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🌿 Cyril Dion interviewé par Pioche! pour parler poésie, futur album (!), Don’t Look Up et Primaire Pop’
Le magazine des cultures de l’écologie et du vivant 🌿
Bonjour Ă tous, et bienvenue aux nouveaux lecteurs de Pioche!
Tout d’abord, une excellente année et nos meilleurs vœux pour 2022 !
Après quelques semaines de fêtes, puis de repos, voici donc une édition plutôt copieuse (on vous laisse prendre les dispositions nécessaires) ponctuée par un long entretien avec Cyril Dion, l’activiste et réalisateur, et aussi, on le sait moins, le poète.
Bonne rentrée, et bonne Pioche!
Calixte & Jean-Paul
1. L’année commence bien
Cyril Dion et une trentaine de personnalités appellent les candidats de gauche – tous d’accord pour « plus d’écologie et de justice sociale » – à une candidature unique via la Primaire Populaire dans Le Monde. Un cri dans le désert ? Cyril nous répond (cf. plus bas).
Depuis le 1er janvier, l’État impose aux entreprises de recycler ou donner – à des assos par ex. – leurs invendus non-alimentaires (électriques, électroniques, textiles ou meubles…). 2022 commence bien.
Après la charge de Greenpeace contre le Louvre pour son rapport ambigu à son mécène TotalEnergies, c’est l’opéra ET le musée des Beaux-Arts de Lyon qui « mettent fin à [leurs] relations partenariales » avec la multinationale. Who’s next?
Pendant ce temps, les actrices Marilou Berry et Léa Kerel, le rappeur Stomy Bugsy et l’humoriste Greg Guillotin ont rejoint la PETA pour dire « NON MERCI » au foie gras dans un clip de sensibilisation plutôt bien fichu. Souviens-toi Noël dernier…
2. « La poésie, c’est vraiment le moyen pour moi de trouver un équilibre » (Cyril Dion)
Pour bien démarrer 2022, Jean-Paul a rencontré Cyril Dion pour parler de Résistances Poétiques, son projet musical où l’activiste déclame ses textes sur la musique de Sébastien Hoog. Quelques jours avant ses premiers concerts (cf. plus bas), et avant un album à sortir chez Warner à l’automne, rencontre avec Cyril Dion, le poète, écrivain, et fan de rock. Qui nous partage aussi sa critique (spoiler : dithyrambique) du film Don’t Look Up.
On connaît le Cyril Dion réalisateur, le Cyril Dion activiste ou militant, on connaît moins le Cyril Dion poète. Pourtant, vous écrivez de la poésie depuis vos 17 ans. Comment avez-vous exploré cet art ?
Je suis arrivé à la poésie adolescent, par le rock des Doors et de Jim Morrison, que j’adorais, et j’ai exploré ce mode d’expression par d’autres auteurs. J’y ai trouvé une sorte de familiarité avec des choses que je traversais, et je me suis mis à en écrire. C’était pour moi une façon de gérer ma sensibilité, cette impression de vivre tout un peu trop fort.
La poésie a été un formidable moyen de construire un équilibre entre mon quotidien et ma sensibilité exacerbée. J’ai par la suite écrit en continu, jusqu’à publier un premier recueil (Assis sur le fil, ndlr.) en 2014, aux éditions de la Table Ronde. Personne ne me connaissait, c’est donc passé relativement inaperçu, d’autant que la poésie n’intéresse pas grand monde.
Parmi les thèmes traversés dans vos poèmes, la question écologique est évidemment très présente.
Inévitablement. L’art est une façon de donner forme à ce qui nous traverse, et pour moi, depuis une quinzaine d’années, c’est la question écologique. Et notre place dans cette société qui se dit libérale mais est très oppressive, où l’on est considéré comme un agent productif d’un système économique. Cette question de l’aliénation, et de notre capacité à en sortir, traverse mon travail littéraire, mes romans ou mes poèmes (…).
