• Pioche! Magazine
  • Posts
  • 🌿 L'interview de Lamya (Sea Shepherd) | Worakls et l'écologie | Janco au théâtre | Valérie Masson-Delmotte est grave | Le succès de Seb (ex-la Frite)...

🌿 L'interview de Lamya (Sea Shepherd) | Worakls et l'écologie | Janco au théâtre | Valérie Masson-Delmotte est grave | Le succès de Seb (ex-la Frite)...

Les nouveaux récits de l'écologie 🌿

Bonjour Ă  toutes et tous, et bienvenue si vous rejoignez Pioche!

L’eau traverse plus que jamais nos sujets cette semaine – comme elle circule partout pour irriguer ce qui vit. Elle manque pourtant dĂ©jĂ  Ă  la sortie de l’hiver ici, et mĂȘme Ă  de nombreux endroits depuis plusieurs annĂ©es.

Elle qui nous réunit depuis toujours, de plus en plus nous oppose, de Sainte-Solline au Darfour. Quels usages ? Quoi prioriser ? Qui la détient ?

Et si, plutĂŽt qu’une ressource, elle devenait ce fluide liant cette « communautĂ© terrestre » appelĂ©e de ses vƓux par le penseur Achille Mbembe dans son dernier livre ?

Bonne méditation, et bonne Pioche!

Jean-Paul, avec Baptiste, Cypriane, Juliette, Lucien, Lucille et Wassyl.

1. Gravité

Humain fossilisĂ© sous les coquilles Saint-Jacques d’un gĂ©ant pĂ©trolier, par GaĂ©tan Lorant (cf. plus bas).

Bad news. Les 60 premiĂšres banques mondiales ont financĂ© les sociĂ©tĂ©s du charbon, pĂ©trole et gaz Ă  hauteur de 673Mds$ en 2022 – alors mĂȘme que les superprofits de cette annĂ©e record ont permis un fort autofinancement. OĂč va l’argent ? Sur les 48Mds$ prĂȘtĂ©s en France par BNP Paribas, CrĂ©dit Agricole, SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale, BPCE-Natixis et CrĂ©dit Mutuel, 15,7Mds$ l’ont Ă©tĂ© pour de nouveaux projets fossiles. Pas vraiment un virage.

Good news. Heureusement, les gĂ©ants du pĂ©trole et du gaz lancent leurs « plans climat » et investissent dans les Ă©nergies renouvelables pour atteindre la neutralitĂ© carbone en 2050. « Insuffisant », s’insurge l’ONG Reclaim Finance. Pour 1$ investi dans le bas carbone (pas toujours du renouvelable), TotalEnergies dĂ©pense 3$ dans les fossiles – c’est 32$ pour le NorvĂ©gien Equinor. Pas vraiment un virage (bis).

Enfin. RĂ©uni ce week-end au Japon, le G7 s’est engagĂ© Ă  « rĂ©duire Ă  zĂ©ro toute pollution plastique supplĂ©mentaire d’ici Ă  2040 ». Une bonne nouvelle (enfin) avant un futur traitĂ© international sur le sujet prĂ©vu en mai Ă  Paris. Et il faut faire vite. Chaque minute, l’équivalent d’un camion-poubelle de plastiques se dĂ©verse dans les ocĂ©ans – dont la pollution aura quadruplĂ© d’ici Ă  2050. PĂ©trole mon amour.

Pendant ce temps, toute l’écologie fait bloc derriĂšre Les SoulĂšvements de la Terre, menacĂ©s de dissolution. Lors de cette soirĂ©e mĂ©morable mercredi dernier, Naomi Klein, Philippe Descola, Marine Tondelier, Alain Damasio et bien d’autres ont choisi un mot pour dire leur soutien. On retiendra celui de « gravitĂ© », choisi par la palĂ©oclimatologue ValĂ©rie Masson-Delmotte : son discours dense, clair et percutant doit ĂȘtre vu, revu – et applaudi – Ă  l’envi.

2. « Pour beaucoup, la vie marine se limite au poisson qu’ils ont dans leur assiette » – Lamya Essemlali (Sea Shepherd France)

La culture et les festivals, nouveaux leviers pour mobiliser vers les enjeux Ă©cologiques ? C’est le pari qu’a fait l’association de dĂ©fense des ocĂ©ans Sea Shepherd France en rejoignant l’aventure Ocean Fest, organisĂ© fin mars Ă  Biarritz par Hugo ClĂ©ment et Worakls.

