🌿 Braveheart | 120 jours dans le désert | Autopsie d’un carnage | Plurivers | Folie Douce...

Bonjour à toutes et tous, et bienvenue si vous rejoignez Pioche!

Après bientôt 3 ans de newsletters (ir)régulières, il fallait que ça arrive. L’équipe qui fabrique Pioche! au quotidien a (enfin) pris le contrôle de cette missive.

Avec leur aide grandissante au fil des numéros, cette officialisation n’en est que plus naturelle. Vous trouverez donc ci-dessous une infolettre collective, où résonnent d’autres manières de penser les liens entre « culture » et « écologie ».

À l’image de ce que propose le média Pioche! en ligne par ailleurs, sur le site, Instagram et LinkedIn. En écho, surtout, à cette époque où l’écologie se construit sous nos yeux, plurielle, avec celles et ceux qui la font et la racontent.

Bonne lecture,
Et bonne Pioche!

Jean-Paul Deniaud, avec Samuel Chabré, Lucille Fontaine, Juliette Roques et Baptiste Thomasset

1. Souviens-toi

Braveheart. 25 mars 2023, un petit village des Deux-Sèvres accueille plusieurs dizaines de milliers de manifestants contre un projet de « méga-bassines ». La réponse de l’État est par d’aucuns jugée aveugle, violente, disproportionnée. Un an après, articles, expositions et films (cf. plus bas) retracent cette journée ; et ce tournant pour la mobilisation écologique.

Yec'hed mat. Débouchera-t-on bientôt des grands crus bretons ou danois ? C’est ce que pointent plusieurs chercheurs français dans une étude publiée hier dans la revue Nature review Earth and Environment, montrant que 90% des régions viticoles d’Europe et de Californie « risquent de perdre leur aptitude à produire du vin de qualité (…) d’ici la fin du siècle » à +2°C.

PAC à l’eau. Pendant ce temps à Bruxelles, et en réponse à la colère agricole, les États de l’UE ont soutenu hier la proposition de la Commission de simplifier la mise en œuvre de la PAC réduisant l’obligation d’avoir 4 % des terres en jachère et en surfaces non productives (type haies), ou celle de la rotation des cultures qui aide les sols à se régénérer, « les Etats membres pourront utiliser la diversification des cultures comme alternative » à la jachère.

2. Comment survivre 120 jours dans le désert en mode low-tech ?

Un four solaire pour cuisiner, des dessalinisateurs pour l’eau, un élevage de grillons et de la spiruline pour se nourrir... Pendant quatre mois, l’éco-designeuse Caroline Pultz et l’ingénieur Corentin de Chatelperron ont installé au milieu du désert mexicain leur « biosphère » : un lieu de vie pensé comme un écosystème et organisé autour de technologies sobres, les low-tech.

Une « autre manière d’habiter la terre », sans produire de déchets, en divisant les besoins en eau et en électricité par dix, et en cultivant l’interdépendance et la sensibilité avec leur environnement naturel ; le tout devant être « beau et agréable », pour élaborer l’idée d’un futur « qui nous plaît vraiment » dans un contexte de dérèglement climatique.

L’aventure est racontée dans un beau documentaire, L’expérience biosphère, réalisé par Laurent Sardi et disponible sur le site d’Arte. La préparation du projet et le choix des technologies sont également racontés dans cette mini-série en 5 épisodes.

Qu’est-ce que vous retenez de cette aventure si particulière dans le désert ?

Caroline : Ce qui nous a marqués, c’est à quel point cette expérience a changé notre rapport à notre environnement. La contrainte des low-tech, associée au fait que l’on n'était que deux, nous a fait développer une attention particulière aux espèces vivantes autour de nous.

On a pu prendre le temps d’étudier ce qui nous entourait et de nous rendre compte à quel point le désert est gorgé de vie. Au-delà des crotales et des scorpions, on a vu des blaireaux, des renards, des coyotes, des hiboux, des abeilles... Les ragots qu’on se racontait le midi étaient sur les ratons-laveurs qui nous entouraient.

C’est vraiment le pouvoir des dispositifs low-tech, nous rapprocher du vivant au quotidien et changer notre vision des choses. Ça nous a pas mal interrogés sur la manière dont sont prises les décisions politiques, toujours dans des espaces dénués de vie, sans attention aux ressources…

Dans le documentaire, vous expliquez votre volonté de vous « construire une vision du futur qui (v)ous plaise vraiment ». Qu’est-ce que ça veut dire ?

Corentin : L’expérience est née de l'envie d’inventer d’autres manières de vivre. On a quand même l’impression qu’on s’est trompé de futur jusqu'ici, avec des promesses high-tech qui inspirent beaucoup de personnes mais qui ne répondent pas aux enjeux écologiques.

Le fait de dépendre de notre écosystème, de toutes les autres espèces vivantes, ça nous a transformés, on a aimé cette manière de vivre et ça nous a donné un chemin vers lequel aller. On a vraiment ce besoin de se recréer un imaginaire d’un futur qui nous plaît vraiment et qui prend en compte les limites planétaires.

