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Culture & écologies 🌿

Bonjour Ă  toutes et tous, et bienvenue si vous rejoignez Pioche!

Trois mois nous sĂ©parent du dernier envoi (« trois mois ?! ») soit la durĂ©e souhaitable – tout du moins fort apprĂ©ciĂ©e – pour prendre un congĂ© paternitĂ© digne de ce nom.

Trois mois, aussi, à enchainer changements de couches et préparation du 2030 Festival, dont la 2e édition co-organisée par Pioche! eut lieu à Montpellier du 5 au 22 septembre (lire plus bas).

Inutile de dire que vous nous avez manqué. On espÚre que la réciproque est vraie.

Bonne lecture,
Et bonne Pioche!

Jean-Paul Deniaud

1. Au boulot

Image tirée du prochain film de SylvÚre Petit, « La Baleine » (lire ci-dessous) ©SylvÚre Petit

Alors ces vacances ? De retour au ministĂšre de la Culture, Rachida Dati a retrouvĂ© ses dossiers fav’ : fusion de l’audiovisuel public, rĂ©forme du Pass culture
 et son « Plan culture et ruralitĂ© ». Issu d’une large consultation au printemps, il Ă©tait annoncĂ© dĂ©but juillet et dĂ©clinĂ© en 4 axes : 1/ valorisation des musĂ©es ruraux, troupes amateures
 ; 2/ soutiens aux radios, librairies, festivals, etc. Ă  impact local ; 3/ mobilitĂ© des Ɠuvres et artistes ; 4/ chefferies de projet ultra-locales. Bonne reprise.

Hard tech’. Entre temps, le Centre national de la musique (CNM) a sorti deux travaux d’ampleur. A) les rĂ©sultats de son diagnostic pour « rĂ©duire l’empreinte carbone » (REC) de la musique enregistrĂ©e made in France, de sa production Ă  son Ă©coute. Conclusion : un impact Ă©gal Ă  + d’un million d’AR Paris-New York en 2022 (et x3 attendu d’ici Ă  2030), dont 51% dĂ» aux terminaux (tĂ©lĂ©phones, ordis, etc.), 22% Ă  la distrib’ digitale (plateformes et serveurs), et 23% d’électricitĂ© pour l’écoute (nous). Pas simple.

BPM. Et B) ses quatre « scĂ©narios prospectifs pour orienter la transition (SPOT) » de la filiĂšre musicale pour zĂ©ro carbone de l’économie française Ă  horizon 2050. Leurs noms parlent d’eux-mĂȘmes : 1/ « À bicyclette » (Yves Montant) = frugalitĂ© et guitares sĂšches ; 2/ « Come Together » (The Beatles) = coopĂ©ration, sobriĂ©tĂ©, efficacitĂ© ; 3/ « Computer Love » (Kraftwerk) = vive les technologies « vertes » ; et 4/ « Harder Better Faster Stronger » (Daft Punk) = perdus pour perdus. Une question de rythme.

Et aussi, aprĂšs Gojira, Fakear ou Shaka Ponk, Indochine sera la tĂȘte d’affiche du prochain Ocean Fest d’Hugo ClĂ©ment et Worakls, Ă  Nice le 16/11, aux cĂŽtĂ©s de Worakls Orchestra, Vernis Rouge, Umbree et Magmay. Les bĂ©nĂ©fices iront aux assos Sea Shepherd France, NaturDrive, Paddle Cleaners et OneVoice.

2. « Faire alliance avec d’autres espĂšces pour mieux donner Ă  voir le vivant » – SylvĂšre Petit

Une enfance passĂ©e Ă  observer les animaux, et voilĂ  que SylvĂšre Petit les invite au cinĂ©ma. Mais loin des standards du cinĂ©ma animalier, tant ses films donnent Ă  voir d’authentiques rencontres entre humains et autres vivants, proposant une nouvelle approche « inter-espĂšces » du septiĂšme art.

À l’occasion du festival de cinĂ©ma AtmosphĂšres dĂ©diĂ© Ă  l’écologie, qui se tiendra du 9 au 13 octobre 2024 Ă  Courbevoie (Hauts-de-Seine), Baptiste Thomasset a voulu en savoir plus sur ce rĂ©alisateur mi-poĂšte mi-Ă©thologue, et sa maniĂšre inĂ©dite de faire du cinĂ©ma. Rencontre avec ce cinĂ©aste passionnĂ© du vivant.

