mĂ©dias est portĂ© plusieurs acteurs – dont Data for Good, Pour plus de climat dans les mĂ©dias, QuotaClimat – et soutenu par l’ADEME et l’ARCOM. Lancement et premiĂšres donnĂ©es ce soir au ThĂ©Ăątre de la Concorde.

2. « Changer de modĂšle, cela implique de questionner le sens de nos activitĂ©s » – Tomas Legon

Tomas Legon est Ă  la fois prĂ©sident d’une salle de musiques actuelles en Seine-et-Marne, la File7, et docteur en sociologie Ă  I’Institut de la Transition Environnementale (Alliance Sorbonne UniversitĂ©).

Dans son premier job, il se confronte concrĂštement aux difficultĂ©s qu’il tente de montrer dans son travail de recherche : nous n’arrivons pas Ă  transformer nos usages car nous sommes pris dans un enchevĂȘtrement de croyances et de dĂ©cisions techniques et politiques collectives.

Nous l’avons rencontrĂ© en amont de son intervention, ce matin mĂȘme Ă  Marseille, en ouverture du premier Forum des initiatives responsables de la Culture en rĂ©gion Sud (FOCUS), organisĂ©e par le Cofees, oĂč nous assurons la modĂ©ration. C’est peut-ĂȘtre un peu technique au rĂ©veil, mais promis, les rĂ©flexions de Tomas valent le coup.

Comment pourrais-tu présenter ton axe de recherche ?

Tomas Legon : J’essaie de montrer que nous avons des croyances parfois opposĂ©es, contradictoires ou dissonantes sur ce qui nous semble souhaitable et rĂ©aliste. Cela fonctionne comme un verrou de nos capacitĂ©s Ă  penser et mettre en Ɠuvre aujourd'hui un changement pour demain.

Ce travail tente de comprendre ce qui coince, y compris lorsqu’on a l'impression de n’ĂȘtre qu’entre individus qui veulent le changement. En tant que sociologue, j’essaie de comprendre ces verrous qui font que l'on n’arrive pas Ă  imaginer et vouloir ces changements dont on croit pourtant qu’ils sont nĂ©cessaires.

À quoi ressemblent ces verrous ?

Un verrou sociocognitif fait que l'on ne croit pas ce que l'on sait. Nous savons que les bouleversements Ă©cologiques sont gĂ©nĂ©rĂ©s par l'ĂȘtre humain. Pourtant, nous continuons Ă  vivre sans prendre en compte cette situation. Comme si l’on ne croyait pas rĂ©ellement ce que l’on sait. Cela se construit via des mĂ©canismes sociologiques.

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« Si nous sommes tous des acteurs du changement, nous sommes aussi tous des acteurs de l’inertie »

Le verrou sociotechnique nous amĂšne lui Ă  faire des choix techniques en fonction d'une certaine organisation sociale, comme l‘usage du numĂ©rique pour la crĂ©ation et la diffusion de la musique. Une fois ces choix faits, il est trĂšs difficile de revenir en arriĂšre sans arrĂȘter d’autres organisations construites Ă  partir de ces premiers choix techniques. D'autres types de verrous sont sociopolitiques, liĂ©s aux inĂ©galitĂ©s sociales...

Tous ces mĂ©canismes rendent logique le fait que l'on n'y arrive pas malgrĂ© l’enjeu vital. Il ne s'agit pas uniquement de vouloir ou non, ou de rĂ©sistances directes comme peut l’ĂȘtre le climato-scepticisme, ais bien d’une ligne de sĂ©paration Ă  l’intĂ©rieur de nous-mĂȘmes. Une sĂ©paration qui fait que si nous sommes tous des acteurs du changement, nous sommes aussi tous des acteurs de l’inertie.

Il est souvent dit que la bataille est culturelle. Or, il semble que cela passe aussi par les questions de changements d’organisation politique, de maniĂšres de faire ensemble, de modĂšles Ă©conomiques. Interroger ces modĂšles, cela contribue Ă  « dĂ©verrouiller » ?

Oui. Plus on bricole le modĂšle existant Ă  la marge pour le faire perdurer, plus on renforce le verrou. Faut-il se demander comment faire la mĂȘme chose avec moins d’énergie, par exemple, ou envisager de faire diffĂ©remment ?

La difficultĂ©, c’est que l’essentiel des secteurs et des organisations sociales participent Ă  leur Ă©chelle Ă  ce que l'ensemble tienne. C’est difficile d’envisager les choses de maniĂšre rĂ©ellement diffĂ©rente, car cela implique de questionner le sens de son activitĂ©.

