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  • 🌿 La fin de la Gaîté ? | Show must go on | Bonjour l’asile | Agit-prop | Tracteurs d’amour | Minestrone | Bang Bang...

🌿 La fin de la Gaîté ? | Show must go on | Bonjour l’asile | Agit-prop | Tracteurs d’amour | Minestrone | Bang Bang...

Culture & écologies 🌿

1. Show must go on

Show off. Massive Attack continue son combat pour la dĂ©carbonation des concerts. Leur prochain show (Ă  Londres le 6/06) sera entiĂšrement alimentĂ© par des batteries. Dans le mĂȘme temps, le festival UK Boomtown annonce la premiĂšre scĂšne Ă  l’énergie 100% issue d’hydrogĂšne. Outre-Manche, 75,5% de l’énergie Ă©tait encore issue du fossile – charbon, pĂ©trole, gaz naturel – en 2023 (versus 48,7% en France).

Free jazz. Les contrebasses peuvent enfin voyager en train sans que leurs propriĂ©taires ne risquent d’amende. DĂ©cision annoncĂ©e fiĂšrement par le ministĂšre de la Culture, et victoire de haute lutte (cf. cette tribune publiĂ©e en 2021 dans Le Monde par une centaine d’artistes). Raison invoquĂ©e : l’impact carbone des kms en voiture des contrebassistes, bien supĂ©rieur Ă  celui de leurs voyages en train.

Ad lib. L’OpĂ©ra de Bordeaux a trouvĂ© l’astuce : il conduit depuis 2023 une politique « zĂ©ro achat » pour certaines productions. DerniĂšre en date, le spectacle lyrique Les Sentinelles a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e sans aucun achat de dĂ©cor, costume ou accessoire mais en rĂ©utilisant l’existant (stock, autres productions, mĂ©cĂšnes de matĂ©riaux
). Au-delĂ  de l’impact, dĂ©jĂ  une Ă©conomie de 151000€ sur les deux premiers spectacles. Malin.

Pendant ce temps, le drame continue Ă  la GaĂźtĂ© Lyrique, « acculĂ©e » aprĂšs 80 jours d’occupation par dĂ©sormais plus de 440 personnes – dont de nombreux·ses mineur·es isolé·es. Le lieu annonce son souhait de « suspendre le contrat de concession » qui le lie Ă  la mairie de Paris Ă  compter du 28/02 ; ses Ă©quipes quitteront le bĂątiment et suspendront « l’exĂ©cution des contrats des prestataires » (sĂ©curitĂ© incendie, sĂ»retĂ©, hygiĂšne, maintenance) estimant « que la situation constitue aujourd’hui un danger grave et imminent pour eux, pour les personnes qui occupent le lieu et pour le bĂątiment ».

2. « Avec Bonjour l’Asile, j’ai essayĂ© de crĂ©er des miroirs cathartiques qui font du bien » – Judith Davis

Quand un écolieu un peu hippie rencontre à l'écran un magnat de l'immobilier et une citadine désabusée, on s'attend à un festival de poncifs. C'est au contraire une critique juste et trÚs drÎle des travers de notre Úre capitaliste et patriarcale, racontée (et jouée) avec autant de légÚreté que de fraßcheur par une Judith Davis en grande verve.

Rencontre avec celle qui signe avec Bonjour l'Asile, en salles ce 26 février, la réussite écologique et féministe de ce début d'année.

Plusieurs rĂ©cits et de thĂšmes s’entremĂȘlent dans Bonjour l’Asile. Par quels bouts prĂ©sentez-vous le film quand vous en parlez Ă  vos proches ?

Judith Davis : DĂ©jĂ  quand je dis que ça s’appelle « Bonjour l’asile », je vois un petit moment de doute. Quand je complĂšte par : c’est un film qui parle du monde d’aujourd’hui, lĂ , je lis un sourire et une connivence. Parce qu’évidemment, c’est une façon de mettre les pieds dans le plat et de dire que l’on vit dans un monde de fou. Et en mĂȘme temps, ça raconte aussi un accueil, puisque le film parle aussi de rĂ©pit possible, en tout cas souhaitĂ©.

J’ai vraiment essayĂ© d’ĂȘtre Ă  la hauteur du rĂȘve qui est incarnĂ© Ă  l’écran. C’est-Ă -dire qu’on est tout le temps en train de dire qu’on a besoin de nouveaux rĂ©cits, mais on est enfermĂ© dans des films et sĂ©ries formatĂ©s pour ĂȘtre des produits visant un retour sur investissement. Nos imaginaires sont hyper attaquĂ©s par le format publicitaire gĂ©nĂ©ralisĂ©, alors qu’on a plus que jamais besoin de rĂ©cits pour sortir des formes de violences et de domination que beaucoup subissent.