Dans tes films, tu invites les spectateur·ices Ă  regarder le monde Ă  hauteur d’abeille, de taureau, de corneille ou de chien. Qu’est-ce qui t’a amenĂ© Ă  t’intĂ©resser, camĂ©ra au poing, aux relations entre humains et autres vivants ?

SylvĂšre Petit : Ce qui me dĂ©rangeait dans les films du vendredi soir, c’est que ça restait du cinĂ©ma d’humains, entre nous, entre primates sociaux. On adore se regarder au cinĂ©ma et on se prive de la complexitĂ© du monde. J’essaye avec mes films de faire des alliances avec d’autres espĂšces pour proposer de nouvelles histoires.

Pour filmer la jument Stipa dans Vivant parmi les vivants, j’ai passĂ© plusieurs semaines sur le Causse MĂ©jean Ă  observer, Ă  rentrer dans un monde de vieille jument – et ce mĂȘme aprĂšs sa mort – pour essayer de lire des comportements, une personnalitĂ©, une organisation sociale. Et tenter de traduire une Ă©motion Ă©quine plutĂŽt qu’un discours scientifique avec la camĂ©ra.

« Pour filmer Stipa, je suis entré plusieurs semaines dans un monde de vieille jument. » ©SylvÚre Petit

Ce n’est pas Ă©vident, mais ça ouvre Ă  des formes trĂšs crĂ©atives, ça dĂ©centre notre regard. Et surtout, ça Ă©vite de ramener continuellement le centre de gravitĂ© vers notre nombril.

Dans ses livres, la philosophe Vinciane Despret nous invite Ă  « faire preuve d’imagination pour nouer d’autres relations au vivant ». C’est ce que tu essayes de faire avec ton cinĂ©ma ?

Quand j’ai dĂ©couvert la pensĂ©e de Vinciane Despret, avec son livre Quand le loup habitera avec l’agneau, j’ai eu la sensation libĂ©ratrice de rencontrer une amie. J’étais heureux de savoir qu’il y avait quelque part une penseuse qui invitait les autres vivants en philosophie. J’ai eu le mĂȘme enthousiasme avec Baptiste Morizot qui complĂ©tait le geste en quittant lui-mĂȘme les amphithĂ©Ăątres pour s’inviter sur le terrain parmi les autres vivants. Je les attendais depuis longtemps !

Vinciane et Baptiste nous expliquent que l’enjeu autour du vivant, ce n’est pas une affaire d’écolos qui aiment les fleurs et les animaux. C’est une question de reprĂ©sentation au monde et d’habitabilitĂ© de la Terre. Il est impĂ©ratif de transformer nos relations au monde vivant, et Ă  partir de lĂ , d’inventer des formes d’organisation politique qui intĂšgre l’ensemble des formes de vie.

La jument Stipa, héroïne du documentaire « Vivant parmi les vivants » (2023) ©SylvÚre Petit

En tant que rĂ©alisateur, ces enquĂȘtes philosophiques autour du vivant m’accompagnent beaucoup. Mon travail, c’est de fabriquer des histoires avec des images, et cela influe sur les inconscients, les hĂ©ritages culturels et les imaginaires collectifs. Il y a lĂ  une lourde responsabilitĂ© indirecte. C’est pour ça que j’essaye de faire des films inter-espĂšces, d’imaginer des rĂ©cits dans lesquels on vit tous ensemble. Je veux inviter les vautours, le plancton, les abeilles ou les chevaux de Przewalski dans nos imaginaires.

Cette transformation des imaginaires ne se retrouve pas dans le cinĂ©ma animalier classique ? 

Le cinĂ©ma animalier est trĂšs codĂ© et hĂ©rite pleinement de notre tradition dualiste homme/animaux, nature/sociĂ©tĂ©. SchĂ©matiquement, il est divisĂ© en plusieurs courants portant chacun des imaginaires simplistes du vivant. Il y a d’abord le film scientifique qui vĂ©hicule une vision naturaliste : la nature est quelque chose d’extĂ©rieur Ă  nous que l’on Ă©tudie. Je dis souvent que c’est un cinĂ©ma qui nous apporte de la connaissance mais qui nous fait rarement faire connaissance. (
)

Lire la suite de l’entretien sur Pioche!.
Programmation, sĂ©ances et rĂ©servations pour le festival de cinĂ©ma AtmosphĂšres, du 9 au 13/10 Ă  Courbevoie (92), sur le site de l’évĂ©nement.