Outre l’aspect financier – tous les bĂ©nĂ©fices sont reversĂ©s Ă  l’ONG – il s’agit aussi de travailler notre relation sensible Ă  l’ocĂ©an, aux poissons, pour mieux les protĂ©ger, expliquait la prĂ©sidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali, lors de la table ronde qui ouvrait l’évĂ©nement. On a voulu en savoir plus.

Pourquoi est-ce important de recrĂ©er de l’empathie pour le monde marin ?

C’est un grand dĂ©fi, et c’est vraiment le cƓur du problĂšme selon moi. Pour la plupart des gens, le seul lien qu’ils ont avec la vie marine, c’est Ă  travers le poisson dans leur assiette. Il faut vraiment recrĂ©er un lien avec le monde marin, arrĂȘter de l’envisager comme une simple ressource, et le considĂ©rer au sein d’une communautĂ© du vivant. Parce que nos destins sont liĂ©s. Il y a lĂ  une notion de respect, et aussi d’enchantement.

Cette dĂ©connexion est dramatique pour un pays comme la France, qui est le deuxiĂšme plus grand territoire maritime au monde, avec 11 millions de kilomĂštres carrĂ©s. Nous avons une Ă©norme responsabilitĂ©. Le marin Éric Tabarly mettait le doigt sur le problĂšme lorsqu’il disait que « l’ocĂ©an pour les Français, c’est ce qu’ils ont dans le dos lorsqu’ils Ă©talent leurs serviettes sur la plage ».

Comment Sea Shepherd agit pour pour retisser cette relation ?

Je suis convaincu qu’à partir du moment oĂč on changera notre regard, notre rapport Ă  l’ocĂ©an et au monde marin, tout le reste en dĂ©coulera. Pour essayer de renouer ce lien, on met en place avec Sea Shepherd des campagnes qui interpellent, qui bousculent le statu quo.

©Tara Lambourne / Sea Shepherd

Pour citer Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd : une baleine qui se fait harponner, ce n’est pas une histoire. Mais des gens qui risquent leur vie pour sauver cette baleine, ça devient une histoire. Le fait que des gens soient prĂȘts Ă  aller aussi loin pour sauver l’ocĂ©an, ça interpelle forcĂ©ment.

Comment Sea Shepherd France s’est retrouvĂ© embarquĂ©e dans l’aventure de l’Ocean Fest ?

Je connais Hugo Clément depuis plusieurs années. Nous avons fait plusieurs campagnes ensemble (
). On se connaßt trÚs bien et on échange trÚs réguliÚrement. On est des compagnons de combat quoi. Quand il nous a proposé ce projet, on a directement accepté.

Il y a d’abord un enjeu financier parce que les bĂ©nĂ©fices gĂ©nĂ©rĂ©s par le festival sont versĂ©s Ă  Sea Shepherd France et vont permettre d’alimenter nos campagnes. On souhaite aussi toucher un public qu’on ne connaĂźt pas. (
) Et aprĂšs, qui sait ? Certains vont s’interroger sur leur rĂŽle sur l’ocĂ©an, d’autres vont peut-ĂȘtre nous soutenir, voire mĂȘme nous rejoindre.

Lire la suite de l'article. Et retrouver les entretiens vidĂ©os avec Hugo ClĂ©ment, et (bientĂŽt) la prĂ©sidente de Sea Shepherd Lamya Essemlali et Worakls sur l’Instagram de Pioche!.

3. Green pride

Cap’. Ce samedi 22 avril, c’est le jour de la Terre, et comme chaque annĂ©e, une multitude de rendez-vous sont organisĂ©s un peu partout en France et au Canada – on a mĂȘme repĂ©rĂ© une soirĂ©e Earth Night Ă  Paris (cf. plus bas). Avec cette annĂ©e comme fil rouge, et en Ă©cho aux lancĂ©s de peinture sur les (vitres des) Ɠuvres des musĂ©es, le mot d’ordre « redessiner l’avenir ». Chiche.

