• Pioche! Magazine
  • Posts
  • 🌿 Les festivals les plus « green » au monde | Baptiste Morizot en peinture | De la gym climatique | On a survécu à 28H de marathon | Le tabou de la culture décroissante...

🌿 Les festivals les plus « green » au monde | Baptiste Morizot en peinture | De la gym climatique | On a survécu à 28H de marathon | Le tabou de la culture décroissante...

Culture & écologies 🌿

Bonjour Ă  toutes et tous, et bienvenue si vous rejoignez Pioche!

Cette semaine, un courrier un peu spĂ©cial Ă  l’occasion des Biennales internationales du spectacle – oĂč nous tiendrons stand avec une partie de l’équipe – pour souligner le mouvement de fond qui a lieu dans le secteur culturel.

Car en dĂ©pit de l’envolĂ©e des cachets des artistes et des coĂ»ts de production, c’est toute une classe moyenne et populaire – et paupĂ©risĂ©e – de la culture qui se retrousse les manches pour coller avec ses valeurs et les enjeux de notre Ă©poque, et anticiper des changements qui sont, de toute façon, Ă  l’horizon.

L’ex-ministre de la Culture Rima Abdul-Malak l’avait bien compris, dĂ©fendant une « taxe streaming » bienvenue pour soutenir la musique en France. On espĂšre Rachida Dati au rendez-vous elle aussi, et dĂšs aujourd’hui Ă  Nantes.

Bonne semaine,
Et bonne Pioche!

1. Coupez !

Petit bateau. Le cap se prĂ©cise pour le gouvernement Attal : le premier ministre hĂ©rite de la « Planification Ă©cologique et Ă©nergĂ©tique », M. BĂ©chu reste Ă  la Transition Ă©cologique – malgrĂ© les critiques – quand l’énergie passe sous chez M. Le Maire. Le locataire de Brecy qui vantait lundi 1/ sa nĂ©go pour qu’ArcelorMittal Ă©lectrifie son usine de Dunkerque (contre l’assurance d’une Ă©lectricitĂ© Ă  bas coĂ»t), et 2/ la prio donnĂ©e au nuclĂ©aire français. Un cap clair.

Gilets Maillots jaunes. La pratique du vĂ©lo a progressĂ© de 5% en 2023 en France selon le baromĂštre de frĂ©quentation de l’asso VĂ©lo & Territoires, notamment sur des trajets pour se rendre au travail ou Ă  l’école, avec des pics – notons-le – en juin, Ă  la rentrĂ©e et Ă  NoĂ«l. On fĂ©licite les belles perfs relevĂ©es Ă  Paris, Toulouse, ChambĂ©ry et Saint-Nazaire.

Chivers. Sacs tueurs, bons baisers au pĂ©trole
 La derniĂšre campagne de Greenpeace parodie les films de genre pour alerter sur la pollution plastique (ci-dessus), la dĂ©forestation et les Ă©nergies fossiles, en trois courtes – et drĂŽles – vidĂ©os rĂ©alisĂ©es par La Chose et Alexandre CourtĂšs. Objectif : « Ă©crire un meilleur scĂ©nario pour demain ». Quentin Dupieux likes this.

Pendant ce temps, le label UK de rĂ©fĂ©rence A Greener Future vient de distinguer les festivals les plus « green » du monde en 2023. Si on retrouve les immanquables We Love Green (FR), Boom (PT) et Paradise City (BE) en haut du podium, on note – avec plaisir – le retour de Cabaret Vert (FR) en bonne place, aprĂšs avoir Ă©tĂ© primĂ© en
 2013. Congrats!

2. « La dĂ©croissance dans la culture, c’était encore complĂštement tabou il y a 3 ans » – Lucie Bouchet

Cette semaine, une partie de la rĂ©daction migre Ă  Nantes pour assister – et tenir stand – aux 11e Biennales internationales du spectacle, ce grand raout oĂč le monde de la Culture se retrouve, boit des coups
 et en profite pour se poser quelques questions sur son avenir.

Et notamment sur sa transition Ă©cologique, Ă  l’attendu espace dĂ©veloppement durable, ou « espace DD », avec ses 50 dĂ©bats, keynotes et masterclass de haute volĂ©e. Quels seront les enjeux des dĂ©bats cette annĂ©e ? Teasing de Lucie Bouchet, programmatrice « DD » des BIS.

OĂč en est la transformation Ă©cologique du spectacle vivant ?

Lucie Bouchet : Ces derniĂšres annĂ©es, le dĂ©bat s’est accĂ©lĂ©rĂ© dans un sens positif. J’identifie un vrai tournant Ă  partir de 2018, qui s’est traduit par le crĂ©dit et le sĂ©rieux accordĂ©s Ă  « l’espace DD » par l’ensemble des professions.

