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🌿 Cocorico | La folie des hommes | Switch 2 | On travaille toujours plus en fait | 2030 Micro-Festival...

Culture & écologies 🌿

1. Cocos ricos

Music business. La musique, un produit comme un autre ? Voulue par E. Macron, la premiĂšre France Music Week aura lieu du 16-21/06, surtout Ă  Paris, pour « promouvoir la richesse de la crĂ©ation musicale française », avec rencontres pro, collab’ internationales, concerts associĂ©s en France, et Ă©vĂ©nement de clĂŽture façon JO – dĂ©collage de vasque, DJ set, etc. â€“ en direct sur France 2. Corocico.

Music business (suite). Au programme : les sujets IA, datas, « scale-up » ou croissance discutĂ©s par (surtout) des hommes venus des majors du secteur
 mais (quasi) aucun·e musicien·ne – hormis cette rencontre pour « choisir son crew ». Ils et elles auraient pu discuter rĂ©seaux sociaux et santĂ© mentale, pression financiĂšre et libertĂ© artistique, tournĂ©es industrielles et relation au public. Le musicien, un col bleu comme un autre ?

Bookworm. Ça innove aussi du cĂŽtĂ© de l’édition. Apparue au printemps et encore en dĂ©veloppement, l’application QUISBN? permet, en scannant le code-barres d’un livre, de connaĂźtre la maison d’édition – et son propriĂ©taire – qui l’a publiĂ©, et d’obtenir une note de A Ă  F Ă©valuant son niveau d’indĂ©pendance.

Pendant ce temps, l’iconique fondateur de Sea Shepherd, Paul Watson, slamme aux cĂŽtĂ©s du rappeur engagĂ© LĂ©mofil (relire notre entretien) sur le morceau « La Folie des Hommes », mĂȘlant rap, poĂ©sie et sons marins, et sorti Ă  la faveur de l’UNOC le 6/06 dernier. Le clip est lui tout chaud de ce matin, et Ă  voir ci-dessus.

2. « On travaille toujours plus, en fait, pour espĂ©rer obtenir le mĂȘme rĂ©sultat » – BĂ©atrice Desgranges (Marsatac)

Ils ne sont pas si nombreux, ces festivals qui se transforment en de vĂ©ritables outils d’action sociale s leur territoire. À quelques heures du coup d’envoi de la 27e Ă©dition de Marsatac (ces 13 et 14/06), on a pris un temps avec BĂ©atrice Desgranges, fondatrice et directrice d’Orane, l’asso derriĂšre le festival marseillais depuis 1998, pour Ă©voquer la rĂ©ponse d’un acteur culturel Ă  cette Ă©poque polarisĂ©e, violente, continuellement « en crise ».

Car entre les difficultĂ©s Ă©conomiques du secteur, un rapport au public plus individualisĂ©, et une politisation plus assumĂ©e, les rĂšgles du jeu ont changĂ©. Alors face aux colĂšres « Ă©videmment lĂ©gitimes », BĂ©atrice rĂ©pond par la mesure et la prudence. Et revendique de se placer sur le temps long pour mieux faire sortir de terre de nouvelles actions au service de Marseille. Car « en faisant cela, c’est comme si on approfondissait nos racines ».

En tant qu’actrice culturelle en France, quelle est ta photographie de notre Ă©poque, du contexte actuel ?

BĂ©atrice Desgranges : Dans ce monde oĂč les choses paraissent se dĂ©liter, ça me donne encore plus de conviction sur ce qu'est un outil festival. C'est bien ce qui me rend triste quand je vois la difficultĂ© que nous traversons, les festivals, aujourd'hui, depuis les annĂ©es 2020, la remise en question de nos modĂšles Ă©conomiques, notre capacitĂ© Ă  attirer, Ă  trouver un Ă©quilibre financier.

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« Le rapport s’est fortement individualisĂ© entre le public et son artiste. »

Ce qui renforce la difficultĂ©, c'est l'effervescence des festivals. Il y a 27 ans, on s’est lancĂ© parce qu'il n'y avait presque rien. Aujourd'hui, il y a deux festivals par week-end. Et un public qui bĂątit sa relation Ă  la musique et aux artistes Ă  travers le stream et les rĂ©seaux sociaux, sur un tĂ©lĂ©phone. On vient voir celui ou celle qu'on connaĂźt, sur les horaires oĂč il passe. Le rapport s’est fortement individualisĂ© entre le public et son artiste.