48h Chrono. On garde le rythme le week-end suivant avec Les 48h de l'agriculture urbaine, ses 1 000 rendez-vous et ses 30 000 participant‱es attendu‱es les 29 et 30 avril, dans 32 villes de France – ainsi pas moins de 20 Ă©vĂ©nements ont lieu Ă  Poitiers pour sa premiĂšre annĂ©e. Projos, balades, ateliers, marchĂ©s, et bien sĂ»r fĂȘtes et DJ sets (ici Ă  Toulouse), banquets ou mĂȘme une Green Pride, il y en a pour toustes, et pour tous les goĂ»ts.

Ramuncho. À la fin du mois (du 28/04 au 1er/05) aura lieu le festival Palourdes. Point de coquillage ici, mais un bel Ă©vĂ©nement authentique et convivial dĂ©dié  Ă  l’habitat alternatif et aux maisons lĂ©gĂšres (pas lourdes, CQFD), et Ă  l’écologie sociale. C’est organisĂ© par l’asso Hameaux lĂ©gers Ă  l'Ă©colieu l’Escampette, au nord de Nantes, avec ateliers, rencontres et concerts forcĂ©ment un peu fou – on y a repĂ©rĂ© les copains de Dalle BĂ©ton.

4. C’est passĂ© chez Pioche!

Le musicien Worakls : « Il faut se battre pour ce en quoi on croit, tout simplement »

Pendant ce temps, Ă  la rĂ©daction de Pioche!, ça chauffe. Voici quelques-uns des articles Ă©crits par l’équipe ces derniers jours.

4/04. À Glasgow, ce club transforme la chaleur des danseurs en Ă©nergie pour atteindre le « zĂ©ro carbone ». 5/04. Cyclowtech : trois Ă©tudiants ingĂ©nieurs font un tour d’Europe Ă  vĂ©lo du mouvement « low tech » 6/04. Une BD a mis en dessin les 150 propositions de la Convention citoyenne pour le Climat. 11/04. Voici les 6 livres en lice pour le prix du roman d’écologie 2023. 16/04. Rencontre avec Worakls : « L’écologie, c’est un des combats que j’ai envie de mener ». 18/04. Le Bruit qui Court monte une assemblĂ©e mobile pour dĂ©battre, crĂ©er et danser tout l’étĂ©.

Parmi d’autres articles à lire sur piochemag.fr.

5. Pop alternative

Mona Cara tisse une « mer poubellle » d’animaux en plastique, caddie et cabine Ă  UV.

L’expo. Jusqu’au 23/04 Ă  la Villette (Paris), l’évĂ©nement 100% L’Expo rĂ©unit Ă  nouveau la (trĂšs) jeune gĂ©nĂ©ration d’artistes plasticiens, cinĂ©astes et designers tout juste diplĂŽmĂ©s. Les enjeux environnementaux figurent bien sĂ»r en bonne place : on repĂšre ainsi l’immense tapisserie La Mer poubelle de Mona Cara (ci-dessus), ou encore le fossile humain de GaĂ©tan Lorant, fait de coquilles Saint-Jacques rappelant un cĂ©lĂšbre gĂ©ant du pĂ©trole. Frais et juste.

Le podcast. On aime toujours Ă©couter les mots faciles et inspirants de l’écrivain Jean-Pierre Goux, cette fois au micro de Delphine Darmon pour le podcast Demain n’attend pas, oĂč l’auteur du SiĂšcle Bleu raconte son rĂȘve – en partie rĂ©alisĂ© grĂące Ă  son projet OneHome – de partager au plus grand nombre l’overview effect, soit ce sentiment de fragilitĂ© de la Terre ressenti par les astronautes en observant notre (petite) planĂšte depuis l’espace. DĂ©collage.

Le livre. Sorti le 2/03 dernier, nous avions manquĂ© La face cachĂ©e des Ă©tiquettes, un livre pourtant fort utile pour changer nos rĂ©flexes vestimentaires : rĂ©glementations, impact sur la santĂ©, biais cognitifs, dĂ©jouer le greenwashing, ou 50 matiĂšres textiles analysĂ©es avec leur impact Ă©cologique. C’est solide et prĂ©cieux, et signĂ© des deux fondateurs de la – non moins remarquable – plateforme SloWeAre.

