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🌿 Résiste | Massive Attack lance son syndicat | Punchlines marseillaises | Une expo musique et environnement | Le service public de Terrenoire...

Culture & écologies 🌿

1. Protest Songs

Le groupe Massive Attack en concert au Lido de Londres, le 6 juin dernier ©thomt94 / Reddit

I Am the Law. AprĂšs les plus grandes audiences jamais organisĂ©es (plus de 100 nations et groupes entendus) les 15 juges de la Cour internationale de justice – la plus haute juridiction de l’ONU â€“ ont unanimement estimĂ© que les États en « violation » des obligations climatiques pourraient se voir rĂ©clamer des rĂ©parations par les pays les plus affectĂ©s. « Une dĂ©cision majeure » pour les experts les plus reconnus sur le climat, qui ouvre la voie Ă  « des rĂ©percussions sur les tribunaux nationaux ».

RĂ©siste. Les groupes britanniques Massive Attack, Fontaines DC, Kneecap et le musicien Brian Eno ont annoncĂ© la formation d'un syndicat pour dĂ©fendre les artistes « utilisant leur statut public pour s’exprimer contre le gĂ©nocide en cours [Ă  Gaza] », aprĂšs que plusieurs d’entre eux ont Ă©tĂ© soumis Ă  des « campagnes agressives » de la part de dĂ©fenseurs pro-israĂ©liens, et « de tentatives d’intimidation dans l’industrie musicale elle-mĂȘme ».

Get Down. PrĂšs de 50% des collectivitĂ©s ont diminuĂ© leur budget culture entre 2024 et 2025, estime un baromĂštre national paru dĂ©but juillet, et ce, quel que soit leur bord politique et dans tous les domaines culturels. « Une sĂ©quence inĂ©dite » pour Vincent Guillon, codirecteur de l’Observatoire des politiques culturelles, dans un contexte de « dĂ©lĂ©gitimation politique du secteur culturel ». Le PLF 2026 prĂ©voit une baisse de 200M€ pour la mission Culture par rapport Ă  la LFI 2025 (-5,4%).

« Oh cousine, tu clean ou je t’explose ? ». À Marseille, le studio de crĂ©ation Parade a dĂ©tournĂ© des punchlines du rap phocĂ©en pour une campagne d’affichage anti-dĂ©chets aussi hip hop qu’efficace (cf. en Une). Merveilleux.

2. « L’écologie est vĂ©cue comme une injonction, un truc Ă©litiste, c’est ça le problĂšme » – Terrenoire

Au mythe de « l'artiste-star », le groupe Terrenoire rĂ©pond « travail Ă  la chaĂźne » pour le compte des majors de la musique ; aux injonctions Ă©cologiques, les deux frĂšres Herrerias – qui viennent du quartier ouvrier Terrenoire, prĂšs de Saint-Étienne – rĂ©pliquent « Ă©litisme » et « colĂšre sociale », et appellent Ă  d'abord Ă©couter les gens.

Ce que le groupe met en Ɠuvre au travers d'une tournĂ©e « ralentie », qui prend le temps de la rencontre et du partage. Entre deux happenings contre le fascisme Ă  Paris. Ils nous racontent.

Alors, cette tournée « ralentie », ça se passe comment ?

RaphaĂ«l : C’est intense, mais super. On a ouvert avec un concert dans une mĂ©diathĂšque. Ça rĂ©sume bien notre dĂ©marche : faire de la mĂ©diation culturelle autant que de la musique. On a animĂ© des ateliers d’écriture pour des jeunes de la commune, puis jouĂ© devant leurs familles dans un endroit qui n’avait jamais accueilli de concert. On veut sortir du schĂ©ma classique.

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« LĂ , on fabrique autre chose. C’est l’anti-standardisation. »

ThĂ©o : On est partis d’un ressenti personnel, presque intime : celui d’une certaine ariditĂ© dans les tournĂ©es classiques. C’est un modĂšle trĂšs standardisĂ©, presque industriel. Tu passes du van Ă  l’autoroute, de la salle au catering, puis Ă  l’hĂŽtel — et tu recommences, encore et encore. Ce schĂ©ma se rĂ©pĂšte pendant un an, un an et demi, parfois plus. Et Ă  l’arrivĂ©e, on perd une Ă©nergie folle Ă  ne presque rien vivre. Il y a une forme de vide. C’est de lĂ  qu’est nĂ©e l’envie de faire autrement.

