🌿 L'interview de Cyril Dion (bis) | Libé fait son mini-festival écolo | Booba a du boulot | Le long-métrage de Molécule | Un traité historique | Nous sommes l'orage...

Bonjour à toutes et tous, et bienvenue si vous rejoignez Pioche!

Si notre dernière missive date (déjà) de près d’un mois – et nos plus plates excuses pour cette absence – c’est que ces dernières semaines furent toutes entières tournées vers cet été.

Cette saison estivale devrait, si tout se passe bien, se dérouler en bonne partie sur les routes de France, au rythme des festivals... Plus d’infos très bientôt – mais c’est rien de dire que l’on a hâte de vous en causer un brin !

D’ici là, une excellente Journée internationale des droits des femmes,
Et bonne Pioche!

Jean-Paul, avec Cypriane, Simon, Lucille, Baptiste et Juliette.

1. On n’est jamais trop prudent

Tempête de grèves. Vous avez aimé la « mobilisation historique » (dixit Laurent Berger hier) contre la réforme des retraites ce 7/03 ? Réjouissez-vous. Aujourd’hui 8/03 est lancé un appel à la grève féministe à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes ; suivie, le 9, d’une grève étudiante soutenue par les jeunes écolos ; puis, le 10, d’une grève pour le climat. On est à ça du fordisme militant.

« Historique ». C’est aussi le mot de Greenpeace pour souligner l’adoption par l’ONU, ce 6 mars, du traité dit « 30×30 » qui « réaffirme la volonté de protéger 30 % des océans du monde d’ici à 2030 », et ouvre la voie à la création d’aires marines « entièrement ou hautement protégées dans tous les océans ». À suivre, l’étape (simple) de sa ratification et (surtout) celle de sa mise en œuvre. Good luck.

Effet rebond. L’autre vocable du moment, c’est celui de « désinfluence », du nom de cette tendance, sur TikTok, consistant à influencer sa communauté, non pas à acheter des objets, mais à ne pas surconsommer. Miracle sur la toile ? En partie seulement : le hashtag #deinfluencing – 316,5M de vues tout de même – sert désormais aussi… à recommander d’acheter des produits moins chers, ou de meilleure qualité. Booba, au boulot !

2. « Cette question de l’aliénation, et de notre capacité à en sortir, traverse mes romans et mes poèmes » – Cyril Dion

Cette semaine sort chez Actes Sud Résistances poétiques, un livre-disque réunissant quelques-uns des poèmes du cinéaste et auteur écologiste Cyril Dion, associés aux œuvres de huit artistes plasticien.es – dont JR, Prune Nourry et Anouck Grinberg. Le disque éponyme sort, lui, dans quelques jours.

À cette occasion, nous publions ici un extrait de notre entretien avec le poète militant paru sur Pioche! l’an dernier, où celui-ci détaille la manière dont ses strophes rencontrent les airs de son camarade, Sébastien Hoog…

On vous a vu déclamer des poèmes sur scène, pour la tournée « Le chant des Colibris, l'appel du monde de demain » avec une quarantaine d’artistes, en 2017. Est-ce là qu’est né le projet Résistances Poétiques ?

J’ai d’abord fait une tournée en librairie qui m’a conduit à lire les poèmes, et j’ai vu que les gens étaient très touchés. La poésie est aussi un art de l’oralité, c’est comme ça que je m’y étais intéressé, par le rock. J’ai poursuivi cette expérience avec le Chant des Colibris, où je venais lire en fil rouge du spectacle des textes et des poèmes en musique.

Les artistes qui étaient là, Dominique A, Alain Souchon, Izïa, Arthur H, me disaient : « ben dis-donc, c’est chouette ton truc, tu ne veux pas en faire quelque chose ? ». On a alors construit ce spectacle avec Sébastien Hoog. On a mis en musique de nouveaux textes, et construit une narration, une progression.