Comment avez-vous sélectionné les textes du spectacle ?
On a enregistré cet été un album qui sortira chez Warner au mois d’octobre. Sébastien Hoog orchestre et produit, comme il l’a fait pour les albums d’Izïa ou de Jeanne Cherhal, et a beaucoup enrichi l’orchestration en allant vers des sonorités plus électroniques, plus urbaines.
On a mis en musique de nouveaux textes, et construit une narration, une progression. On a alterné ceux qui avaient un potentiel musical, qui se rapprochaient de chansons, et d’autres plus narratifs (…). On a aussi voulu faire quelque chose d’accessible à un public qui n’est pas forcément féru de poésie, et qui me connaît pour mon engagement, que ce ne soit pas le grand écart absolu.
Qu’avez-vous pensé du film Don’t Look Up, le dernier succès de la plateforme Netflix au casting XXL inspiré de notre inaction climatique ?
J’ai adoré. (…) Pendant tout le film, je n’ai pas arrêté de me dire que c’était brillant, qu’il réinvente le genre, et permet à un public qui en a un peu soupé des documentaires d’avoir accès à ces questions. (…) C’est horrible, mais comme je vis déjà cela tout le temps, ça m’a plutôt fait jubiler que mis la tête dans le seau.
Vous êtes-vous aussi retrouvé dans cette position de l'activiste sur un plateau télé où l’on rigole ?
Ah mais complètement ! (…) Je me suis retrouvé à montrer des cartes du réchauffement climatique pour montrer ce que ça donnerait à +4°C, raconter l’extinction de masse des espèces. Et après, on continue comme si de rien n’était. On fait des sourires, et on passe à autre chose.
C’est un peu fou, parce qu’on se dit que cette information est tellement énorme qu’il faut bien qu’on en fasse quelque chose. Mais d’une certaine manière personne ne sait quoi en faire. C’est pour ça que le film est intéressant.
Vous avez appelé avec d’autres personnalités à une candidature unique à gauche. On a un peu l’impression d’un cri dans le désert. Vous y croyez encore ?
Comme pour le changement climatique, ce n’est pas parce qu’on crie dans le désert qu’il ne faut pas crier, déjà . (…)
Si tous les candidats qui portent l'écologie et la justice sociale considéraient aujourd’hui que la situation est si grave qu’il faut dépasser leurs candidatures individuelles et organiser une grande coalition, ça aurait un retentissement extraordinaire. Beaucoup de ceux qui ne croient plus en la probité des responsables politiques et ne vont plus voter se diraient : « enfin des gens qui font passer l’intérêt général avant leurs intérêts personnels ».
Assister au concert de Résistances Poétiques au Tétris (Le Havre) le 16/01, ou au New Morning (Paris 10e), le 19/01.
Précommander le recueil de poèmes À l’Orée du Danger, à paraître le 2/03 chez Actes Sud.
3. C’est déjà prévu
Sous l’eau. Deux immenses icebergs sont suspendus au plafond du Bon Marché (Paris 7e) jusqu’au 20/02. C’est l’œuvre – en tissu – du plasticien turc Mehmet Ali Uysal qui souhaite ainsi « faire irruption dans un lieu iconique du consumérisme contemporain ». Le vert dans la pomme.
Coupures. Quand un maire écolo décide seul de planter des antennes-relais dans sa commune, cela engendre… du théâtre ! Ironie, cruauté et conflits irriguent l’excellent Coupures, un spectacle « presque participatif sur notre presque démocratie » à voir (absolument) au Théâtre de Belleville (Paris 11e) jusqu’au 29/01.
Dénaturé. De la photographe Tania Mouraud (80 printemps cette année svp.), on connaissait ses paysages en proie à l’agriculture et aux mines (Balafres, 2014), ou perçus à travers du plastique (Bordeland, 2007-2010). Chance : son sublime travail au rendu pictural se déploie dans l’écrin du château de Chaumont (Loir-et-Cher) jusqu’au 27/02 pour l’expo De Natura.
