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🌿 Concert pour Gaza | Planet Parade | Boum Boum | L'expo Musique et écologie | We Loved Green | Passe le message...

Culture & écologies 🌿

1. Masters at Work

The Blue Fig, de Mohammad Rakibul Hasan, l’un des 10 artistes nommé·e·s pour le 16e Prix COAL ©Mohammad Rakibul Hasan

God Save. King Krule, Hot Chip, Sampha, James Blake, Greentea Peng, Damon Albarn, Jamie XX, Obongyjayar
 Le line-up du concert caritatif Together For Palestine, le 17.09 Ă  Wembley, initiĂ© par Brian Eno pour soutenir plusieurs assos Ɠuvrant pour la survie des GazaouĂŻs, fait rĂȘver. L’ex-Roxy Music a aussi Ă©crit une lettre au gouvernement UK, le conjurant de stopper un champ pĂ©trolier, signĂ©e de membres de Massive Attack, Radiohead, The Cure, Bicep, Matt Black, Imogen Heap et bien d’autres.

RSVP. Et en France ? Plusieurs entitĂ©s, dont MakeSense, Climate House, InFinĂ©, Fakear, DJs 4 Climate Action ou encore Pioche! sont Ă  l’initiative du projet Planet Parade, une grande manifestation festive et artistique prĂ©vue pour mai 2026 Ă  Paris, mĂ©lange de Pride, de Techno Parade et de Marche pour le climat. Objectif : contrer le « backlash Ă©cologique » en montrant que la sociĂ©tĂ© civile est au contraire dĂ©terminĂ©e – dans son quotidien et/ou au boulot – Ă  agir pour protĂ©ger notre environnement. Plus d’infos ici.

We Loved Green. Last but not least, cet Ă©tĂ© voyait aussi le rachat Ă  80% du festival We Love Geen par la filiale française du mastodonte du spectacle AEG Presents et le Groupe Combat de Mathieu Pigasse, tous deux dĂ©jĂ  derriĂšre Rock en Seine. Les plus optimistes espĂšrent dĂ©sormais que l’exemplaritĂ© du festival Ă©colo parisien ruissellera sur les autres activitĂ©s, peu rĂ©putĂ©es pour leur sobriĂ©tĂ©, des nouveaux propriĂ©taires.

2. « L’idĂ©e d’abord est venue des ateliers ». Comment l’OpĂ©ra de Bordeaux a repensĂ© la production de spectacles en temps de crise

Si le monde du spectacle travaille à la transition de ses modÚles, la crise sanitaire puis la flambée des prix de l'énergie et les incertitudes politiques ont pu émoussé des engagements écologiques que l'on pensait acquis. Et l'équation se complique. Comment maintenir la qualité et le rythme des productions tout en diminuant notre impact sur notre environnement ?

Pour Emmanuel HondrĂ©, directeur gĂ©nĂ©ral de l'OpĂ©ra national de Bordeaux, il aura fallu s’asseoir avec les Ă©quipes et prendre le risque de bousculer les habitudes. Il dĂ©taillait les fruits de sa politique « zĂ©ro achat » lors d'une table ronde des Rencontres de l’innovation et des transitions dans la musique (RITM), organisĂ©es par le CNM, le 14 mai dernier, au micro d’Antoine Dabrowski, rĂ©dacteur en chef de Tsugi Radio.

Antoine Dabrowski : Vous avez Ă©tĂ© nommĂ© en 2021 dans cette belle maison. Quel a Ă©tĂ© le constat Ă  votre nomination ? 

Emmanuel HondrĂ© : Ces annĂ©es-lĂ  Ă©taient cruelles. Comment ĂȘtre crĂ©atif en situation de crise, de manque et de souffrances ? C'est beau Ă  dire, difficile Ă  faire. Par contre, c'est plus facile de le faire Ă  plusieurs. En cela, je trouve que le milieu a gagnĂ© en solidaritĂ©, en Ă©coute mutuelle, en conscience que notre intĂ©rĂȘt est collectif, et non dans l'opposition.