RaphaĂ«l : LĂ , on fabrique autre chose. On change sans arrĂȘt de formes : on s’adapte Ă  des collĂ©giens, des mĂ©diathĂšques, des chorales, des seniors
 C’est trĂšs vivant. C’est l’anti-standardisation.

©Louis Canadas

Ce que vous faites a un vrai fond Ă©colo, mais ce n’est jamais nommĂ© comme tel, ni par vous, ni par les mĂ©dias. Pourquoi ?

RaphaĂ«l : Pour moi, ça en dit beaucoup sur la maniĂšre dont est perçue l’écologie en ce moment. Et sur l’absence de rĂ©flexion autour de l’écologie — notamment l’écologie de la culture, qui se rĂ©duit souvent Ă  ne parler que de dĂ©carbonation. Mais pour nous, elle ne se limite pas Ă  ça. Il s’agit d’écologie des liens, des territoires. Et lĂ , la culture devient structurante : elle touche aux politiques publiques, aux services, aux façons d’habiter un territoire.

ThĂ©o : Aujourd’hui, l’écologie — telle qu’elle existe mĂ©diatiquement, telle qu’elle est portĂ©e politiquement — c’est souvent une Ă©cologie des grandes villes, des classes moyennes et supĂ©rieures, des petits gestes. On a hĂ©ritĂ© d’une vision descendante, culpabilisante. Et ça devient un repoussoir pour plein de gens. Y compris nous, parfois.

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« Depuis le dĂ©but de la tournĂ©e, on a vu les gens inquiets, paralysĂ©s. Les services publics, pour eux, c’est central. »

RaphaĂ«l : Il y a une vraie colĂšre sociale. Une sensation d’humiliation que je comprends viscĂ©ralement. Quand tu galĂšres, que tu te sens oubliĂ©, les injonctions Ă  « changer de mode de vie » deviennent violentes. Il y a de la dĂ©fiance, de l’orgueil aussi : « Vous me demandez de changer ? Je ne le ferai pas. » C’est ça, le problĂšme : l’écologie est vĂ©cue comme une injonction, comme un truc Ă©litiste. Et du coup, il faut repenser tout ça, il faut que ça vienne du terrain, des gens qui vivent autrement, pas des bureaux de Paris. (
)

Vous dites souvent que vous ĂȘtes des enfants du service public. Pourquoi c’est aussi important d’en parler ?

ThĂ©o : Parce qu’on vit avec des croyances fausses. On imagine que les artistes sont touchĂ©s par la grĂące, par une inspiration magique. Mais non. Ce sont des toiles de compĂ©tences, de transmissions, de personnes sur le terrain, qui lĂšguent un savoir-faire.

J’ai appris la musique dans une Ă©cole municipale oĂč l’inscription coĂ»tait 60 balles. RaphaĂ«l a commencĂ© le piano dans un centre social, la guitare avec un oncle prof de musique Ă  Feurs
 C’est un tissu. Une chance d’avoir croisĂ© ces gens-lĂ .

RaphaĂ«l : C’est grĂące Ă  ces structures qu’on a pu faire ce qu’on fait aujourd’hui. On ne peut pas faire sans services publics. Ils sont au cƓur de tout.

Depuis le dĂ©but de la tournĂ©e, on a vu que les gens sont inquiets, paralysĂ©s. Ce qui revient constamment, c’est l’importance des services publics. Pour eux, c’est central. Ils parlent de l’hĂŽpital, de l’école, de l’alimentation
 Autrement dit : comment je me soigne, comment j’éduque mes enfants, comment je mange. Ce sont des prĂ©occupations simples, mais essentielles, concrĂštes, immĂ©diates.

