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🌿 Extrême limite | Tout ça pour vendre des écouteurs | Amapola ? | Garden party | Tout est magnifique | Festoche!...

Culture & écologies 🌿

1. ExtrĂȘme limite

« La musique est un exercice caché d'arithmétique, l'esprit n'ayant pas conscience qu'il est en train de compter » disait Leibniz en 1712. Image : ©Deezer

Plus gros. L’État français promet 500 millions d’euros pour soutenir la filiĂšre musicale d’ici Ă  2030 – levĂ©es de fonds, dĂ©veloppements Ă  l’étranger, rachats d’actifs, prĂȘts, soutiens Ă  l’innovation – allouĂ©s via Bpifrance par tranche de 100 millions d’euros par an, a annoncĂ© lundi le ministĂšre de la Culture, Ă  l’occasion de l’ouverture de la France Music Week.

Plus fort. Une filiĂšre musicale qui pĂšse 2,8Mds€ de valeur ajoutĂ©e en France (+50% depuis 2019), dont 30% liĂ© Ă  l’export + une croissance de 8,2% par an attendue d’ici 2030. Le tout grĂące Ă  ses 200000 professionnels, notre modĂšle de droits d’auteurs, de gestion collective et du succĂšs de nos artistes, expose le Panorama des industries culturelles et crĂ©atives (ICC) EY We Are_, prĂ©sentĂ© lundi Ă  la France Music Week.

Plus dur. Dans le mĂȘme temps, le Syndicat des musiques actuelles (SMA) alerte sur « la fragilisation Ă©conomique croissante Â» des festivals, « de plus en plus impactĂ©s par les alĂ©as climatiques » et la hausse des cachets des tĂȘtes d’affiche, et appelle le gouvernement Ă  1/ plus de taxes billetterie et streaming, 2/ une concertation sur les Arenas et stades, et 3/ le maintien (et le versement) des subventions « festival ».

Et zĂ©parti pour l’opĂ©ration « RamĂšne Ta Gourde », Ă©dition estivale, du Club ZĂ©ro Plastique dĂ©sormais rejoint par les festivals – oĂč l’on a pu / pourra donc se rendre avec sa gourde – We Love Green, Peacock Society, Yardland, Marvelous Island, Macki Music Week, Rock en Seine, Ondula Festival et MaMA Festival & Convention. Avec Gogo Green, Chambord ou MC Danse pour le Climat en ambassadeur·ices.

2. « Ce n’est pas normal de distribuer de la musique en haute rĂ©solution pour l’écouter sur des appareils Bluetooth » – Benjamin Guincestre (Deezer)

Alors que les plateformes de streaming musical continuent leur course technologique (IA, Hi-Fi, Atmos, vidĂ©os
), poussant l’auditeur Ă  toujours acquĂ©rir de nouveaux appareils, se pose de plus en pus urgemment la question des impacts Ă©cologiques de ce qui ressemble d’abord Ă  des opĂ©rations marketing.

Un accord entre acteurs pour rĂ©duire la voilure ne semble donc pas imaginable Ă  date, regrette Benjamin Guincestre, vice-prĂ©sident de l’ingĂ©niĂ©rie chez Deezer, intervenu le 14 mai Ă  Bordeaux lors des Rencontres de l'innovation et des transitions dans la musique (RITM) du Centre national de la musique (CNM).

Il y Ă©tait interrogĂ© par SĂ©verine Morin, conseillĂšre auprĂšs de la direction gĂ©nĂ©rale du CNM pour les transitions, et Karine Duquesnoy, haute fonctionnaire Ă  la transition Ă©cologique et au dĂ©veloppement durable au ministĂšre de la Culture. Et celui-ci se dit mĂȘme favorable Ă  une rĂšglementation plus stricte au niveau europĂ©en. Rencontre.

Séverine Morin : Chez Deezer, quel a été le déclencheur qui a conduit à vous impliquer sur les questions de transition écologique ?

Benjamin Guincestre : Autour de 2019, nous avons voulu calculer notre empreinte. C'était un peu naïf, mais les raisons étaient aussi trÚs pragmatiques. Il existe un lien direct entre nos coûts en termes d'infrastructure et notre empreinte. Pour nous, c'est pratique : faire des économies va souvent conduire à réduire notre empreinte carbone.

