• Pioche! Magazine
  • Posts
  • 🌿 Attention, ça va vite | IA de la joie | Le bruit et l'odeur | Fuuuuuusion | Genesis....

🌿 Attention, ça va vite | IA de la joie | Le bruit et l'odeur | Fuuuuuusion | Genesis....

Culture & écologies 🌿

1. Attention, ça va vite

Culture +. Deux annonces ont Ă©tĂ© faites par notre ministre de la Culture et France 2030 dĂ©but mai : 1/ l’ouverture de l’appel Ă  projets « PĂŽles territoriaux d’Industries Culturelles et CrĂ©atives » pour renforcer (jusqu’à 4M€) 15 acteurs de la coopĂ©ration et de l’innovation culturelles dans les territoires, et 2/ le lancement de l’accĂ©lĂ©rateur « Transition environnementale des entreprises culturelles » pour « accĂ©lĂ©rer » 25 dirigeants dĂ©jĂ  « innovants » et « engagĂ©s ».

IA de la joie. Pendant ce temps, plus de 500 artistes et structures de la musique – dont Jean-Michel Jarre, Etienne Daho, Yael Naim, Pedro Winter, Vitalic, Shaka Ponk, We Love Green ou Le Printemps de Bourges â€“ signent cette tribune dans LibĂ© ce 25 mai appelant d’urgence Ă  la sauvegarde du secteur face Ă  l’IA gĂ©nĂ©rative, « une menace trĂšs concrĂšte pour les indĂ©pendants », alors que Deezer identifie quotidiennement plus de 20 000 nouveaux titres créés par des bots. On a signĂ©.

Fuuuuuusion. Le SMA a rĂ©alisĂ© la Cartographie des dix plus importants opĂ©rateurs des musiques actuelles en France. Conclusion : « les grands groupes contrĂŽlent l’entiĂšretĂ© de la chaĂźne de valeur des musiques actuelles en France : de la production d’artistes Ă  la diffusion (salles, festivals) aux mĂ©dias, en passant par la commercialisation via la billetterie, ce qui leur permet aussi de dĂ©tenir les datas clients ». Bonus : « On note que certains opĂšrent des rachats de concurrents. » Ça, c’est fait.

2. « Aujourd’hui, le racisme est devenu la norme » : pourquoi le festival Bien l’Bourgeon met les mĂ©dias Ă  l’affiche

Difficile de faire plus Ă -propos. Alors que le festival musical Bien l’Bourgeon annonce une programmation tournĂ©e vers – notamment – la guerre culturelle que mĂšne l’extrĂȘme-droite dans l’espace mĂ©diatique, l’évĂ©nement se voit retirer sa subvention par le dĂ©partement de l’IsĂšre, en raison de la prĂ©sence de l’artiste MĂ©dine Ă  la programmation.

De quoi alimenter les discussions, ce week-end, Ă  Gresse-en-Vercors, au sud de Grenoble, devant les concerts d’Acid Arab et Zoufris Maracas, comme lors des tables rondes, auxquelles nous aurons le plaisir (et la fiertĂ©) de participer. On en parle avec Fabien Givernaud, prĂ©sident de l’asso organisatrice Mix’Arts.

Cette année, vous avez choisi de mettre la question médiatique au centre des échanges qui auront lieu pendant le festival. Pourquoi ce choix ?

Fabien Givernaud : Chaque annĂ©e, on a une thĂ©matique en lien avec des questions de transition Ă©cologique et sociale. Et lĂ , les mĂ©dias prennent depuis quelque temps un tournant problĂ©matique. 81% des quotidiens nationaux vendus, et 95% des hebdos nationaux vendus appartiennent Ă  quelques milliardaires. Et nombre d'entre eux poussent une idĂ©ologie trĂšs claire : rĂ©actionnaire, d'extrĂȘme droite. (
)

Au dĂ©but des annĂ©es 2000, lorsqu’un politique disait une dinguerie raciste, ça faisait le tour des mĂ©dias. « Le bruit et l'odeur » de Chirac, on en parle encore. Aujourd’hui, c'est notre pain quotidien. Le racisme et la post-vĂ©ritĂ© sont devenus la norme. Or, ces mĂ©dias, et notamment la tĂ©lĂ©vision, ont un impact trĂšs fort sur la maniĂšre dont les gens pensent et votent. DerniĂšrement, le licenciement de Guillaume Meurice de France Inter pour une blague, ou le bad buzz mĂ©diatique de l'humoriste Merwane Benlazar parce qu'il portait une barbe et un bonnet, ça m’a choquĂ©.