Les sciences de la Terre et les techniques de modĂ©lisations des liens entre activitĂ©s humaines et dĂ©gradation environnementale indiquent que s'adapter Ă  la marge ne sera pas suffisant pour garantir l’habitabilitĂ© de notre planĂšte. Or, on ne peut envisager de modĂšle Ă©conomique complĂštement diffĂ©rent sans changer de modĂšle politique.

Tomas Legon faisant sauter les verrous.

Peut-on imaginer ce que serait une politique culturelle lĂ©gitime pour celles et ceux qui la financent, c'est-Ă -dire aussi pour des personnes qui n'ont rien Ă  voir avec les mĂ©tiers de la culture ? Ce peut ĂȘtre une maniĂšre de sortir de certains verrous.

La culture reste un vaste champ d'expérimentations. Y as-tu observé des pistes ou des approches intéressantes à creuser ?

Ce qui m'a beaucoup aidĂ© dans ma recherche, c'est de rĂ©aliser que l’on a deux maniĂšres principales de penser l’interaction entre activitĂ©s humaines et bouleversements Ă©cologiques. La premiĂšre est le cadrage par la « responsabilitĂ© », que l’on utilise la plupart du temps.

On se demande qui sont les responsables des dĂ©gradations, qui en sont les victimes, qui devrait avoir la juste charge de l’effort des changements Ă  faire, etc. Lorsque l’on se demande si c’est au secteur culturel de « faire des efforts », plutĂŽt qu’aux vendeurs de SUV ou de voyages en croisiĂšre Ă  Marrakech, cela rentre dans un cadrage par la responsabilitĂ©.

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« Faire un bilan carbone, est-ce suffisant pour que l’activitĂ© soit soutenable sur le temps long ? »

Il est essentiel pour faire apparaĂźtre les injustices environnementales. Mais peut aussi justifier les dĂ©gradations environnementales gĂ©nĂ©rĂ©es par la culture pour offrir des expĂ©riences intenses aux individus, construire le vivre ensemble, etc. Donc l’autre cadrage, c’est la soutenabilitĂ©.

On ne se demande plus qui est responsable des dégradations et des changements à faire, mais ce qui peut exister demain, sous quelle forme et à quelles conditions. Responsabilité et soutenabilité, ce sont vraiment les deux mots qui structurent ma pensée.

Cela pose aussi des questions d’organisation. Comment fais-tu le lien avec les enjeux de coopĂ©ration, de dĂ©mocratie ?

Si l’on part du principe que le capitalisme est une organisation Ă©conomique, politique, sociale responsable des dĂ©gradations environnementales, on peut lui demander de se donner les moyens de diminuer sa part de responsabilitĂ©.

« Ça va, tu veux reprendre un cafĂ© ? »

Cela dĂ©bouche sur un capitalisme plus responsable, « Ă©co-responsable », ce que font toutes les entreprises aujourd’hui. Si on devait leur demander de nous garantir qu'elles peuvent ĂȘtre soutenables dans le monde tel qu’il existera demain, ça serait complĂštement une autre histoire.

De ces deux cadrages dĂ©coulent d'autres questions. Si l’on se pose la question de la soutenabilitĂ©, ça veut dire que quelque chose doit durer. Qu’est-ce que c’est ? À quoi sert ce que l'on fait ? À quoi tient-on en rĂ©alitĂ© ? Tout ce que l'on fait nous semble-t-il indispensable, ou juste une partie ? Tant que l’on ne pose pas ces questions-lĂ , penser hanger de modĂšle Ă©conomique reste un peu une rĂ©flexion dans le vide.

Lire la suite de l’interview sur Pioche!.
Consulter le (riche) programme de la journĂ©e FOCUS du Cofees, aujourd’hui Ă  Marseille.

3. À l’affiche

The Avengers. Avec sa nouvelle sĂ©rie intitulĂ©e Les EngagĂ©(e)s 2030, UshuaĂŻa TV part Ă  la rencontre de figures charismatiques ou de citoyens « ordinaires » du militantisme environnemental. Lancement ce 12/11 avec une belle soirĂ©e Ă  la GaĂźtĂ© Lyrique : diffusion en avant-premiĂšre de l’épisode consacrĂ© Ă  l’A69, suivie du spectacle Éloge de la forĂȘt, co-Ă©crit et jouĂ© par « l’écureuil » Thomas Brail (notre interview) et Patrick Scheyder.

The Matrix. Au mĂȘme moment Ă  La Maison des Canaux (Paris 19e), La Fabrique des rĂ©cits lancent une « Cartographie des rĂ©cits ». DestinĂ©e aux Ă©lus, cette carte numĂ©rique vise Ă  rĂ©pertorier les initiatives artistiques « qui font Ă©merger et accĂ©lĂšrent » les rĂ©cits de la transition dans les territoires. Sur place, RaphaĂ«l Besson (Pour une culture des transitions, oct. 2024), atelier collectif
 et apĂ©ro. Merci bien.