J'entends moins parler de compétition, de propriété ou de possessivité des artistes. On a des débats de fond trÚs importants. Comment organise-t-on au mieux les tournées ? Comment anticipe-t-on mieux ? Comment se sert-on de l'expérience des uns des autres ? On digÚre encore cette période, et je trouve qu'on en a gardé des choses trÚs positives.

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« Le milieu a gagné en solidarité, en écoute mutuelle »

Nous, nous avons essayĂ© de recalibrer des productions, d’inventer le zĂ©ro achat, de faire Ă  plusieurs alors que nous faisions un peu trop tout seuls. Cela de maniĂšre Ă  pouvoir maintenir un lien fort avec le public, qui n'Ă©tait d’ailleurs pas trĂšs nombreux Ă  ce moment-lĂ .

Avec cette politique du « zéro achat », comment se passent concrÚtement les discussions avec de grands metteurs d'opéra habitués à avoir des budgets pour créer les costumes et les décors qu'ils souhaitent ?

La grosse surprise, c'est que l'idĂ©e est d'abord venue des ateliers. Ce sont eux qui m'ont embarquĂ©. Ce qui Ă©tait trĂšs solidaire parce qu’il Ă©tait risquĂ© pour eux de trouver les bons partenaires artistiques. D’autant qu’il ne s’agissait pas de faire naĂźtre un nouveau type de spectacle, de deuxiĂšme classe, moins bien. Il fallait donc travailler Ă  ce que le zĂ©ro achat soit invisible. (
)

Et cela change toute la mĂ©thode. Ce n’est plus une Ă©quipe qui crĂ©e les esquisses, les plans, puis on passe en exĂ©cution dans les ateliers. Non. Pour crĂ©er, il faut faire le tour des stocks ensemble, se laisser inspirer par l’existant, savoir ce qu’on va pouvoir prendre et ce qui va nous manquer.

Nous, il nous manquait du bois brut. Ça nous a obligĂ© Ă  prendre notre tĂ©lĂ©phone pour – et je vais prendre un mot un peu bizarre pour un opĂ©ra national – demander de l’aide. Habituellement, notre fiertĂ©, nos habitudes, nous l’interdisent. (
) C’était bien plus stimulant de partager l’acte de conception, de crĂ©ation, de fabrication. Au sein des Ă©quipes, ce n’était plus des concepteurs et des exĂ©cutants, mais une certaine intelligence collective.

Avez-vous la sensation de crĂ©er des vocations chez d’autres maisons d’opĂ©ra ?

Une quantitĂ© de questions nouvelles sont arrivĂ©es, et je pense qu’elles sont amenĂ©es Ă  ĂȘtre partagĂ©es par tous Ă  l’avenir. S’il devait y avoir une forme de continuation, ce serait de ne pas transformer notre initiative en obligation pour ne pas enfermer l’inspiration, la crĂ©ativitĂ©. Mais il s’agit d’en parler ensemble, au quotidien, et de confronter nos expĂ©riences. D’autres ont tentĂ© d’autres initiatives, qui ont besoin d’ĂȘtre partagĂ©es.

Lorsque nous avons créé l’AcadĂ©mie de l’OpĂ©ra, en pleine crise, il y a trois ans, sans un euro d’argent public mais avec l’argent privĂ©, on a tout de suite convenu que ce serait aussi du zĂ©ro achat pour chaque production. C’était une Ă©vidence pour nous, et un nouveau public est venu, car c’était un spectacle zĂ©ro achat.