Pourquoi est-ce dans le cadre d’un Ă©vĂ©nement festif et culturel comme Bien l'Bourgeon qu'il faut adresser ces questions ?

La culture est un outil d'Ă©ducation et d’émancipation trĂšs fort, elle fait rĂ©flĂ©chir. À Mix'Arts, on s’est toujours pensĂ© comme une structure d'Ă©ducation populaire. Faire juste un festival de musique, on y verrait moins de sens. On essaye de proposer d'autres choses, et de faire rĂ©flĂ©chir Ă  des sujets de sociĂ©tĂ©. D’autant que de plus en plus d'artistes travaillent en lien avec des universitaires, des scientifiques. (
) La culture doit s’emparer de ces questions-lĂ . Sinon qui va le faire, hormis une forme d’élite Ă  l’universitĂ© ?

❝

« La culture doit s’emparer de ces questions-lĂ . Sinon qui va le faire ? »

En tant qu'acteur culturel, vous sentez-vous menacé par ce contexte médiatique ?

Oui, c'est une Ă©vidence. Pendant trois ans, on a pilotĂ© l’évĂ©nement culturel, universitaire et militant Le Mois dĂ©colonial, qui abordait les questions d'antiracisme, de nĂ©ocolonialitĂ©, etc. On a clairement Ă©tĂ© boycottĂ©s, depuis la ville de Grenoble jusqu'Ă  l'État. On est mĂȘme passĂ© chez Quotidien, qui Ă©tait venu chercher le buzz. Beaucoup de mĂ©dias ne comprenaient pas pourquoi on s'emparait de ces questions-lĂ , et pensaient que cet Ă©vĂ©nement Ă©tait pilotĂ© par les FrĂšres musulmans et les grands barbus. Alors que les questions de racisme dans la culture, on n'est pas du tout exempt de ça.

De l’autre cĂŽtĂ©, les gros mĂ©dias locaux ne soutiennent pas vraiment les structures culturelles comme les nĂŽtres. Et les autres petits mĂ©dias locaux et spĂ©cialisĂ©s, ou les radios associatives, font un boulot de malade, mais sont prĂ©caires et ne sont pas soutenus.

Qu’attendez-vous des mĂ©dias locaux, d’un point de vue sociĂ©tal ou politique ?

(
) Il manquerait peut-ĂȘtre un mĂ©dia pour politiser la culture. Car consommer de la culture, c'est un acte politique. À qui tu donnes tes 40 balles pour aller voir un concert ? À une petite asso ou une multinationale ? J'ai l'impression que mĂȘme dans certains milieux militants ou politisĂ©s, on ne se rend pas compte de la façon dont fonctionnent le milieu culturel et des inĂ©galitĂ©s qui traversent notre secteur. Un mĂ©dia qui explique un peu tout ça, ça manque. (
)

Lire la suite de l’entretien sur Pioche! 
Retrouver toutes les infos et la programmation du festival Bien l'Bourgeon 8e édition, du 29 au 31 juin à Gresse-en-Vercors, sur le site du festival.

3. QLF

Coopaines. Avec 2000 co-propriĂ©taires, Coop-mĂ©dias – dont Pioche! est l’une des premiers signataires #fiertĂ© – devient un vrai poumon bonus de la presse indĂ©. Jusqu’au 11/06, les sociĂ©taires sont appelé·es Ă  Ă©lire le conseil d’administration (63 candidatures pour 11 siĂšges), alors pour prendre part au vote et participer Ă  cette dynamique collective des mĂ©dias indĂ©pendants, c’est par ici. Et pour lire la (super) newsletter zOOm qui dĂ©crypte l'actu du monde mĂ©diatique, c’est lĂ .

Pas pire. Ça s’agite fort aussi (toute proportion gardĂ©e) du cĂŽtĂ© de l’édition et de l’écologie du livre, comme en tĂ©moigne l’abondant programme de webinaires archivĂ© par la FĂ©dĂ©ration interrĂ©gionale du livre et de la lecture (FILL). On y parle coopĂ©ration, biodiversitĂ©, Ă©coconditionnalitĂ© ou Ă©vĂ©nements littĂ©raires les sujets d’édition, de crĂ©ation littĂ©raire, de lieux ou de mĂ©tiers du livre. À suivre.