Finalement, cela rejoint notre dĂ©marche de mettre en avant des artistes « authentiques » et de mieux rĂ©munĂ©rer les crĂ©ateurs. Nous diffĂ©rencions les contenus plus ou moins lĂ©gitimes Ă  partir de ce qui est consommĂ© pour dĂ©finir ce que l’on va garder sur nos data centers, ce que l’on va distribuer Ă  nos utilisateurs, et donc les artistes que l'on va rĂ©munĂ©rer. C’est un cercle vertueux oĂč l’on se concentre sur le contenu qui a de la valeur, et oĂč l’on rĂ©duit la consommation sur ce qui en a moins.

Peut-on imaginer des lieux de stockage uniques, chez les distributeurs par exemple, Ă  partir desquels les plateformes viendraient streamer ?

En utopie, un seul catalogue pour tout le monde, c'est tout à fait possible. En réalité, il y a plein d'enjeux derriÚre. (
) Malheureusement, aujourd'hui on est plutÎt sur une course à la fonctionnalité et au format. On envoie de la vidéo pour écouter de la musique, on pousse pour avoir du Hi-Fi et du Atmos pour des gens qui écoutent sur des écouteurs Bluetooth.

Il existe une certaine incohérence entre ce que l'on pousse pour nos utilisateurs et nos ambitions. Et si un acteur y va, il faut que les autres y aillent aussi, ou ils vont perdre des parts de marché. On est coincé.

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« On est en concurrence avec des géants du streaming musical dont la priorité est de vendre des écouteurs Atmos »

L’une des clĂ©s serait de se mettre d'accord et travailler ensemble Ă  des contraintes ou des standards. Et dire en effet que ce n'est pas normal de distribuer du contenu en haute rĂ©solution Ă  des gens qui Ă©coutent sur des appareils qui ne permettent pas d'Ă©couter en haute rĂ©solution. Chez Deezer, on distribue du Hi-Fi mais c’est l’utilisateur qui dĂ©cide de monter Hi-Fi, au dĂ©part il est sur la qualitĂ© la plus basse.

On n'est pas immobiles, et je pense que c'est trÚs important pour que le politique puisse à un moment légiférer sur les standards.

Karine Duquesnoy : Spotify Ă©tant une entreprise europĂ©enne, y a-t-il une possibilitĂ© de discussion afin de s'entendre pour ĂȘtre sobres collectivement ?

La rĂ©ponse courte, c'est non. On Ă©change avec Spotify, parce qu'on est arrivĂ© en mĂȘme temps et qu’on a eu les mĂȘmes problĂ©matiques. Aujourd'hui, Spotify, dans leur ADN, leur culture, c'est une entreprise amĂ©ricaine. Depuis qu'ils sont en Bourse Ă  New-York, c'est une entreprise tournĂ©e vers les États-Unis, c'est une autre Ă©chelle. Et eux aussi, ils sont coincĂ©s.

On est en concurrence directe avec des gĂ©ants comme Apple dont la prioritĂ© n'est pas de faire du streaming musical, mais de vendre des Ă©couteurs qui permettent d'Ă©couter du Atmos. Pour eux, forcer Ă  ce qu'il y ait du Atmos sur le marchĂ© du streaming musical, c'est pertinent pour vendre ces Ă©couteurs. Donc, malheureusement je ne crois pas que l’on arrivera Ă  une entente avec tous les acteurs du streaming musical aujourd'hui. Pas de cette façon en tout cas. (
)

Lire la suite de l’entretien sur Pioche! 
Pour réécouter cette rencontre ainsi que les autres temps des Rencontres de l’innovation et des transitions dans la musique (RITM) du CNM, organisĂ©es le 14 mai Ă  l’auditorium de l’OpĂ©ra National de Bordeaux.

3. Garden party

Rendez-vous au camping ©Amapola

Flowers. On prend un peu d’avance pour anticiper au mieux notre voyage au Bois des Charmes de Gazeran (40min de TER depuis Montparnasse), les 4 et 5/07 pour le festival Ă©co-fĂ©ministe Amapola. Et franchement, c’est sĂ»rement l’édition Ă  ne pas louper tant la prog – conf’, musique, théùtre, perf’, expo ou humour – est maboule / le reflet de l’époque. Avec beaucoup de joie dedans. On vous aura prĂ©venu·e.