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« Cet engagement, c’est aussi un facteur de rajeunissement du public. »

Pour nous, c’était une Ă©norme surprise. D’autant qu’il s’agissait d’opĂ©ras plus lĂ©gers, plus courts, interprĂ©tĂ©s par des jeunes 22, 25 ans, oĂč les jeunes avaient les rĂȘnes pour la scĂ©no, les costumes, la composition, la réécriture
 Ça a donnĂ© un grand vent de fraĂźcheur aussi Ă  la maison, une autre dynamique et montrĂ© qu’on pouvait faire de l’opĂ©ra diffĂ©remment, presque du théùtre musical.

On dit que la jeunesse est dĂ©primĂ©e parce qu’elle a le poids de notre consommation sur le dos ? Peut-ĂȘtre, mais il y a aussi une vitalitĂ© incroyable, de la transgression, un dĂ©sir d’affranchissement, une crĂ©ativitĂ©. Écoutons-la, donnons-lui sa chance. CrĂ©ons ces espaces de libertĂ©, malgrĂ© les nouvelles contraintes. On a encore la libertĂ© de programmer et de crĂ©er. Profitons-en.

Lire la suite de l’entretien sur Pioche!.
Réécouter cette rencontre, ainsi que les autres temps des Rencontres de l’innovation et des transitions dans la musique (RITM) du CNM, et (re)voir notre rĂ©cap vidĂ©o sur place !

3. RĂšgle de trois

Garo. Trois villes, trois festivals, et autant de façons d’aborder les enjeux Ă©cologiques par les arts. Ça dĂ©marre dans l’Ouest avec la nouvelle Ă©dition du Climax Festival (pas la revue) – du 11 au 14.09 Ă  Darwin, Bordeaux – oĂč l’on retrouve Chassol, Jennifer Cardini et Le Bruit Qui Court sur le mĂȘme ticket qu’Extinction Rebellion, l’économiste TimothĂ©e Parrique, Vincent Verzat (Partager C’est Sympa) ou la philosophe JoĂ«lle Zask.

Fleuvy. Dans le Midi, on s’arrĂȘte dans la bonne ville d’Aramon (Gard) pour la 4e Ă©dition du « festival de l’eau » Émergences (12-14.09) non loin de l’endroit oĂč, en 2002, une crue avait fait cinq mort. Plus qu’un clin d’Ɠil, l’évĂ©nement est hommage annuel portĂ© par une programmation Ă©lĂ©gante – Vincent Segal, Blick Bassy, Mikhail Kambarov – et des Ă -cĂŽtĂ©s – ateliers, rencontres – soignĂ©s, pour toutes les familles.

Baie baie. Enfin, la CitĂ© phocĂ©enne permet deux Ă©vĂ©nements Ă©colos (au sens large) de haute tenue ce week-end. Les 11 et 12, le SoGood Maif Festival prend ses quartiers Ă  la Friche La Belle de Mai avec quelques bonnes tĂȘtes : les artistes Myd, Terrenoire, Sama’, Noga Erez, BenoĂźt Hamon (quoi ?), l’humoriste Hakim Jemili. Quand au Théùtre du Centaure, le 12, se dĂ©roulera le Festival de la Ville Ordinaire, oĂč architectes, urbanistes, artistes ou assos imagineront d’autres maniĂšres de vivre cĂŽte-Ă -cĂŽte.

C’est BIG. Quoi donc ? L’évĂ©nement annuel de Bpifrance, le 23.09 Ă  l’Accor Arena, oĂč parmi le business as usual, on trouve un solide « parcours Climat » pour parler « Ă©conomie de la fonctionnalitĂ© et de la coopĂ©ration », « approvisionnement en Ă©lectricitĂ© dĂ©carbonĂ©e ? », « modĂšles circulaires » ou encore « alimentation durable ». Vous savez oĂč nous trouver.

4. Pas sécher Pioche!

Cuicui. De notre cĂŽtĂ©, ce 11.09 nous sommes Ă  Paris. Pourquoi diable dĂ©laisser les faveurs de l’étĂ© indien montpelliĂ©rain ? Pour « la PEW », soit la Paris Electronic Week, non seulement en raison de notre rĂ©vĂ©rence absolue pour cette esthĂ©tique musicale d’avant-gardiste, mais aussi pour son approche non moins exploratoire des enjeux sociĂ©taux. Voyez plutĂŽt.