3. Grosse rentrée

Lire pour le vivant. Il existe en Savoie un festival d’auteur·es qui « outillent et prĂ©parent les gĂ©nĂ©rations actuelles et futures Ă  la nĂ©cessaire transition sociĂ©tale ». Mieux, cela fait 23 ans que ça dure. Livres en Marche, c’est ce week-end prĂšs de ChambĂ©ry, et Ă  nouveau les invité·es (et sujets) sont de haute volĂ©e : Pablo Servigne, CharlĂšne Descollonges, Pierre Haski, Olivier Poivre d’Arvor, Heidi Sevestre, AurĂ©lien Barrau


Fiesta perfecta. Plus au Sud, le festival Utopia revient Ă  la Friche la Belle de Mai marseillaise pour affirmer ce que peut ĂȘtre une bonne (grosse) fĂȘte engagĂ©e autant sur les questions Ă©cologiques et sociĂ©tales qu’à l’avant-garde des musiques Ă©lectroniques de danse. Samedi, Pioche! a le plaisir d’y organiser sa « fĂȘte parfaiteÂź », soit une table ronde, suivie d’un DJ set de Fakear sur sound-system Pikip Solar Speakers. Be there.

Ça converge. Parisien·nes ce week-end ? Consolez-vous au Consulat Voltaire oĂč les assos Action Justice Climat et Les Amis de la Terre organisent samedi l’évĂ©nement Vierage (pas de faute ici). Sous-titrĂ© « rencontre pour une Ă©cologie populaire », six confĂ©rences dĂ©veloppent dĂšs 14h les questions d’écologie et de luttes locales pour « agir tout en luttant contre l’exclusion sociale, le racisme et le nĂ©ocolonialisme ». Ensuite, la fĂȘte.

Et toujours Ă  Paris, l’ultime date de l’éco-festival itinĂ©rant Kiosquorama – qui redonne vie aux kiosques en Europe – c’est ce samedi au Clos des Blancs Manteaux (Paris 4e) avec les concerts gratuits de CrĂ©ation Doux Mots Dits, Louise Combier et Jann Beaudry, et le village Ă©co-citoyen d'initiatives locales pour sensibiliser une conso plus durable en ville. Poussettes bienvenues.

4. C’est passĂ© chez Pioche!

Utopies 2030. Encore aujourd’hui, ce qu’il s’est passĂ© Ă  Montpellier durant ce mois de septembre nous laisse l’Ɠil humide et le cƓur chaud. Chez Pioche!, avec la petite Ă©quipe derriĂšre le 2030 Festival, nous faisions le vƓu de proposer un Ă©vĂ©nement choral oĂč de multiples acteurs engagĂ©s de la citĂ© – associations, lieux culturels ou associatifs, artistes et universitaires – donneraient le meilleur d’eux-mĂȘmes au mĂȘme moment. Avant de tous se retrouver pour un grand concert final.

Ce fut un sacrĂ© travail de coordination (bsartek Pierre Ă  nouveau), mais le rĂ©sultat est lĂ  : mission accomplie avec, du 5 au 22 septembre, 38 Ă©vĂ©nements – confĂ©rences, ateliers, projections, thĂ©Ăątre, balades philosophiques au jardin, lectures, cleanup, concerts
 – co-portĂ©s par les habitant·es en vue de transformer collectivement la MĂ©tropole. Le tout sous le haut patronage du premier des MontpelliĂ©rains Edgar Morin, parrain magistral de cette Ă©dition.

2030 en 2025. L’heure du bilan est encore devant nous mais une chose est sĂ»re, la suite s’écrira Ă  grands coups de coopĂ©ration, d’actions citoyennes et d’artistes en ville. On en parlera bien sĂ»r ici. Vivement !

Entre temps, Pioche! co-programmait les confĂ©rences de la scĂšne IDĂ©al du festival Cabaret Vert (Charleville-MĂ©ziĂšres du 15 au 18/08), et y invitait, pour parler de rap ou d’éco-fĂ©minisme, d’alimentation, d’information ou de dĂ©mocratie les artistes MolĂ©cule et Pumpkin, les activistes Thomas Brail et LĂ©na Lazare, mais encore David Irle, MatĂ©o Bales, Samah Karaki ou Achraf Manar. C’était bien.