Le docu. 2,8M de vues en 15 jours (!). Pas mal pour un docu oĂč le Youtubeur Seb (ex-Seb la Frite), habituĂ© des dĂ©fis hors normes, se lance dans une expĂ©dition au Kirghizistan afin 1/ de visiter d’immenses glaciers et 2/ de sensibiliser aux consĂ©quences du rĂ©chauffement climatique. Avec son ton hyper pop et faussement naĂŻf, Seb (s’)ouvre Ă  ces enjeux complexes sans avoir l’air d’y toucher. Ultra efficace. Et gratuit sur YouTube.

6. On the road again

C’est à Paris que l’on se donne rendez-vous cette semaine. Be there ou be square.

20/04. Le Centquatre, Paris. Et si l’eau, cet Ă©lĂ©ment si vital et universel, Ă©tait ce lien Ă  retrouver pour refonder notre rapport au vivant ? C’est le message du musicien camerounais Blick Bassy, dont le (magnifique) 5e album MĂĄdibĂĄ – sur InFinĂ© le 26/05 – est dĂ©diĂ© Ă  l’eau. On abordera cette relation, et aussi l’urgence, avec Blick Bassy, Sara CriniĂšre (La Water Family) et l’historien Achille Mbembe en vidĂ©o, en amont de son concert ce jeudi lors d’une table ronde en accĂšs libre.

22/04. Virage, Paris. Autre ambiance samedi oĂč, Ă  l’occasion de la soirĂ©e caritative Earth Night – organisĂ©e au club Virage (Paris 17e) pour la journĂ©e internationale de la Terre – on se demandera si l’on « peut (vraiment) ĂȘtre DJ et s’engager pour la planĂšte ? ». Autour de la table, les DJs Louisahhh, La Fraicheur, Michel D. (DJs 4 Climate Action), Lolita Mang (Trax), Tommy Vaudecrane (Technopol) et FrĂ©dĂ©ric Hocquard (Ville de Paris). EntrĂ©e libre de 21h Ă  22h.

Hier soir se dĂ©roulait aussi une exceptionnelle – et Ă©rudite – table ronde organisĂ©e au théùtre de l’ƒuvre (Paris), Ă  la suite de la piĂšce dont on vous parle tant ici, Coupures. Au micro de Samuel Valensi (The Shift Project) pour rĂ©pondre Ă  la question « Transition Ă©cologique : qui dĂ©cide ? », nuls autres que Jean-Marc « Janco » Jancovici, Eva Sadoun (Lita / Impact France) et LĂ©o Cohen (consultant). C’était brillant, fulgurant – et drĂŽle. Et c’est Ă  revoir sur le Facebook de Pioche!.

7. Ça, c’est vraiment toi

Vous avez un projet ou une annonce Ă  faire paraĂźtre sur Pioche! ? Écrivez-nous Ă  [email protected].

  • Les ami.es du collectif d’artivistes Le Bruit qui Court ont besoin d’aide pour financer leur projet d’assemblĂ©e participative mobile pour dĂ©battre, crĂ©er et danser tout l’étĂ© en Bretagne. À vot’ bon cƓur.

  • Superbe idĂ©e que cette grande AssemblĂ©e des imaginaires lancĂ©e par le festival AtmosphĂšres et l’Ademe pour imaginer une sociĂ©tĂ© respectueuse du vivant. Participation gratuite, et diablement excitante.

  • À Bordeaux, Laurent et les copains de la revue Akki se fendent d’un 3e opus, cette fois consacré  Ă  « L’Art Ă©cologique ». On se disait bien que ça allait vous parler.

  • Lyonnais.es, vous ĂȘtes invité‹es Ă  voter pour le prix Lire pour agir, qui rĂ©compense l’un des 6 ouvrages, dĂ©diĂ©s transition Ă©cologique, de la (trĂšs bonne) sĂ©lection de la Maison de l’Environnement.

8. Cheers

đŸ€“ Merci d’avoir parcouru cette nouvelle Ă©dition de Pioche!. Qu’en avez-vous pensĂ© ? Écrivez-nous Ă  [email protected].

🙏 Vous souhaitez encourager l’équipe ? Soutenez Pioche! Ă  partir de 1€ sur OKPal.

💌 On vous a transmis cette infolettre, et vous voulez recevoir les prochaines – ou lire les prĂ©cĂ©dentes ? C’est ici bonne.piochemag.fr.

đŸ» Ă‡a peut intĂ©resser un.e ami.e ? TransfĂ©rez-lui ce mail. Et retrouvez Pioche! sur Facebook, Instagram, Twitter, LinkedIn et piochemag.fr.