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Bonjour à toutes et tous, et bienvenue si vous rejoignez Pioche!

Cette newsletter fête (seulement) son 40e numéro – ici la toute première édition pour les curieux.ses – et elle doit se distinguer quelque peu, puisque nous sommes invités cette semaine au « Festival de l'infolettre », à Ground Control (Paris 12e), ces jeudi et vendredi.Un événement dédié aux newsletters (oui oui) où nous rejoindrons une table ronde intitulée « Newsletter : le nouvel outil du militantisme ? » aux côtés des représentant.es des infolettres Les Glorieuses, Climax et Tech Trash, et de la journaliste Jennifer Padjemi.

On vous remercie donc chaleureusement 1/ pour votre fidèle lecture – vous êtes désormais plus de 3.000 à ouvrir ce courrier (!) – et 2/ pour vos retours francs et constructifs – toujours bienvenus – qui nous portent désormais chaque semaine.

Très bonne lecture, et bonne Pioche!

Jean-Paul, avec Cypriane, Simon, Lucille, Baptiste et Juliette.

1. Boules de neige

Double trouble. « Je ne vous cache pas qu’il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail », lançait E. Macron samedi dernier. Pas au sujet de la réécriture – peu probable – de la réforme des retraites, mais pour réduire l'empreinte carbone de la France de 140Mt. de CO2 par an d'ici 2030. Après l'avoir déjà divisé par 2 en 5 ans – merci les confinements – il va donc falloir « doubler le taux d’effort » expliquait notre PR, après un conseil de planification écologique à huis clos. On lui/nous souhaite bonne chance.

Vive le vent. « Deux fois plus vite », c'était l'ambition du projet de loi d’accélération des énergies renouvelables du gouvernement et adopté hier soir par l’Assemblée nationale (avant le Sénat le 7/02). Las, si le texte est jugé « satisfaisant » sur l'éolien en mer, le rôle du maire comme co-décisionnaire – avec l'État – des zones d'éoliennes sur sa commune, pourrait ralentir les démarches, craignent observateurs et écologistes, qui se sont abstenus.

Looping. Gouvernement (suite et fin) : Bérangère Couillard, secrétaire d’Etat à l’écologie, pousse pour l'adoption de la consigne sur les bouteilles en plastique afin de réduire le retard de la France sur la collecte de ces déchets. Grincements de dents – et lobbying – du côté des collectivités (Amorce) et des industriels (Citeo) qui ont l'un et l'autre construit un petit modèle économique sur le recyclage (et la revente) du plastique.

2. « Je n’arrive pas à lire un rapport du GIEC et juste continuer ma vie d’ado, c’est impossible » – Adélaïde Charrier (Youth for Climate)

Qu’est-ce qu’être jeune et militer pour le climat ? Quel regard a-t-on sur les autres générations, et sur les autres luttes sociales ? Adélaïde Charrier, 21 ans et représentante de l’ONG Youth for Climate, et Victor Auburtin, 18 ans, du mouvement On Est Prêt, nous ont répondu , à l’occasion d’une conférence organisée par Pioche! et le collectif On Est Prêt au festival de Dour l’été dernier.

À l’occasion de la publication de la revue respect 04, dédiée à la jeunesse engagée, et dont Pioche! est partenaire, cet échange a pu être retranscrit et proposé à la lecture.

Vous sentez-vous appartenir à une « génération climat » ?

Adélaïde : La jeunesse d’aujourd’hui est peut-être plus consciente des enjeux climat, mais l’urgence est aussi beaucoup plus présente. Ce serait encore plus effrayant que notre génération ne se mobilise pas alors qu'elle va continuellement devoir y faire face. Mais toute notre génération n'est pas éveillée. C'est là où nous avons un énorme travail à faire.

Victor : Notre génération a commencé à prendre conscience du climat, mais pas plus vite qu’une personne qui appartiendrait à une autre génération et serait aussi très intéressée par le sujet. Toutes les générations peuvent nous rejoindre dans la lutte. Et même si nous vivrons probablement plus longtemps, on a tous·tes notre pierre à apporter à l'édifice. 

Vous appartenez à des mouvements jeunes distincts, avec des approches différentes en termes de radicalité. Comment vous coordonnez-vous ?

Victor : On sera toujours le radical de l’un et le modéré de l’autre. Aujourd’hui chaque solution proposée est, dans une certaine mesure, radicale, dans le sens où l’on propose de changer diamétralement la société. Que ce soit avec des actions de désobéissance civile comme le fait Dernière Rénovation, ou à travers de nouveaux récits.

Adélaïde : Il y a énormément de mouvements, d’organisations, d’individus, c’est un peu complexe. Même entre nous, c’est difficile de s’y retrouver. Mais le but est évidemment de collaborer, en sachant aussi que chacun d’entre nous amène sa propre manière de s'engager. On arrive donc à toucher différentes personnes de différentes manières. On doit taper avec différents marteaux sur le même clou.

Votre engagement est important. Réussissez-vous parfois à poser la casquette de militant ? Quelles sont les conséquences sur vos relations avec vos amis, votre famille ?

Adélaïde : Je ne porte pas un mouvement, c’est tout un mouvement qui se porte. Je ne mets pas ma casquette d’activiste le matin, c’est vraiment ce que j’ai au fond de moi et ça sort, naturellement. Et là est le dilemme constant, entre l’information et l’action. En fait, je n’arrive pas à lire un rapport du GIEC et continuer ma vie en tant qu’ado, faire la teuf... C’est impossible. Je ne peux pas être conscientisée, et ne pas me lever, ne pas résister.