Parmi les thèmes traversés dans vos poèmes, la question écologique est évidemment très présente.

Inévitablement. L’art est une façon de donner forme à ce qui nous traverse, et pour moi, depuis une quinzaine d’années, c’est la question écologique. Et notre place dans cette société qui se dit libérale mais est très oppressive, où l’on est considéré comme un agent productif d’un système économique. Cette question de l’aliénation, et de notre capacité à en sortir, traverse mon travail littéraire, mes romans ou mes poèmes.

Depuis l'adolescence, j’ai le sentiment aigu que l'on est bien plus vaste que ce petit maillon producteur-consommateur d’une grande chaîne, que le sens de l'existence ne peut se réduire à ces trivialités politico-économiques. C’est cet écartèlement que je tente de mettre en scène dans mes poèmes. Ce sont encore ces thèmes qui me travaillent aujourd’hui.

Quelle place à la poésie dans votre quotidien bien rempli, aux multiples casquettes ?

La poésie a la chance de pouvoir être interstitielle. Ce qui est plus difficile pour moi, c’est la littérature. Je suis censé rendre un second roman chez Actes sud, et j’ai beaucoup de difficulté à trouver l’espace pour me concentrer, et aller au bout de l’idée que j’ai depuis quelques années. La poésie, a contrario, peut jaillir au milieu de tout un tas de choses.

Elle a tendance à naître de l'écartèlement, de moments où j’ai besoin de trouver une soupape à toute cette pression, à toute cette trivialité à ce quotidien, pour y conférer un sens supérieur. C’est vraiment le moyen pour moi de trouver un équilibre. J’ai toujours mon petit carnet.

3. Flow life

#Bouillant. C’est à un mini-festival que nous invite Libération ce week-end, à l’Académie du Climat (Paris 4e). Pour son Climat Libé Tour, le quotidien invite une vingtaine d’ateliers, un parlement de 70 jeunes, et un line-up de conférencier.ères de haute volée (Éva Sadoun, Yannick Jadot, Ophélie Damblé, Sixtine Dano, Pierre Larrouturou…). RDV dans la cour le soir, devant les DJ sets des copains Gogo Green et DJs for Climate Action.

Rapatittude. Avant cela et dès ce soir, on ira faire le bilan du rap français à la L2P Convention (La Place, Paris 1er) : quatre jours pour explorer la street culture et ses enjeux actuels – identités, empowerment, place des LGBTQIA+… – et interroger, ce 8/03 à 15h30, les « nouvelles pratiques pour les structures culturelles face au défis de la transition écologique ». Aight.

Arctic Monkeys. Vous les gardez ce week-end ? Emmenez-les voir ce « conte symphonique environnemental », où Lise, 10 ans, cherche à sauver les animaux polaires échoués sur son île par la fonte de la banquise. Nouveau – et grandiose – spectacle de l’Orchestre National de Bretagne, L’Île des Jamais Trop Tard se joue ce 10/03 à Rennes, puis le 12/03 à la Seine Musicale de Boulogne-Billancourt (92), avec la prodigieuse Vanessa Wagner au piano.

4. C’est passé chez Pioche!

Pendant ce temps, à la rédaction de Pioche!, ça turbine. Voici quelques-uns des articles écrits par l’équipe ces derniers jours.

28/02. « Pourquoi on se bat » : le premier film de Camille Etienne bientôt disponible en ligne. 1/03. 5 documentaires sur le monde paysan à découvrir pour parler d’agriculture autrement. 2/02. Comment les groupes agro-industriels s’accaparent les terres agricoles en France. 3/03. Qui est Émile Guillaumin, ce paysan-poète qui conta comme personne la vie rurale du XIXe siècle. 7/03. Opéra Climat : à Montpellier, les jeunes chantent pour l’écologie dans une création inédite.

Et bien d’autres articles à lire sur piochemag.fr.