Et ça va dans les deux sens. L'artiste s’auto-produit, gĂšre sa propre com sur ses rĂ©seaux sociaux, est Ă©minemment engagĂ© dans la production de ses spectacles. Il est moins en lien avec l'Ă©cosystĂšme festival et presse, qui se dĂ©lite.

Sur les cachets, oĂč en est-on ? Est-on proche de la limite acceptable pour la survie des festivals ?

Personne ne se rend compte de l'abnĂ©gation dans laquelle on est quand on porte un festival indĂ©pendant et associatif. Je ne sais pas quel est le point limite. Marsatac, jusque-lĂ , c'Ă©tait trois soirĂ©es de programmation. Cette annĂ©e, c'est seulement deux soirĂ©es, avec le mĂȘme budget artistique.

Donc, on se bat, on se rĂ©invente, on fait les choses autrement, on rajoute d'autres volets. On fait une programmation de 10 dates hors-les-murs Ă  produire (le Off de Marsatac, ndlr.), Ă  programmer, Ă  boucler, Ă  promouvoir, pour stabiliser le modĂšle Ă©conomique et la trajectoire qui est la nĂŽtre. On travaille toujours plus, en fait, pour espĂ©rer obtenir le mĂȘme rĂ©sultat.

Ce mille-feuilles d'activités, c'est aussi une nécessité économique ?

Oui, bien sûr. L'augmentation des cachets des artistes, on la constate depuis 2014. Entre temps, on a développé le champ de l'éducation artistique et culturelle (EAC), en posant les premiÚres briques de notre programme Marsatac School, dÚs 2018. Ce n'était pas tant économique au départ que le souci d'intervenir auprÚs de la jeunesse dans les quartiers politiques de la ville, pour y amener la question de la sensibilisation et de la création artistique.

En 2019, on porte le dispositif La Frappe. Pour faire Ă©merger des jeunes artistes du hip hop marseillais, on met en rĂ©sidence une promotion d'artistes Ă  qui on commande un show, qu’ils jouent exclusivement sur Marsatac. On monte aussi des projets de crĂ©ation Ă  l'international, au Mali, Ă  Beyrouth
 De fil en aiguille dĂ©marre la Marsatac Agency, pour mettre nos compĂ©tences au service d'artistes en Ă©mergence, en 2021.

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« Le projet est aujourd'hui reconnu par la puissance de ses engagements, sans ĂȘtre un outil politique. »

DĂšs 2008, pour nos 10 ans, on a créé la charte « Pour un Marsatac durable et solidaire » – c'Ă©tait tout Ă  fait pionnier sur notre territoire – grĂące Ă  laquelle ont dĂ©marrĂ© nos engagements en matiĂšre d'Ă©co-responsabilitĂ©, et a lancĂ© notre bilan carbone en 2009, suivi d’un plan d'action. Plus tard, la vague #MetooMusique nous a amenĂ© Ă  imaginer Safer, en 2021, un dispositif pour accueillir les public en toute sĂ©curitĂ©, que l’on a mis Ă  disposition des autres. (
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Les subventions reprĂ©sentent de 20% Ă  22% de notre budget. C'est Ă  l'image de nos engagements au service des politiques publiques. Je le revendique et ça a du sens. Orane portera bientĂŽt un lieu de pratique et de diffusion artistique sur le haut de la CanebiĂšre. Soit l'endroit oĂč est nĂ© le hip hop Ă  Marseille. Exploiter ce lieu, c'est aussi s'autonomiser et cultiver notre indĂ©pendance, dans un contexte oĂč les financements publics de la culture sont mis Ă  mal. (
)

Lire la suite de l’entretien sur Pioche! 
Retrouver toute la programmation et les infos sur la 27e édition de Marsatac, les 13 et 14 juin au Parc Borély, Marseille.

3. Amigos locaux

Radis call. Entre deux festivals, cet Ă©tĂ© Pioche! part se nicher dans les jardins de La Caravane du doc, en Occitanie, pour quatre soirĂ©es de projection (dĂšs le 20/06) entre tomates, herbes folles et histoires de terre. Chacun·e amĂšne son plat, ses idĂ©es et sourires Ă  partager avant que, la nuit venue, les chaises se tournent vers l’écran pour prolonger nos mĂ©ditations sous les Ă©toiles. Un moment simple, gĂ©nĂ©reux, humain.