Vous aviez expérimenté le tour du monde low-tech, il y a maintenant cette aventure dans le désert. Comment reliez-vous la figure de l’aventurier·e à votre travail sur les low-tech ?

Corentin : J’ai toujours eu cette appétence pour l’aventure, j’aime sortir de ma zone de confort, essayer de nouvelles choses... Mais je pense que cette volonté d’exploration doit toujours répondre à des enjeux de son époque.

À une période, c’était partir vers de nouveaux territoires et de nouvelles ressources, mais aujourd’hui, ce n’est plus du tout d’actualité. Les seuls qui restent dans cet état d’esprit, ce sont les Elon Musk, les milliardaires qui veulent explorer l’espace. Sauf qu’aujourd’hui, le vrai enjeu c’est de savoir comment on va vivre demain, c’est ça la vraie aventure. (…)

3. En pleine décroissance

cultureS. Le théâtre Chaillot (Paris 16e) s’intéresse cette saison à la multiplicité des mémoires et des imaginaires. Ce 2/04, en partenariat avec l’excellente revue La Déferlante, on s’y demandera par exemple « comment la culture queer, le féminisme et la pensée décoloniale nourrissent la création chorégraphique ». Pointu. Et des plus actuels.

Live at first sight. On connaît – et on aime – le concept du Live Magazine : un journal vivant construit par des auteur·ices et journalistes qui partagent sur scène « en mots, en sons, en images » leur(s) histoire(s) enquêtée(s). Le 5 avril à 19h, une soirée unique sur le thème de la transition écologique aura lieu au Carré des Docks, au Havre. Be there.

Crrrréation. Entre temps, l’Augures Lab Scénogrrrraphie et Villette Makerz lanceront une plateforme dédiée à l’éco-scénographie pour « accentuer le développement de pratiques scénographiques responsables ». L’Écothèque, de son petit nom, sera inaugurée le 29/03 à 14h à l’Hôtel de Ville de Paris.

4. Soyez sympas, rembobinez

Pendant ce temps sur Pioche!, on déniche les initiatives, les œuvres et les visages qui dessinent ce qui fait culture dans l’écologie. Sélection aux petits oignons, signée Lucille Fontaine, Samuel Chabré et Baptiste Thomasset.

15/03. Rencontre avec l’artiviste Hélène Martinelli, alias Koclico, chanteuse sur les chars de manifs, alias Juliette sur le compte Instagram parodique GNews 19/03. Zoom sur les 6 livres en lice pour le Prix du roman d’écologie 2024. 20/03. Entretien avec Françoise Vergès : décoloniser les musées pour réinventer la société 26/03. Synthèse de l’étude de Festivals en mouvement sur les mobilités douces en festival.

5. Décolonies

Le livre. Aujourd'hui paraît aux éditions JC Lattès Rue du passage, le nouveau livre de Fatima Ouassak que l’on découvre romancière. Un récit peuplé de figures de la la classe ouvrière immigrée : une doseuse d’épices, un passeur de cassettes, une mystérieuse « caftanière »… Toute une communauté que l’autrice restitue à travers le regard d’un enfant-pirate.

Le podcast. Dans le dernier épisode de son nouveau podcast Folie Douce, Lauren Bastide reçoit Cyril Dion. Peut-on « se réparer en réparant le monde » ? C’est le thème de cet épisode bouleversant qui explique comment les traumatismes que l’artiste a subi enfant se retrouvent dans sa quête d’un monde plus juste.

Le film. Sainte-Soline, autopsie d’un carnage. Le titre édifiant du docu réalisé par les médias Off Investigation et Reporterre en dit long sur ces 1h30 qui font revivre, en images, la violence de la répression par la police envers une manifestation contre un projet de mégabassine dans les Deux-Sèvres, le 25 mars 2023 – il y a un an pile – et qui a blessé 200 personnes.

Le média. La nouvelle revue Plurivers, lancée par l’Observatoire Terre-Monde de l’éloquent Malcom Ferdinand, se propose d’arpenter les sillons de l’écologie décoloniale – en français, espagnol, anglais et créole réunionnais – avec cet espace dédié à « la multiplicité des façons d’être et de faire monde », à contre-courant des pensées universalistes eurocentrées. Exigeant et rafraichissant.

6. Full support

Vous avez un projet ou une annonce à faire paraître sur Pioche! ? Écrivez-nous à [email protected].

• Les ami·es de L’Âge de Faire ont mis à jour leur Carte de la presse pas pareille des médias alternatifs et indépendants. Quelques titres disparus, mais plusieurs nouveaux venus à découvrir dans cette mine d’infos locales ou nationales, mais surtout différentes.

• Culture•Co et La Fabrique des transitions organisent une série de webinaires autour de la transition écologique et de la culture. Pour le premier, ça se passe le 02/04 de 14 à 16h.

• Chercheur·euses, voici un appel à communications pour un colloque autour de la transition écologique dans les arts et la culture qui aura lieu en novembre. Propositions de réponses attendues pour le 17/05.

7. Rideau

🤓 Merci d’avoir parcouru jusqu’ici cette nouvelle édition de Pioche!. Qu’en pensez-vous ? Écrivez-nous (sans filtre) à [email protected].

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