5. Nous sommes l’orage

L'expo. On connaît cette étrange sensation qui nous traverse au fil de l’exceptionnelle – et sublime – exposition Avant l’Orage ; on reconnaît cette « nature » tendue, marquée, technique, mutante… bref, modelée par l’humain et le vivant ; cette fusion désirée mais imparfaite, inavouable. « Tout est intempérie sur Terre (…), car le monde entier est devenu un orage. Et l’orage n’est rien d’autre que le chant de la vie » explique le philosophe Emanuele Coccia dans le catalogue. Un bouleversement à (re)vivre ici.

La danse. Après leur performance remarquée devant le siège de TotalEnergies, en septembre dernier, contre le projet Eacop – sur un morceau de Worakls – aux côtés de la militante Camille Etienne, les danseuses militantes de la compagnie Minuit 12 présentent, ce 11/03 au MPAA Saint Germain (Paris 6e), la version intégrale de leur premier spectacle, Ecumes, dédié à l’eau. À découvrir.

Le livre. On a (enfin) ouvert la dernière BD de Jérémie Moreau (Fauve d’Or 2018), paru en octobre 2022, Les Pizzlys, du nom de ce croisement – réel – entre un grizzly et un ours polaire, conséquence du réchauffement climatique. Le dessinateur nous emmène sur les pas d’une petite famille qui s’éloigne de la ville, et se reconnecte peu à peu au vivant, et à un environnement qui s’étiole. Le récit, simple, est universel, et le dessin juste magnifique. À dévorer.

Le film. Envie de sensations fortes ? Direction le Sailorz Film Festival ce 9/03 à 21h au Grand Rex (Paris 2e). Le musicien Molécule, amateur des captations sonores extrêmes, y présente 29 173 NM, son premier long-métrage tourné sur le Vendée Globe, sur le bateau du skipper Thomas Ruyant par de multiples caméras et micros. Unique – et intense (cf. ci-dessous).

6. Pioche-line

« Nous pourrions avoir déjà perdu près de 80 % de la biomasse des insectes, je pense que c’est l’aspect le plus terrifiant de cette histoire : tous ceux qui ont un certain âge ont assisté au cours de leur vie au plus grand déclin de la biodiversité depuis soixante-cinq millions d’années. Cela se produit maintenant. » 

Formule lancée, au micro du Monde, par le spécialiste britannique des pollinisateurs Dave Goulson qui, dans son livre Terre silencieuse. Empêcher l’extinction des insectes (publié aux éditions du Rouergue le 8/02) alerte sur les conséquences catastrophiques de l’effondrement des populations d’insectes sur les écosystèmes et la pérennité de l’agriculture. Rien à ajouter.

7. Coucou, c’est vous

Vous avez un projet ou une annonce à faire paraître sur Pioche! ? Écrivez-nous à [email protected].

• Les copains de Climax lance les précos de leur 3e numéro, sous le thème de la maille, du biff’, de la moula : « Les riches vont maigrir ». C’est tout ce qu’on leur souhaite.

• Plus qu’une semaine pour soumettre sa proposition artistique / culturelle écolo qui se déploiera sur le Grand Paris Express, dans le cadre de Partage Ton Grand Paris.

• À Montpellier, le nouveau café-bar associatif Quartier Généreux a besoin de soutien financier avant son ouverture, prévue ce mois-ci…

• …alors que La Base-Montpellier, initiée par les antennes locales d’Alternatiba, Extinction Rebellion et Greenpeace, ouvre, elle, ses portes ce week-end.

• D’ailleurs, France Tiers Lieu propose jusqu’à 45 000€ de soutien pour tout tiers-lieu investi sur les enjeux de transition écologique (candidatures jusqu’au 17/03).

• Clap de fin pour le tiers-lieu solidaire Les Cinq Toits (Paris 16e), et la grande fête finale, c’est ce samedi 11/03.

8. Trop sympa

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