Lire la suite de l'article et/ou commander la revue respect 04.

3. L'abécédaire du front

Pomme Z. La chanteuse Pomme part en tournée, et elle embarque avec elle le mouvement On Est Prêt (cf. ci-dessus). Sur les neuf concerts prévus, quatre se verront prolongés d'actions en ville autour de la biodiversité et du vivant. Première ce 3/02 à Bordeaux – avant Nantes, Lyon et Paris – avec une Fresque de la biodiversité géante à Darwin, ou la visite d'une cave à champignons. An apple a day...

La réponse D. Bordeaux toujours pour les 5e journées « Solutions solidaires », organisées par Libération du 1er au 2/02, où l'on se demandera « comment réconcilier social et environnemental ? ». Ce fil rouge réunira intellectuels, experts et politiques (Cécile Duflot, Laurent Berger, Ariel Kyrou, Pierre Humic...) autour des questions de consommation, d'urbanisme ou de care. Des échanges de haut vol à voir en streaming pour les non Girondins. After avec Pomme pour les autres.

Planet E. Retour à Paris le 7/02 pour la grande soirée de l'Écologie Culturelle – du nom de ce mouvement lancé par le pianiste Patrick Scheyder – à l'Académie du Climat (Paris 4e). S'y succéderont auteurs, musiciens, danseurs, et même du jonglage, chacun exprimant en 15 minutes une manière de s'engager par son art. Lever de rideaux dès 18H30 avec un apéro-conférence du (bien nommé) mouvement jeune Youth We Can!.

4. Popcorn time

Boulettes géantes. OK, on imaginait bien bonbons, popcorn et autres sodas avoir une influence aussi négative qu'un énième Fast and Furious sur notre métabolisme. Mais on était loin d'imaginer leur impact sur la planète. « La confiserie dans les salles représente 25 % du bilan carbone des cinémas français » affirme ainsi la productrice Carole Scotta, à l'initiative de Mieux manger au ciné.

Sa jeune asso milite depuis 2021 pour proposer des alternatives de qualité aux spectateurs des salles obscures, par le biais d'un aventureux concours culinaire. Au palmarès 2022 : biscuits faits d’invendus alimentaires, infusion détox au cassis, glace au malt, et même popcorn au vinaigre de cidre et aux algues marines.

Cette année, le jury présidé par la cheffe – et ancienne championne d’escrime – Manon Fleury récompensera les innovations « originales, anti-gaspi et bon pour la santé » dans les catégories Salé, Sucré, Boisson, Coup de cœur et Jeune pousse. Candidatures ouvertes jusqu'au 31/03, et remise des prix le 18/04 prochain. À vos fourneaux.

5. Tout le monde en parle

Le livre. Le verdict d'Angoulême est tombé : parmi les sept BD en lice, c'est Sous le soleil d'Ana Penyas (Actes Sud, 2022) qui s'est vue récompensée du prix Éco-Fauve Raja 2023 de la BD écologiste de l'année. Dédié « à tous ceux qui ne reconnaissent plus leur terre », la dessinatrice espagnole raconte la disparition de la pêche et de l’agriculture et la bétonisation des côtes dû au tourisme de masse, via l’histoire d’une famille sur trois générations. Et de magnifiques dessins.

L'expo. En Alberta, au Canada, l'environnement se meurt de l'extraction de pétrole des sables bitumineux, enfouis sous la forêt boréale. Lacs devenus toxiques, forêt primaire rasée, rivières détournées, caribous disparus… Le photojournaliste Samuel Bollendorff a traversé cette zone abîmée par l'humain, comme six autres dans le monde, pour en capturer les images aussi esthétiques que terrifiantes. Sa série Contaminations, après moi le déluge ? (cf. image en Une) est à voir à Citéco à partir du 2/02.

Le podcast. Mi-janvier à Nantes avait lieu les Bis, les Biennales internationales du spectacle vivant, dont la particularité était, pour cette édition, la richesse de l'espace dédié au développement durable – soit la transition des pros de la culture. Ces deux jours intenses de prises de parole et de conférences sont désormais à retrouver en ligne en format audio. Une bonne séance de rattrapage en perspective.

Le docu. Lauréat du Grand prix du festival du film d'aventure Objectif Aventure, Naïs aux pays des loups raconte l'histoire de Rémy Masséglia, photographe et chef opérateur, parti avec sa fille de 3 ans sur la trace des loups du Mercantour. Et c'est en réalité par les yeux curieux et humbles de Naïs que l'on rouvre les nôtres sur notre environnement et ses mystérieux habitants. À (re)découvrir – ainsi que les 5 autres films primés.

6. Commu commu

Vous avez un projet ou une annonce à faire paraître sur Pioche! ? Écrivez-nous à [email protected].

• Le Shift Project lance Shiftopie, un concours de bandes-dessinée et de courts-métrages imaginant un lundi bas carbone en 2050. Candidatures jusqu'au 15/03.

• Concours toujours : les 15-25 ans sont appelés à réaliser 2 planches de BD pour « dessiner une Europe verte » jusqu'au 19/05. Quatre week-ends pour 2 dans une ville européenne à gagner (en train).

• Le 12e festival du film responsable de Deauville (7-8/06) ouvre ses candidatures pour proposer film, pub ou documentaires abordant enjeux écologiques et sociétaux.

• À noter enfin, le Paris-Saint-Germain cherche actuellement son responsable RSE en CDI. Toute allusion aux chars à voile est éliminatoire.

7. Dank je wel

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