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Culture & eÌcologies đż

1. Pro Belém
OyĂ© oyĂ©. Ă la COP30, nous sommes. Quoi, Pioche! en voilier avec Camille Etienne ? On aurait aimĂ©. Mais tout de mĂȘme aux cĂŽtĂ©s de quelque 600+ organisations culturelles et 2000+ artistes de 100+ pays, ayant tous·tes rĂ©pondu Ă lâappel We Make Tomorrow. Le mot dâordre : que la culture â et avec elle le pouvoir transformateur des arts, de la crĂ©ativitĂ©, de la mĂ©moire et des pratiques culturelles â rejoigne le cĆur de l'action climatique. BelĂ©m, nous voilĂ .
C dans lâair. Les attentes du public concernant lâengagement des festivals reste fort en 2025, indique le BaromĂštre EkhoscĂšnes 2025 rĂ©alisĂ© par Harris en septembre : 68% des sondé·es jugeant la chose « importante ». Une adhĂ©sion toutefois en recul de 5 points depuis 2024, tout comme lâimportance donnĂ©e Ă certaines mesures prises par ces Ă©vĂ©nements (vĂ©gĂ©tarisme et mobilitĂ©s du public notamment). Tenir bon.
Autogoal. Riche contribution publiĂ©e sur lâObservatoire des politiques culturelles dĂ©but octobre â signĂ©e des non-moins inestimables Vincent Guillon, codirecteur de lâOPC et AurĂ©lie Hannedouche, directrice du SMA â et titrĂ©e : « ExtrĂȘme droite et culture, un pacte faustien inenvisageable ? ». Sâappuyant sur un vaste corpus, lâarticle dresse (Ă nouveau) le constat dâĂ©chec dâune culture conçue par et pour des CSP+ urbaines et vieillissantesâŠ
⊠et qui, malgrĂ© les moyens dĂ©ployĂ©s, met Ă distance les publics populaires, nourrit une aversion pour une certaine Ă©lite et â comble pour des acteurs aux intentions souvent situĂ©s Ă gauche â consolide le vote rĂ©actionnaire. La question est alors posĂ©e clairement : nâest-il pas temps de remettre Ă plat collectivement nos maniĂšres de « faire culture » avec les citoyen·nes, et pas « en leur nom » ? Plusieurs (prĂ©cieuses) pistes sont donnĂ©es pour y arriver.
2. « On a un secteur associatif en grave difficultĂ©, avec des consĂ©quences sur les bĂ©nĂ©ficiaires » â BenoĂźt Hamon
VoilĂ une boucle bien bouclĂ©e. BenoĂźt Hamon, prĂ©sident de lâONG Singa, prenait en 2024 la prĂ©sidence dâESS France, créée dix ans plus tĂŽt par la loi relative Ă lâĂ©conomie sociale et solidaire (ESS), dite « loi Hamon », alors quâil Ă©tait ministre.
Pour lui, Ă lâheure oĂč les contextes budgĂ©taires sâassombrissent, lâESS et ses 2,6 millions dâemplois â assos, coopĂ©ratives, mutuelles, sociĂ©tĂ©s commerciales, fondations⊠â doivent davantage coopĂ©rer et mener une stratĂ©gie offensive de prĂ©fĂ©rence dâachats entre acteurs de lâESS.
Entretien réalisé par Pioche! pour Diffuz, le réseau des actions bénévoles de la Macif.
Comment se porte le secteur de l'ESS en cette rentrĂ©e 2025, avec les incertitudes budgĂ©taires que lâon sait, les prochaines Ă©chĂ©ances dĂ©mocratiques en vue, et un contexte politique international instable ?
BenoĂźt Hamon : Il faut distinguer les secteurs. Si certaines coopĂ©ratives peuvent ĂȘtre inquiĂštes, on n'est pas en danger parce qu'on est une coopĂ©rative. Par contre, on est en danger parce qu'on est une association aujourd'hui en France.
Il y a clairement une orientation des budgets de l'Ătat, d'abord, qui baisse les subventions et les financements aux associations. Mais qui baisse aussi les financements aux collectivitĂ©s locales. Celles-ci le rĂ©percutent sur leurs propres subventions aux associations. On a donc un secteur associatif qui est en grave difficultĂ©, avec des consĂ©quences sur ses bĂ©nĂ©ficiaires.
SolidaritĂ©, activitĂ©s sportives, loisirs, culture⊠Aujourdâhui, ces associations rĂ©duisent leurs effectifs, ne renouvellent pas les contrats, licencient. Donc diminuent leurs activitĂ©s. Au point que le Mouvement Associatif, lâune des composantes dâESS France, a appelĂ© le 11 octobre Ă une grande journĂ©e de mobilisation dont le slogan Ă©tait « Ăa ne tient plus ». (âŠ)
Une partie de l'ESS dépend aussi de financements privés et de fondations pour ses activités. En ces temps de backlash écologique, voire de retour en arriÚre moral, cela pose-t-il un souci de financement pour les entreprises de l'ESS ?