The Score. Nouveau festival consacrĂ© Ă  la pop culture inspirante et aux imaginaires qui nous incitent Ă  agir, Panorama (Ă  Toulon du 15 au 17/11) a Ă©tĂ© co-crĂ©Ă© avec les jeunes du territoire avec l’intention d’intĂ©grer leurs pratiques culturelles, leurs engagements et leurs aspirations. Projections, dĂ©bats, expĂ©riences immersives et masterclass au menu, avec Alain Damasio, Magali Payen et HervĂ© Kempf parmi les invité·es de renom. Bim.

Danse avec les loups. Enfin, en mĂ©tropole lyonnaise, la super asso Cosmos – Ă©cologie et culture – organise un cycle de projections, rencontres et balades-ateliers intitulĂ© « Cohabiter avec le sauvage : vivre avec les loups ». Rendez-vous les 12, 13 et 20 novembre (dans un bois) pour dĂ©couvrir d’autres maniĂšres d'ĂȘtre vivant.

4. On dirait que ça t’gĂȘne

Le clip. AprĂšs le succĂšs de son morceau PĂ©trole, le jeune artiste LĂ©mofil (relire notre interview) s’est entourĂ© des 15 musicien·nes engagé·es de l’Orchestre curieux, dĂ©jĂ  rencontré·es aux cĂŽtĂ©s de Camille Etienne, pour offrir cette version live, Ă©pique et grandiose de ce texte puissant. « Serre-moi fort dans tes bras / J'oublierai qu’le monde s’effondre / On s’ra tellement beau / Debout dans les dĂ©combres ».

Le podcast. La Fondation Daniel et Nina Carasso, solide et fidĂšle soutien de projets mĂȘlant les arts et l’alimentation aux questions Ă©cologiques, dĂ©roule la 3e saison de son podcast Les voix de l’art citoyen. À nouveau, la journaliste LĂ©a Minod (Radio France, Arte Radio) nous emmĂšne Ă  la rencontre d’artistes, associations et habitants qui rĂ©ussissent Ă  entremĂȘler arts, engagement citoyen et Ă©cologie au cƓur des territoires.

Le mĂ©dia. AprĂšs Saint-Malo, le Vercors, Belleville, Mayotte et les Ardennes, c'est au Cotentin que Pays, revue semestrielle qui s’intĂ©resse Ă  un unique territoire Ă  chaque fois, et dont nous parlons rĂ©guliĂšrement ici, consacre son 6e numĂ©ro. 168 pages avec de grands reportages et de superbes photos pour mieux comprendre ce bout de territoire bordĂ© par la Manche. Sortie en librairie aujourd’hui, et dĂ©jĂ  dispo en ligne.

Le film. Sorti hier, il nous fallait bien lui faire une petite place ici, tant le dernier film de François Ruffin et du rĂ©alisateur Gilles Perret (relire notre interview) parle bien – et juste – du boulot d’aujourd’hui. C’est l’histoire d’une odieuse princesse qui se retrouve en roadtrip parmi la plĂšbe. Mais au-delĂ , c’est surtout l’histoire de corps, de destins, de lieux, de gestes qui font le quotidien de cette France qui bosse. Ken Loach likes this.

5. Bouts de choux

Vous avez un projet ou une annonce Ă  faire paraĂźtre sur Pioche! ? Écrivez-nous Ă  [email protected].

  • La juriste et militante pour les droits de la nature Marine Calmet invite le-seul-et-unique Philippe Descola dans le prochain webinaire de son asso Wild Legal, ouvert aux pros de la sphĂšre publique, le 12/11. Inscriptions ici.

  • Les inscriptions aux prochaines Rencontres rĂ©gionales des Ă©vĂšnements responsables (RRER) organisĂ©es le 21/11 par ÉlĂ©men’Terre au Kiwi, prĂšs de Toulouse, et dont le programme est allĂ©chant, sont bientĂŽt closes.

  • L’agence France Tiers-Lieux ouvre son Appel Ă  Communs des tiers-lieux : outil numĂ©rique, guide, mĂ©thodologie, tout projet de commun qui peut ĂȘtre utile aux tiers-lieux est le bienvenu.

  • Tiers-lieu toujours, du cĂŽtĂ© de La PalanquĂ©e, Ă  SĂšte, qui ouvre au mois de novembre un cycle consacrĂ© Ă  l'Ă©nergie et Ă  la sobriĂ©tĂ©, avec spectacle, cinĂ©-dĂ©bat, table-ronde
 et la fĂȘte.

6. Village People

đŸ€“ Merci d’avoir parcouru jusqu’ici cette nouvelle Ă©dition de Pioche!. Qu’en pensez-vous ? Écrivez-nous (sans filtre) Ă  [email protected].

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