On a flashé sur la collab’ entre Tealer et le label d'upcycling Rework Paris. Au-delà des trois bombers réalisés à partir de pièces Tealer, Gucci, Supreme et A Bathing Ape (BAPE), la série souligne surtout la bascule en cours de la mode streetwear. Just do it.
4. Pioche! chez les Gones cette semaine
Allez l’OL. Ce jeudi et vendredi, Pioche! sera à Lyon pour accompagner les médias émergents de l’incubateur Hôtel71, le « creative hub européen » porté par Arty Farty (Nuits sonores, Le Sucre, European Lab…). Au menu : ateliers et échanges avec les porteurs de projets, et une rencontre – ouverte à tous et diffusée en ligne – jeudi de 17h30 à 19h, au sein du cycle Les Visiteurs du Jeudi. On se retrouve au bar ?
Au mic. En amont de notre virée dans les contrées lyonnaises, on a pu échanger avec Le Petit Bulletin, émérite média culture de la capitale des Gaules, ainsi qu’au micro de Radio Nova Lyon (hier soir), autour de l’importance d’un autre journalisme de l’écologie, et de la sensibilisation par la fête (on ne se refait pas).
Puisqu’on y est, on a aussi répondu aux questions de Dure Vie sur la transition nécessaire (et en cours) du monde de la nuit, pour un article très complet et instructif, dont on vous recommande amplement (et toute fierté gardée) la lecture.
5. Un enjeu immense
Le papier. Il y a des articles que l’on aime lire, et d’autres que l’on s’impose, comme cette enquête du Monde sur la pollution numérique. Qu’y apprend-ton ? 1) Aujourd’hui, le numérique c’est 2 à 4% des GES 2) D’ici 20 ans, cryptos, NFTs et autres metavers pourraient faire monter cette part à 10% (autant que la sidérurgie !). Un enjeu immense.
Le podcast. Belle idée que ce Meurice recrute, sur Spotify, où l’unique Guillaume Meurice fait passer des entretiens pour son futur gouvernement. Premier épisode : Camille Etienne, « ministre de la Jeunesse et de la Fin du monde », en 40 minutes aussi drôles qu’engagées, le tout produit par Anaïs de Brain et Fanny Corral (KillTheDJ). Dream team.
Le bouquin. L’écologie peut-elle dépasser le mouvement politique pour structurer la politique autour d’elle, comme ce fut le cas pour le libéralisme, le socialisme ou le néolibéralisme ? C’est à cette question que se confronte l’émérite philosophe des sciences Bruno Latour dans son dernier livre (La Découverte, 2022). Il est déjà sur notre bureau.
Le clip. Le DJ et producteur breton Blutch s’allie avec Maxime Dangles pour secouer nos corps par le son, et nos esprits par ces milliers d’images de la Terre vue du ciel, en évolution (trop) rapide. Intense.
Le premier album de Blutch, Terre Promise, sort le 28 janvier sur Astropolis Records.
6. On vous aime
Vous lancez votre éco-lieu/revue engagée/resto raisonné ? Un.e ami.e a besoin de soutien pour son projet écolo ? Faites-nous un petit mail pour nous en parler et apparaître sur Pioche! : [email protected]
Pour son podcast Demain n’attend pas (25e épisode), Delphine rencontre Julien Vidal, figure écolo fondateur du mouvement « Ça commence par moi », et du podcast 2030 Glorieuses. Stimulant.
Clara et Clémence explosent leur objectif KissKissBankBank avec Bob, des bougies faites main, upcyclées « à partir de cierges d’église » !
Notre bonne copine Samia, fondatrice du média mode Wa-Off, nous parle parfum de luxe durable, bio et local, dans son dernier podcast consacré à la marque française Nout.
Léry a rencontré la cofondatrice de Clacyclo, Margaux, qui organise des micro aventures à vélo (150 cyclistes, quand même) aux quatre coins de la France.
7. Coups de pouce
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