Et je pense que la culture doit entourer ces sujets-lĂ . Être prĂ©sente dans la vie des gens, chercher des choses concrĂštes Ă  faire. Nous, avec cette tournĂ©e, on essaye de trouver ce concret. D’ĂȘtre lĂ , d’activer, et de poser la question. (
)

Dans vos prises de parole, vous n’hĂ©sitez pas Ă  parler de fascisme. C’est rare dans le monde artistique.

ThĂ©o : Je pense qu’on vit une pĂ©riode marquĂ©e par un tournant historique. Un vĂ©ritable tournant existentiel. C’est une pĂ©riode oĂč l’histoire semble nous regarder. Ce n’est peut-ĂȘtre pas facile Ă  exprimer, mais on sent une accĂ©lĂ©ration du temps, un « froid » dans l’air.

La fenĂȘtre d’Overton s’ouvre : des idĂ©es d’extrĂȘme droite, autrefois impensables ou marginales, entrent aujourd’hui dans le champ du dĂ©bat public, sans rĂ©sistance, parfois mĂȘme avec enthousiasme. Et pendant que ces discours se normalisent, un ancien monde s’efface — celui des digues fragiles, des principes dĂ©mocratiques, d’une certaine idĂ©e de faire sociĂ©tĂ©.

©Louis Canadas

C’est pour ça que la culture est essentielle. Parce que ce qui se joue, c’est une guerre ouverte sur le langage, sur les rĂ©cits, sur les imaginaires. Et les fascistes, on le sait, ont toujours Ă©tĂ© d’excellents metteurs en scĂšne. (
)

Lire la suite de l’entretien sur Pioche! 
Écouter ou acheter le 2e album protĂ©gé·e du groupe Terrenoire, et retrouver les dates de leur tournĂ©e protĂ©gé·e. Pour suivre leurs rencontres autour des concerts, c'est sur Instagram.

3. Le plus beau cabaret du monde

MC Danse pour le Climat, activiste, DJ et maillot jaune au Cabaret Vert 2025 ©Rachel Dano

J-20. Dans quelques jours, toute l’équipe rejoindra les Ardennes pour le Cabaret Vert (14-17 aoĂ»t), Ă  Charleville-MĂ©ziĂšres. Et pas seulement pour voir Zaho de Sagazan, Will Smith ou Julien DorĂ©. Le 14 Ă  17h, on sera Ă  l’espace des confs pour animer une rencontre avec Vincent Verzat (Partagez c’est sympa) et Caroline Oury (Nature & Avenir) autour du film documentaire Le Vivant qui se dĂ©fend.

Le lendemain 15 aoĂ»t, rendez-vous au mĂȘme endroit pour une table ronde avec les « artivistes » MC Danse pour le Climat, Terrenoire et les autrices engagĂ©es Blandine Rinkel et Iris-Amata Dion autour de l’engagement – Ă©cologique, mais pas que – des artistes. ModĂ©ration par le seul-et-unique : Samuel ChabrĂ©.

Cargo Parade. Le 16 aoĂ»t Ă  16h, Pioche! se lancera avec Diffuz, le rĂ©seau des actions bĂ©nĂ©voles de la Macif, pour une grande parade Ă  vĂ©lo festive depuis le centre-ville jusqu’aux portes du festival, afin d’appeler – fiĂšrement et joyeusement – Ă  faire davantage de place aux transports doux. 

Notre maillot jaune de l’étape : l’artiviste MC Danse pour le Climat aux platines, juchĂ©e sur un soundsystem Pikip Solar System aux couleurs de Ma Ville Ă  VĂ©lo 08, l’asso des mobilitĂ©s actives Ă  l’échelle locale.

Big bonus pour les campeurs : un DJ set le 16 au matin (pas trop tÎt promis) pour réveiller en fanfare le camping avec les équipes de Ma Ville à Vélo et Diffuz, le sound-system Pikip et MC Danse pour le Climat à la choré. Get ready.