Donc j’ai essayĂ© de crĂ©er un rĂ©cit avec plein de portes d’entrĂ©e : une amitiĂ© entravĂ©e par la maternitĂ© et la charge domestique ; un lieu oĂč l’on essaie de changer le monde menacĂ© par un rachat ; un homme qui souffre de s’auto-exploiter dans sa course Ă  la rĂ©ussite viriliste et matĂ©rielle capitaliste.

Si je devais rĂ©sumer le film, je dirais que c’est un film qui parle de la violence de la rentabilitĂ© comme critĂšre applicable Ă  toutes les activitĂ©s humaines. AprĂšs, c’est une comĂ©die, c’est jubilatoire. J’essaie de crĂ©er des autodĂ©risions, des miroirs cathartiques qui font du bien, qui soulagent et nous permettent de sortir de la sidĂ©ration ambiante.

Vous racontez un choc des cultures dans ce petit Ă©cosystĂšme, qui est aussi un choc entre le monde de l’argent, de la vitesse et du plaisir, et celui du rapport Ă  l’autre, du collectif et aussi un peu quelque chose de l’enfance, de cette folie douce oĂč l’on croit encore que tout est possible. Vous y croyez vous Ă  ce monde du collectif, dĂ©peint avec tant de tendresse dans le film ?

Oui, j’y crois et je me battrai toute ma vie pour que ce soit incarnĂ©. Parce que je souffre beaucoup d’une vie complĂštement dĂ©shumanisĂ©e par des logiques que je vois Ă  l’Ɠuvre dans tous les recoins de nos vies, jusqu’à nos affects, nos Ă©motions.

On vit dans des villes oĂč les parcours socioculturels sont trĂšs tracĂ©s, avec des activitĂ©s et des points de rendez-vous obligatoires, oĂč l’on ne croise que des gens qui nous ressemblent. Parce qu’il n’y a plus de lieu de rassemblement, plus de cafĂ©s avec des tarifs accessibles, et toujours moins de lieux de culture, menacĂ©s Ă  la tronçonneuse. On a quoi comme espaces communs Ă  part des magasins ? C’est quelque chose qui, moi, me heurte. (
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« On a quoi comme espaces communs Ă  part des magasins ? C’est quelque chose qui, moi, me heurte »

Une belle place est donnĂ©e Ă  la diplomatie au sein de ce couple, oĂč le mari s’est converti Ă  la permaculture mais n’a pas rĂ©ussi sa conversion au fĂ©minisme. C’est votre maniĂšre de traiter de la convergence des luttes ?

Oui, totalement. Et d’insister encore et toujours sur le fait que le foyer est un lieu politique. Et que l’épuisement des corps des femmes est dĂ©considĂ©rĂ©, mĂȘme par des gens pleins de bonnes intentions. Ces scĂšnes, ce sont des clĂ©s et des cadeaux que j’ai envie de faire Ă  toutes les femmes qui se retrouvent dans ces situations-lĂ  en permanence.

Effectivement, ce sont Ă  nouveau des choses vĂ©cues. Comment peux-tu devenir vĂ©gĂ©tarien par engagement Ă©cologique et conscience de la souffrance animale, mais ne pas ressentir dans ta chair l’épuisement que ta copine te raconte Ă  longueur de journĂ©e ? (
)

· Lire la suite de notre interview sur Pioche!
· DĂ©couvrir les dessins et costumes du film Ă  la Galerie CinĂ©ma Anne-Dominique Toussaint, 26 rue Saint-Claude Ă  Paris, jusqu’au 1á”‰Êł mars.
· Suivre la tournĂ©e des spectacles Encore plus partout, tout le temps et Aftershow de la compagnie l’Avantage du Doute, sur leur site Internet.

· Bonjour l’Asile, de Judith Davis, en salles ce 26 fĂ©vrier.

3. Agit-prop

Jusqu’au 8/03. 10 artistes contemporain·es, qui articulent leurs travaux autour des perspectives gĂ©opolitiques et Ă©cologiques, font l’objet Ă  la CitĂ© internationale des arts Ă  Paris d’une expo intitulĂ©e Ù‡ÙŰłÙ’ŰłÙ’ « murmures de tempĂȘte », fruit du programme In Situ 2024-2025 de la Fondation Carasso. Ce samedi, dense journĂ©e d’échanges sur les liens entre arts et environnement. De l’eau au moulin.

1/03. Le mĂȘme jour, le collectif Voix DĂ©terres propose « d’arpenter les Ă©cofĂ©minismes » au cours d’un Ă©vĂ©nement du mĂȘme nom, Ă  la Maison de la Conversation (Paris 18e). À 11h, projection du docu de Marine Habert Ce monde n’est pas fait pour nous, suivi d’une rencontre avec la rĂ©alisatrice, et lectures du livre La politique sexuelle de la viande de Carol J. Adams (2025) l’aprĂšs-midi.