Carte aux potes. Et les camarades de Vert font plaisir en publiant cette annĂ©e encore leur carte des festivals de musique Ă©colos de l’étĂ© (ci-dessus). Il y en aujourd’hui 84 – et oui, on peut toujours demander Ă  ĂȘtre ajoutĂ© – avec, par rĂ©gion, les dates, lieux et les liens utiles. Nous sommes plein.

4. C’est passĂ© chez Pioche!

En Y. Pour aller plus loin que la dĂ©carbonation, la Friche la Belle de Mai, la CitĂ© des sciences et de l’industrie de Paris, le musĂ©e de Grenoble et le Centre national d’art de rue Le Citron Jaune s’associent pour travailler sur leur « redirection Ă©cologique ». Ou comment d’abord repenser en profondeur le sens de leurs activitĂ©s. De quoi tracer un chemin vers une « nouvelle exception culturelle française » au service de l’écologie ? Baptiste Thomasset est allĂ© voir sur place.

(
) Depuis quelques annĂ©es, le secteur culturel s’est mis en branle sur l’écologie Ă  coup de bilan carbone, de rĂ©novation thermique ou de plan de mobilitĂ© durable. « Mais les enjeux sont tels qu’on ne peut pas seulement continuer Ă  faire la mĂȘme chose en polluant moins », soutient l’économiste et anthropologue Diego Landivar qui encourage son audience du jour Ă  se « poser des questions essentielles ».

Celui-ci propose un vocabulaire et des outils pour anticiper certains choix difficiles imposĂ©s par l’urgence Ă©cologique, Ă  base d’ « arbitrages » et de « renoncements ». Que veut-on conserver dans les musĂ©es ? Faut-il continuer Ă  organiser des festivals dans le Sud en Ă©tĂ© ? Maos la redirection Ă©cologique invite aussi Ă  placer au cƓur de toute dĂ©cision les besoins, les attentes et les reprĂ©sentations des personnes concernĂ©es. Soit nos « attachements » 

Lire la suite de l’article sur Pioche!.

CĂŽtĂ© coulisses, on est aussi super fier·es d’avoir rejoint le nouveau programme MĂ©dianes – un accompagnement sur 9 mois pour venir renforcer les mĂ©dias engagĂ©s – aux cĂŽtĂ©s d’ArrĂȘt sur images, Disclose, La lettre de Cancan, Les Surligneurs, MOB, Prison Insider, Quoi de mum, Soif la revue et Vertige Media. Et ça ressemble Ă  ça en vrai (avec des photos).

5. Monuments

Le photographe Sebastião Salgado est décédé le 23 mai à l'ùge de 81 ans. © Drew Forsyth 2022

L’expo. Fragile, dansante, et si mĂ©lancolique qu’on la croyait toujours au bord des larmes
 La voix de l’immense photographe brĂ©silien SebastiĂŁo Salgado s’est Ă©teinte le 23 mai dernier. Il avait 81 ans. Un timbre inoubliable, contrastant avec la force – sinon la duretĂ© – de ses clichĂ©s en noir et blanc de l’homme avec (et souvent contre) la nature, comme de la nature sans l’homme.

Hasard du calendrier, sa cĂ©lĂšbre exposition Genesis (5M de visiteurs dans le monde) Ă©tait inaugurĂ©e ce mĂȘme 23 mai au MAC de MontĂ©limar. Elle y reste jusqu’au 24 aoĂ»t.

6. À tout’

đŸ€“ Merci d’avoir parcouru jusqu’ici cette nouvelle Ă©dition de Pioche!. Qu’en pensez-vous ? Écrivez-nous (sans filtre) Ă  [email protected].

💌 On vous a transmis cette infolettre et vous voulez recevoir les prochaines ou lire les prĂ©cĂ©dentes ? C’est ici : bonne.piochemag.fr.

đŸ» Et retrouvez Pioche! sur Instagram, Threads, LinkedIn, Facebook et piochemag.fr.

đŸ‹ïžâ€â™€ïž Pour vous engager dĂšs aujourd’hui prĂšs de chez vous, piochez l’un des dĂ©fis citoyens et solidaires dans le rĂ©seau des actions bĂ©nĂ©voles de notre partenaire Diffuz