Au programme aujourd’hui, Ă  partir de 15h, une sĂ©rie de rencontres, tables rondes, workshops et concerts Ă  l'AcadĂ©mie du Climat autour de la transition Ă©cologique de la musique. Nous participerons Ă  la discussion « État des lieux » aux cĂŽtĂ©s d’Elsa Rouland (Collectif des Festivals), LĂ©opold Foucault (CNM), Pablo Belime (Atom Festival, ÉlĂ©men’Terre), le tout animĂ© par Lucille Fontaine.

Dans la soirĂ©e aura lieu le lancement du programme Courts Circuits, lancĂ© dans le cadre de l’appel Ă  projets Alternatives Vertes, et visant Ă  « rendre les tournĂ©es internationales possibles Ă  un coĂ»t Ă©cologique acceptable », avant un DJ set de l’artiste – et consƓur journaliste – Nono Gigsta, exemplaire quant Ă  son impact. Vous savez oĂč nous trouver (bis).

C’est cadeau. Pour la Sacem, Pioche! s'est plongĂ© dans 150 ans de musiques inspirĂ©es par le vivant. Le rĂ©sultat : l’expo digitale « Musique et environnement » revient sur ces centaines de voix chantant leur amour pour notre planĂšte, de Ravel Ă  Keny Arkana, des champs Ă  Chantal Goya. Car avec la crise Ă©cologique, on ne chante plus la nature aujourd’hui comme au dĂ©but du siĂšcle
 À lire, et Ă©couter.

5. Recooooo

Mare cƓur de Pinail, Julien Salaud, l’un des 10 artistes nommé·e·s pour le 16e Prix COAL © Julien Salaud

L’image. « L’eau douce ». Tel Ă©tait le thĂšme 2025 du prix Art et Environnement COAL, auquel ont rĂ©pondu plus de 660 artistes plasticien·nes engagé·es face aux enjeux Ă©cologiques. Parmi les laurĂ©at·es, qui recevront leur prix Ă  Paris en dĂ©cembre, le photo-journaliste et cinĂ©aste bengalais Mohammad Rakibul Hasan (en Une), ou encore le Français Julien Salaud et ses mares imaginaires (ci-dessus), ont Ă©tĂ© saluĂ©s pour leurs travaux appelant Ă  mieux considĂ©rer, protĂ©ger et rĂ©parer les zones d’eau douce.

Le livre. Le 10/09. VoilĂ  une date de publication qui a le mĂ©rite de la cohĂ©rence. Dans Les vipĂšres ne tombent pas du ciel, l’écologie face au backlash (Les Liens qui LibĂšrent), Éric Aeschimann, journaliste au Nouvel Obs, prend acte du rejet d’une Ă©cologie portĂ©e par une bourgeoisie intellectuelle moralisatrice, et plaide pour agir sur les grands enjeux systĂ©miques que sont l’automobile, l’agro-industrie, la surconsommation
 En bref, « pour une Ă©cologie enfin Ă©galitaire ». À lire.

La vidĂ©o. Bien sĂ»r, on a beaucoup aimĂ© cette interview conduite par SalomĂ© SaquĂ© sur Blast autour du livre d’Arnaud Idelon, Boum Boum: Politiques du dancefloor (Divergences). Elle y traite du rĂŽle de la fĂȘte pour renforcer les mobilisations et l’engagement – dans la joie et de maniĂšre inclusive –, ainsi que pour rĂ©enchanter et rĂ©gĂ©nĂ©rer des militant·es parfois usé·es, et initier de futur·es engagé·es. En bref, beaucoup de l’élan qui nous anime ici, comme avec la Planet Parade.

6. Picore

7. Passe le message

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