5. Boom selecta

Le livre. Pour le chercheur RaphaĂ«l Besson, qui signe Pour une culture des transitions, la question n’est plus de savoir si la culture doit ĂȘtre un levier de la transition Ă©cologique, mais comment. Celle-ci doit s’appuyer sur les formes de faire issues de la transition – coopĂ©ration, facilitation, hybridation – pour nourrir des approches culturelles « vivantes », alors vĂ©ritables leviers d’une « politique culturelle des transitions territoriales ». Fiche de lecture sur l’Observatoire des tiers-lieux.

La conf’. Retour d’étĂ© oblige, on se branche sur les chaĂźnes YouTube des Ă©vĂ©nements Ă  la programmation de rencontres et confĂ©rences stimulantes. C’est bien sĂ»r le cas de la toujours exigeante Manufacture des idĂ©es (21-25/08), ainsi que des 20 ans des Ă©ditions de l’Attribut (26-18/06), pour explorer les ancrages entre culture et Ă©cologies. Pour les plus aguerri·es, cette sĂ©rie du « l’architecture en transition » par la Maison Architecture Occitanie. Have fun.

Le mĂ©dia. On salue ici les ami·es de Fracas – et leur rĂ©daction d’ex-Socialter, (re)lire notre interview ici – dont le premier numĂ©ro papier vient d’arriver dans notre boites aux lettres. Au menu, de l’écologie radicale comme on aime sous toutes ses formes – enquĂȘtes, analyses, portraits, interviews, BD – avec en bonus une carte des pensĂ©es de l’écologie Ă  punaiser au mur, du meilleur effet pour accueillir vos invité·es. Bravo.

La vidĂ©o. Quand l’asso – que l’on aime beaucoup – Music Declares Emergency, sollicite sa communautĂ© de musiciens engagĂ©s pour rĂ©aliser un clip et sensibiliser largement Ă  la cause climatique par la chanson, sur le papier on aime. Dans les faits, pas sĂ»r que le morceau connaisse la mĂȘme postĂ©ritĂ© que le cĂ©lĂšbre « We Are The World » mais l’effort est louable et, en vrai, on a sifflotĂ© « I Wanna Be Cool » sous la douche.

6. Liens Ă  battre

Vous avez un projet ou une annonce Ă  faire paraĂźtre sur Pioche! ? Écrivez-nous Ă  [email protected].

  • Lecteur·ices fidĂšles de Pioche!, vous connaissez notre attachement au festival La P’Art Belle, qui a lieu l’étĂ© Ă  Sarzeau (lire ici, ici et lĂ ). L’aventure est malheureusement en pĂ©ril et le festival sollicite tout soutien pour se maintenir Ă  flot. C’est ici pour apporter son aide.

  • Edwy Plenel, AriĂ© Alimi, Lumir Lapray, KĂ©vin Vacher, RaphaĂ«l Llorca, Erwan Lecoeur... PrĂšs de 30 personnalitĂ©s interviennent dans cette sĂ©rie de masterclasses 100% gratuites Â« pour mieux comprendre et dĂ©fendre la dĂ©mocratie ».

  • Quel rĂŽle peuvent jouer les collectivitĂ©s territoriales et leurs politiques culturelles face Ă  l’urgence Ă©cologique ? Ce cycle de webinaires proposĂ© par Culture‱Co et la Fabrique des Transitions aborde la question en longueur.

  • « Architecture bio-sourcĂ©e et art populaire », tel est le thĂšme en couverture du 15e numĂ©ro du Low-Tech Journal, publiĂ© par le mouvement du mĂȘme nom. À dĂ©couvrir.

  • Besoin d’aide pour mesurer la mobilitĂ© se vos publics ? Une fiche pratique vient a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e cet Ă©tĂ© par une vingtaine de structures lors d’un atelier menĂ© par Elemen’Terre. Document Ă  retrouver ici.

7. Confipotes

đŸ€“ Merci d’avoir parcouru jusqu’ici cette nouvelle Ă©dition de Pioche!. Qu’en pensez-vous ? Écrivez-nous (sans filtre) Ă  [email protected].

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