Un certain nombre d'acteurs privĂ©s, des philanthropes, intimidĂ©s par les pressions de la Maison Blanche aux Ătats-Unis ou des gouvernements conservateurs ou d'extrĂȘme droite, revoient Ă la baisse, voire effacent, leurs financements dans le champ de la diversitĂ©, de l'Ă©galitĂ© et de l'inclusion. Des acteurs dĂ©cident par exemple de ne plus soutenir des associations ou des organisations qui concourent Ă l'inclusion de personnes migrantes ou rĂ©fugiĂ©es, pour des raisons idĂ©ologiques.

BenoĂźt Hamon, prĂ©sident de lâONG Singa et dâESS France.
Mais je veux dire une chose. Si certains cĂšdent aux pressions, dâautres, au contraire, renforcent leurs objectifs. Fort heureusement, on a aussi ces dirigeants d'entreprises qui sont intelligents et disent : « la diversitĂ© est une chance pour notre entreprise, elle augmente la performance de notre boĂźte, consolide la cohĂ©sion des Ă©quipes et l'innovation ». Il faut vraiment investir dans l'intelligence humaine, parce quâaujourdâhui il y a une prime Ă l'ignorance et Ă la bĂȘtise.
Le secteur de l'ESS porte des valeurs qui l'amĂšnent Ă crĂ©er du lien, a fortiori face aux difficultĂ©s. Alors que lâONU a fait de 2025 lâannĂ©e internationale des coopĂ©ratives, lâune des pistes peut-elle ĂȘtre de davantage coopĂ©rer ?
Je vous donne un scoop. Je voudrais qu'on le travaille sĂ©rieusement Ă une vraie stratĂ©gie de prĂ©fĂ©rence dâachats pour l'ESS dans l'ESS. Parce quâil existe souvent une alternative dans lâESS, qui est aussi efficace Ă ce que proposent les entreprises conventionnelles, il nous faudrait toujours chercher ces alternatives, pousser les solutions non lucratives.
Ce plan de préférence, il le faut dans tous les secteurs de l'ESS et notamment chez les plus gros donneurs d'ordres : grandes coopératives, grandes banques coopératives, grands assureurs. Imaginez les conséquences quand on pÚse autant dans l'économie. Ce serait une maniÚre de consolider nos modÚles. Et de dépasser cette offensive, trÚs idéologique, qui consiste à vouloir effacer les solidarités. Voilà une de mes priorités dans les mois et années qui viennent.
Un certain nombre dâĂ©tudes montrent que la sociĂ©tĂ© civile reste engagĂ©e sur les sujets de dĂ©fense de lâenvironnement et les questions sociĂ©tales, mais ces engagements peinent parfois Ă se retrouver dans une incarnation politique ou militante. Le champ de l'ESS, par son maillage et sa diversitĂ©, peut-il ĂȘtre un espace pour rĂ©pondre Ă cette frustration citoyenne ?
LâESS ne peut pas ĂȘtre une alternative Ă la dĂ©mocratie politique. Mais il est un espace dĂ©mocratique insuffisamment reconnu, et mĂȘme un des ingrĂ©dients par lesquels nous pouvons rĂ©gĂ©nĂ©rer la dĂ©mocratie en France. Ă ce sujet, on dit que les gens n'ont pas confiance dans leurs Ă©lus. Mais les Ă©lus ont-ils confiance dans les citoyens quand, entre deux Ă©lections, on se garde bien de leur leur avis et quand ils le donnent, de l'Ă©couter ?
On peut Ă©tendre le dĂ©bat sur la dĂ©mocratie sociale. Comment les syndicats d'employeurs et de salariĂ©s sont associĂ©s aux dĂ©cisions de protection sociale, du droit du travail ? Et on devrait l'Ă©tendre Ă la citoyennetĂ© Ă©conomique. Aujourd'hui, dans les lieux oĂč nous passons la moitiĂ© de notre semaine, c'est-Ă -dire au travail, nous ne sommes pas citoyens : nous nâavons pas voix au chapitre sur les dĂ©cisions stratĂ©giques.
Or, l'ESS regorge d'expertises en matiĂšre de dĂ©libĂ©ration collective dans l'entreprise. Et peut les partager avec des entreprises capitalistiques, lucratives, qui voudraient Ă©voluer vers un modĂšle plus collectif, plus dĂ©mocratiques. Si le pilotage politique est indispensable, car le champ de la dĂ©mocratie suppose une impulsion politique, l'ESS peut aider Ă dĂ©mocratiser la sociĂ©tĂ©. Et en la dĂ©mocratisant, Ă l'apaiser. (âŠ)
Lire la suite de lâarticle sur diffuz.com et piochemag.fr.
3. Bus magique
Câest Ă bĂąbord. Si vous Ă©tiez en festival en Normandie cet Ă©tĂ©, vous avez peut-ĂȘtre dansĂ© devant cette drĂŽle de scĂšne. Le Carpanorama, câest un bus Renault Saviem S53 (pour les connaisseurs) dont le toit sâouvre pour dĂ©ployer une vĂ©ritable scĂšne de concert, alimentĂ©e Ă lâĂ©nergie solaire, et Ă©quipĂ©e dâun systĂšme son en D&B qui peut arroser jusquâĂ 1500 personnes.