4. C’est passĂ© chez Pioche!

Bulletin de dĂ©claration du morceau « Écologie : Sauvons la PlanĂšte ! » du groupe Assassin (1994) ©Archives Sacem

Chants de la nature. Saviez-vous que le tube de l'été 1983 « Vamos a la Playa » de Righeira était une chanson antinucléaire ? Qu'un air de Michel Polnareff est aujourd'hui un hymne révolutionnaire en Corée du Sud ? Que les enfants de Chantal Goya étaient de dangereux écoterroristes ?

À l’invitation de la Sacem, et avec les journalistes SmaĂ«l Bouaici, François Mauger et Baptiste Thomasset, Pioche! s'est plongĂ© dans les archives de la Sacem pour retrouver les textes, dĂ©clarations et partitions de dizaines de musicien·nes qui ont tĂ©moignĂ© Ă  leur maniĂšre des bouleversements Ă©cologiques.

Le rĂ©sultat est l’exposition digitale « Musique et environnement », disponible gratuitement sur le musĂ©e virtuel de la Sacem, qui revient en 10 chapitres – Muse Nature, Contemplations, PlanĂšte en danger, Marchons pour le climat, Les champs en chansons, ou Le monde Ă  hauteur d'enfants – sur ces multiples univers de voix et de sons, signĂ©s de musicien·nes au talent aussi grand que leur amour pour notre planĂšte.

De Maurice Ravel à Keny Arkana, en passant par Jean Ferrat, Françoise Hardy, Assassin, Camille, Orelsan, Zaho de Sagazan ou Kamini (forcément), la musique accompagne la contemplation, les travaux des champs, les prises de conscience et les luttes qui jalonnent l'histoire de l'écologie.

Parce que non, on ne chante plus la nature aujourd’hui comme il y a 50, 100 ou 150 ans. Au fil des temps, les airs et les textes de nos chansons ont illustrĂ© les Ă©volutions de la relation que nous entretenons avec notre environnement, exprimant toujours plus fort leurs appels au sursaut.

Alors pour nourrir vos playlists de l'Ă©tĂ©, c’est par ici. Et la version physique de l’expo fait la tournĂ©e des festivals cet Ă©tĂ© (contacter votre Sacem locale – ou Pioche! – pour plus d’infos).

5. Billboard

  • AprĂšs Cooprog pour les musiques actuelles, voici Ecotour Spectacle, une plateforme pour aider les compagnies de thĂątre ou de cirque Ă  trouver des lieux de diffusion situĂ©s gĂ©ographiquement entre deux dates. Malin.

  • Dans ce premier podcast de l’AffĂ»t, Philippe Sanchez, du rĂ©seau national ⁠Culture.Co⁠., pose la question des rĂ©alitĂ©s et difficultĂ©s du service public de la culture, et des possibles pour le rĂ©inventer.

  • MĂȘme ordre d’idĂ©e avec ce webinaire de l’agence AURA-Spectacle vivant, prĂ©vu le 30 septembre, et intitulĂ© « CollectivitĂ©s, comment accompagner la transition Ă©cologique des acteurs culturels ? ». Inscriptions juste ici.

  • Dans son 3e numĂ©ro, l’apĂ©riodique de l’association pour l’Écologie du livre Papier DĂ©chaĂźnĂ© parachĂšve son triptyque des Ă©cologies : matĂ©rielle, sociale et donc ici symbolique. Version papier attendue en septembre.

  • L’ÉcothĂšque, la plateforme de l’écoconception et de l’économie circulaire pour la culture de l’Augures Lab ScĂ©nogrrrraphie et le Fab Lab Villette Makerz est dĂ©sormais en libre accĂšs.

  • Face aux canicules, le Cofees lance une Ă©tude de cas sur trois festivals – le Festival d’Avignon, le Festival d’Aix-en-Provence et les Rencontres de la photographie d’Arles – qui donnera lieu des prĂ©cos et un guide mĂ©thodologique.

  • De son cĂŽtĂ©, Arviva a publiĂ© la note « S'adapter maintenant pour ne pas subir demain » qui prĂ©sente les premiers rĂ©sultats de l’enquĂȘte menĂ©e dĂ©but 2025 sur la perception des risques climatiques par les pros du spectacle.

6. Partager, c’est sympa

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