Presse vocale. « Faire entendre la voix des acteurs des territoires grĂące au podcast », « Cartel Nord : les clĂ©s du succĂšs d'un podcast de PQR au million d'Ă©coutes », « Le podcast, nouveau lien entre le territoire et la culture », etc. Le Puy-en-Velay accueille la 2e Ă©dition du festival Destination Podcast (12-14/06), oĂč sont abordĂ©s, par le prisme de l’audio, les enjeux culturels, mĂ©diatiques et sportifs (le trail) dans nos campagnes.

Switch 2. C’est aussi la 2e Ă©dition du festival Confluences des luttes, en terres lyonnaises, portĂ© par une jeune Ă©quipe dĂ©terminĂ©e qui rĂ©ussit Ă  traiter avec sĂ©rieux d’écofĂ©minisme, d’écologie dĂ©coloniale et d’antispĂ©cisme tout en faisant la part belle Ă  la fĂȘte – chanson, confĂ©rence gesticulĂ©e, DJ set
 – et Ă  la mĂ©diation. La next gen est en place.

Enfin, il est encore temps de se mettre au rythme de la Slow Fashion Week (7-14/06) organisĂ©e Ă  Marseille par le collectif local BAGA et visant Ă  promouvoir une mode Ă©coresponsable et crĂ©ative, avec, partout en ville : ateliers de rĂ©paration, broderie, upcycling, visites d’ateliers et jeu de piste pour chiner les boutiques Ă©coresponsables de la CitĂ© phocĂ©enne.

4. T’es passĂ© chez Pioche! ?

Local heroes. C’est rien de dire que les derniĂšres semaines ont Ă©tĂ© intenses. Le 25 mai, on initiait le premier 2030 Micro-Festival, soit une version condensĂ©e de l’évĂ©nement co-organisĂ© par Pioche! Ă  Montpellier depuis 2023, avec plusieurs assos locales et l’aide des Ă©quipes de la MĂ©tropole (merci le service public).

Comme pour son grand frĂšre, il s’agit de faire coopĂ©rer des acteurs dĂ©jĂ  prĂ©sents et engagĂ©s, autour d’un triptyque 1/ action (chantier participatif), 2/ fĂȘte (les arts) et 3/ transmission (mĂ©diation Ă©cologique), le tout dans un quartier prioritaire de la ville (QPV). En l’occurrence, un grand ramassage de dĂ©chets au son d’une batucada participative, ateliers et prises de parole autour de l’eau, suivis d’une soirĂ©e concert + repas veggie offerte Ă  200 habitant·es du quartier des Hauts de Massane. C’était. Le. Feu.

Bis repetita ce samedi : le « 2030 Micro-Festival #2 » rejoint la fĂȘte du quartier Saint-Martin pour y explorer la biodiversitĂ© en ville au travers 1/ d’une grande fresque participative Ă  la craie pour dessiner plus de faune et flore, rĂ©elles ou fictives, 2/ d’une agora populaire oĂč Ă©changeront lycĂ©ens en prĂ©paration du Bac, Ă©tudiants en Ă©cologie et le responsable du jardin partagĂ©, et 3/ un grand jetĂ© de pigments final, façon fĂȘte des couleurs.

Avec toujours le super bonus : les participant·es aux chantiers gagnent leur ticket pour le 2030 Festival (grande version) qui aura lieu du 1er au 7 décembre dans tout Montpellier. On en reparle.

Sans oublier notre derniĂšre (et splendide, disons-le !) infolettre prĂ©parĂ©e pour nos camarades de Diffuz, le rĂ©seau des actions bĂ©nĂ©voles de la Macif. Ce mois-ci, en Ă©cho Ă  la ConfĂ©rence des Nations unies sur les ocĂ©ans (9-13/06 Ă  Nice), on plonge prendre soin des mers et des ocĂ©ans avec le Fonds Explore du navigateur Roland Jourdain, entre autres dĂ©fis Ă  relever pour s’engager prĂšs de chez soi.

5. Merci encore

đŸ€“ Merci d’avoir parcouru jusqu’ici cette nouvelle Ă©dition de Pioche!. Qu’en pensez-vous ? Écrivez-nous (sans filtre) Ă  [email protected].

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