6/03. Un peu plus tard Ă  Marseille aura lieu la conf / apĂ©ro pour la reconnaissance des droits de l’OcĂ©an d’OpĂ©ra Mundi, avec plusieurs adjoints Ă  la Ville, la juriste et activiste Marine Calmet (Wild Legal) et l’ocĂ©anographe François Sarano. L’occasion de rappeler la campagne en cours de Wild Legal pour former en France davantage de spĂ©cialistes du droit de la nature, et ainsi mieux la protĂ©ger. Full support.

Enfin le 7/03 Ă  CĂ©sure (Paris), le master Projets culturels dans l’espace public – nourri par l’agitateur Pascal Le Brun-Cordier et alimentĂ© par le mouvement de l’Urbanisme culturel – organise la soirĂ©e mouvante « Dire nos bifurcations pour les faire advenir : pourquoi, comment ? ». Objectif : interroger les conditions de possibilitĂ© des bifurcations, et documenter les rĂ©sultats. Gratuit et ouvert Ă  tous·tes.

4. Tracteurs d’amour

Le livre. AprĂšs le prĂ©cieux CrĂ©ateurs face Ă  l’urgence climatique, recueil d’entretiens croisĂ©s menĂ©s par la Fondation Thalie, celle-ci rĂ©itĂšre ce second volume, CrĂ©ateur-ices Urgence, oĂč (re)dĂ©couvrir ces Ă©changes rares entre les artistes, architectes, scientifiques et penseur.ses : Kader Attia, Thijs Biersteker, ValĂ©rie Cabanes, Nicola Delon, Tim Ingold, Eva Jospin, Albert Moukheiber ou AgnĂšs SinaĂŻ. PrĂ©cieux (bis).

La newsletter. On applaudit vivement Ă  la rĂ©ception du second numĂ©ro de Chaleurs Actuelles, la nouvelle infolettre de nos collĂšgues de Vert, qui semble n’avoir jamais Ă©tĂ© aussi prĂ©cieuse qu’aujourd’hui pour dĂ©zinguer la propagande rĂ©actionnaire et fascisante Ă  l’Ɠuvre ces derniers temps, depuis les plateformes de l’IA et du numĂ©rique US jusque dans nos campagnes. The (real) Night’s Watch.

La docu. Et puisqu’on parle de campagne, il nous faut saluer ici Beau comme un tracteur, touchant documentaire diffusĂ© sur Arte le 19/03 – et ci-dessous en replay – sur la quĂȘte du beau, par la journaliste citadine et arty Clara Beaudoux, dans ses terres natales de la Beauce, aux cĂŽtĂ©s de Michel, son oncle qui n’a pas quittĂ© les plaines. Et de tant d’autres personnages tout beaux. Le tout est d’une tendresse folle. À voir !

5. Minestrone

Vous avez un projet ou une annonce Ă  faire paraĂźtre sur Pioche! ? Écrivez-nous Ă  [email protected].

  • Le rĂ©seau des Ă©vĂ©nements normands NORMA fait paraĂźtre ce jeudi 27 mars la plus grande enquĂȘte sur les mobilitĂ©s des publics et Ă©quipes en festivals (musicaux et pluridisciplinaires). On en reparle ici trĂšs bientĂŽt.

  • Dans le Sud, le rĂ©seau Cofees propose ce matin de 9h30 Ă  11h un webinaire dĂ©diĂ© Ă  la restauration responsable dans les festivals, avec Sabine ChĂątel (Emergences), Camille Muller (Cabaret Vert), Xavier Paillat (Trans Musicales) et Rudy Guilhem-DuclĂ©on (Collectif des festivals).

  • Le 5/03 Ă  Gap, le festival RĂ©gions en ScĂšnes, portĂ© par le Cercle de Midi, propose la rencontre « Culture, ruralitĂ© et transition : trouver un chemin ensemble » co-organisĂ©e avec Arsud.

  • Enfin en Belgique, le festival KIKK lance Ecological Futures, une rĂ©sidence pour artistes et chercheur·euses, explorant les relations entre arts, Ă©cologie et technologie. Candidatures jusqu’au 08/03. 5000€ Ă  la clĂ©.

  • Si vous les avez manquĂ©es, les replays des tables rondes des JournĂ©es Techniques du Spectacle et de l'EvĂ©nement (JTSE) â€“ dont plusieurs autour de l’éco-production – sont dĂ©sormais en ligne.

6. Bang Bang

đŸ€“ Merci d’avoir parcouru jusqu’ici cette nouvelle Ă©dition de Pioche!. Qu’en pensez-vous ? Écrivez-nous (sans filtre) Ă  [email protected].

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