Petit plus : une seconde scĂšne peut se dĂ©ployer au pied du bus pour des interludes DJs, prises de parole ou tables rondes sur lâengagement Ă©cologique dans la culture. Soit pile-poil la ligne Ă©dito du crew derriĂšre cette belle mĂ©canique : les assos Roax Tour (booking) et A StâArt (accompagnement dâartistes), qui tiennent Ă sensibiliser musicien·nes et publics aux enjeux environnementaux du live.
Pourquoi ça compte ? Parce que les lieux de culture, et notamment des salles de concert, restent dâabord frĂ©quentĂ©s par des urbain·es diplĂŽmé·es et vieillissant·es (cf. plus haut) et que lâimpact le plus lourd dâun concert, câest le dĂ©placement des spectateurs.
Alors, cette possibilitĂ© dâassister Ă des concerts au plus prĂšs de chez soi, dans des territoires isolĂ©s, avec un soundsystem de qualitay et un sens fort Ă propos derriĂšre â le tout devant un joli bus â ça ressemble fort Ă un bon combo pour amĂ©liorer lâĂ©poque.
BientĂŽt prĂšs de chez vous ? Rendez-vous sur le site de Carpanorama pour croiser le bus magique sur votre route lâĂ©tĂ© prochain.
4. Ajouter aux favoris

Charlotte Gautier van Tour, lauréate du Prix COAL 2025
LâĆuvre. Voici la laurĂ©ate du Prix COAL 2025 « Eau douce » : Charlotte Gautier van Tour aborde par la matiĂšre les phĂ©nomĂšnes de la nature â fermentations, germinations, prolifeÌrations, maceÌrations â en sâalliant aux algues, veÌgeÌtaux et micro-organismes. On applaudit aussi FeÌrielle Doulain-Zouari (photo de Une), rĂ©compensĂ©e pour son travail avec les artisan·es et ouvrier·es du Kef, Tunisie, afin de rendre visible lâabsence de lâeau, et la reÌappropriation de la terre par les habitant·es.
Le podcast. Nous sommes particuliĂšrement heureux·ses (et fier·es) dâĂ©couter le podcast Le monde paysan, mon pĂšre et moi de notre camarade Samuel ChabrĂ© et son pĂšre François, fermier prĂšs de Roanne et ancien de la ConfĂ©dĂ©ration paysanne, partis Ă la rencontre des « mouvements qui pensent lâĂ©poque au travers du monde paysan » : LâAtelier paysan, Les SoulĂšvements de la Terre, la ZAD de Notre-Dame des Landes. Le tout rythmĂ© par les chants et les utopies des champs. Brillant, et utile.
La vidĂ©o. Drama de la rentrĂ©e 2025 : Paul Watson est huĂ© Ă la FĂȘte de lâHuma. Le fondateur de Sea Shepherd est accusĂ© de tenir depuis de nombreuses annĂ©es des discours empreints de racisme. Quâen est-il en rĂ©alitĂ© ? Dans cette (brillante) vidĂ©o, la rĂ©daction du mĂ©dia Fracas revient sur ses Ă©crits, ses discours et les confronte⊠à Paul Watson. DĂ©marche rare autant que prĂ©cieuse dans cette culture du « cancel », et dont la conclusion fait mouche : il est urgent de repenser nos maniĂšres de porter lâĂ©cologie.
5. Finger food
Le 2030 Festival â ce festival coopĂ©ratif qui fait rayonner les acteur·ices engagĂ©es de Montpellier, cofondĂ© par Pioche! â dĂ©marre le 30.11 avec Yann Tiersen, Kiddy Smile, Sameer Ahmad, et un B2B de collectifs by Piñata Radio.
La saison de NoĂ«l et des campagnes de soutien est lancĂ©e. Pour Coop-mĂ©dias (dont Pioche! est sociĂ©taire) organise sa grande campagne de levĂ©e de fonds jusquâau 31 dĂ©cembre. Les mĂ©dias indĂ©s (de gauche) ont besoin de vous.
En parlant de mĂ©dia indĂ©, nos copaines de promo du mag Vertige, dĂ©diĂ© Ă la grimpe qui ne fait pas la course Ă la perfâ et au matos, ouvrent leur club pour les passionné·es qui veulent rejoindre et soutenir lâaventure.
Consentis sortait il y a quelques mois son enquĂȘte 2025 sur les violences et discriminations en milieu festif. Bilan : la persistance des violences subies par les femmes et LGBTQIA+ et « un besoin urgent de rĂ©ponses collectives ».
En passant, le confrĂšre Arnaud Contreras questionne pour France Culture lâinjonction Ă lâengagement des festivals (Ă©cologie, inclusion, gĂ©opolitiqueâŠ) dans un contexte de coupes budgĂ©taires. Ă Ă©couter.
6. Push me
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đïžââïž Et pour vous engager dĂšs aujourdâhui prĂšs de chez vous, piochez lâun des dĂ©fis citoyens et solidaires dans le rĂ©seau des actions bĂ©nĂ©voles de notre partenaire Diffuz.