CactĂ©es. Autre ambiance, mĂȘme combat, lors de la session d'Ă©tĂ© de l'UniversitĂ© des terrestres (3-6/07 Ă  Cornillon-en-TriĂšves, en IsĂšre) du collectif S-composition, qui rĂ©unit lĂ  une Ă©quipe Ă©rudite d’artistes et de penseuses – GeneviĂšve Pruvost, JoĂ«lle Zak, Nastassja Martin, FrĂ©dĂ©rique AĂŻt-Touati et bien d’autres – pour « se mettre en quĂȘte d’un monde plus habitable ». Haut niveau.

Bulbes. Avant cela, nous n’aurons pas manquĂ© le 11e Forum Entreprendre dans la Culture qui aborde – le 1/07 notamment – « le bĂ©nĂ©fice des aides du ministĂšre de la Culture Ă  l’épreuve des engagements Ă©cologiques : on fait le point ! » ; « de nouveaux modĂšles durables dans le spectacle vivant et enregistrĂ© » ; « la coopĂ©ration comme levier de transformation » ; ou encore « Ă©co-concevoir le numĂ©rique culturel ».

Et pour se chauffer, rendez-vous dĂšs aujourd’hui 9h30 Ă  l’AcadĂ©mie du climat (Paris) pour la journĂ©e « DĂ©carboner le livre et l'Ă©dition » organisĂ©e par le Bureau des Acclimatations. On y parlera modĂšle d’abonnement / location en librairie, relocalisation de la fabrication du livre ou optimisation de l’impression au cours de rencontres, speed-meetings, ateliers et verres de l’amitiĂ© (beh oui).

4. Tout est magnifique

  • Pour fĂȘter ses 10 ans, le collectif Slowfest sort la compilation Slowfest Sounds #2 et crĂ©e son label Slowfest Sounds, en collaboration avec Milk Music, pour regrouper les musicien·nes engagé·es pour l'Ă©cologie, qui font de la musique et des spectacles qui polluent moins. On a-dore.

  • Le MinistĂšre de la Culture (encore lui) lance l'appel Ă  projets « RĂ©sidences Vertes » 2025/2026 : 20000 € de sub pour des rĂ©sidences artistes + lieu + pros de la transition Ă©cologique. Candidatures jusqu’au 14/09.

  • Les deux copains Baptiste Roux Dit Riche et Jeremy Debreu lancent Festoche!, leur Ă©mission façon FloodCast qui, aprĂšs Art Rock, invite cette semaine Les Pluies de Juillet + ils parlent de Pioche!. Love.

  • Le So good MAIF Festival quitte Marseille pour Lyon le temps d’une aprĂšs-midi + une soirĂ©e d’écologie festive le 26/06 autour de la bouffe, avec Rokhaya Diallo, Youssoupha ou encore l’humoriste Shirley Souagnon. Infos ici.

  • Si vous ĂȘtes Ă  Toulouse aujourd’hui (19/06) ne manquez pas l’évĂ©nement Let’s Coop organisĂ© aux Halles de la Cartoucherie dans le cadre de l’annĂ©e des coopĂ©ratives, qui convie ici l’écosystĂšme engagĂ© de la Ville rose.

  • FidĂšle lectrice, Mathilde demande une mention pour son atelier, mĂȘlant nouveaux imaginaires du travail, yoga et Ă©criture, qu’elle organise le 5/07 dans le tiers lieu HOBA, Paris 17e. Voici chose faite. Inscriptions ici et Insta par lĂ .

  • Et si vous ĂȘtes dans le coin, la FĂ©dĂ©ration des musiques actuelles d’Occitanie Octopus organise deux rencontres de qualitey en juillet : « L’empreinte territoriale et sociale des festivals » le 2 Ă  Albi (81) au festival Pause Guitare ; et « L’art et la culture : leviers pour l’habitabilitĂ© des territoires ruraux ? », le 12/07 Ă  Faycelles (46) au moment du Mirza Festival.

5. Big bisous

đŸ€“ Merci d’avoir parcouru jusqu’ici cette nouvelle Ă©dition de Pioche!. Qu’en pensez-vous ? Écrivez-nous (sans filtre) Ă  [email protected].

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