Les discussions sont devenues plus techniques. Il y a quelques annĂ©es, on en Ă©tait encore Ă  affirmer le besoin de se transformer. Aujourd’hui, le secteur est mĂ»r, il n’y a plus tellement de dĂ©bat sur le fait qu’il faut agir, c’est plutĂŽt : oĂč on va ? Comment on y va ? Et Ă  quelle vitesse ? On en arrive aux questions fondamentales. 

Mais on n’a pas encore toutes les solutions. C’est l’objet d’un dĂ©bat fascinant qui Ă©volue trĂšs vite. Il y a encore trois ans, la dĂ©croissance Ă©tait complĂštement taboue, alors qu’aujourd’hui elle revient quasi systĂ©matiquement dans les discussions. 

Quels sont les clivages qui existent parmi les acteur·ices mobilisé·es pour la transition ?

La question sociale apparaĂźt progressivement dans les discussions, avec des acteur·ices qui estiment qu’on ne peut pas demander le mĂȘme effort Ă  tout le monde.

Lucie, à gauche, à la gestion de bails lors des BIS 2023. ©Lucie Hermann

Sur l’enjeu des mobilitĂ©s par exemple, certain·es appellent Ă  bien prendre en compte le contexte des Ă©vĂ©nements, selon qu’ils sont ruraux ou urbains. C’est le mĂȘme dĂ©bat que pour la taxe carbone, avec la volontĂ© de ne pas pĂ©naliser deux fois celles et ceux qui n’ont pas le choix de prendre la voiture pour accĂ©der au spectacle vivant.

C’est aussi la rĂ©ponse Ă  une forme de greenwashing par certaines grosses structures qui sur-communiquent sur des adaptations Ă  la marge, voire qui se prĂ©sentent comme motrices de la transition. Ce qui est fascinant, c’est la grande hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des acteur·ices qui se mobilisent. On ne peut pas dire que ce sont les grosses structures contre les petites, le privĂ© contre le public.

On parle souvent du rĂŽle de la culture dans la diffusion de nouveaux rĂ©cits. Mais jusqu’oĂč la culture peut rĂ©ellement agir dans la transformation Ă©cologique de la sociĂ©tĂ© ?  

Il semble important de garder une perspective critique sur les nouvelles expressions ou les solutions toutes faites qui naissent parfois dans la culture. Le sociologue AurĂ©lien Djakouane explique bien que le secteur culturel est trĂšs fort pour se raconter des histoires sur ce qu’il est. Et en effet, il est primordial de s’interroger sur le poids rĂ©el du secteur culturel.

Certain·es sont convaincu·es qu’il peut tout changer, d’autres qu’il ne pĂšse pas grand-chose face Ă  la puissance de la publicitĂ©. De mĂȘme, le fait que la culture dĂ©pende d’infrastructures de transport ou d’énergie sur lesquelles elle n’a pas la main est un argument utilisĂ© autant pour expliquer qu’elle peut bousculer les autres secteurs, que pour prouver son impuissance. 

On a besoin d’en discuter collectivement, de se poser honnĂȘtement la question afin de pouvoir niveler nos actions Ă  la hauteur de notre marge rĂ©elle.

Lire la suite de l’entretien, ainsi que notre dĂ©cryptage de la programmation 2024.
Et retrouver tout le programme de l’espace DD des BIS.

3. Toujours plus

PĂ©loches basques. Biarritz en hiver, une drĂŽle d’idĂ©e ? Bien au contraire. Du 19 au 27/01 s’y dĂ©roule le Fipadoc, un festival de docus Ă  l’exigence mise – chose rare – autant sur l’esthĂ©tique des films prĂ©sentĂ©s (tous rĂ©cents) que la pertinence de leurs sujets : place de la Chine en Afrique (Eat Bitter) ; impact d’Ikea sur les forĂȘts (The Tree Hunter) ; mĂ©decine de campagne (Le dernier visiteur). Et le trĂšs beau La Ferme des Bertrand. On en reparle plus bas.

Circuits courts. Et si l’horizon politique Ă©tait la « biorĂ©gion », cet espace Ă  l’échelle de l’autonomie « de la boulangerie Ă  la pĂ©dagogie, de l’autonomie alimentaire Ă  celle de l’énergie » ? C’est la piste que veut creuser les Rencontres internationales du biorĂ©gionalisme (20-21/01 Ă  l’AcadĂ©mie du climat) aux intervenant·es de haute volĂ©e – GeneviĂšve Pruvost, Yves Cochet, Marin Schaffner
 – pour marier « luttes locales et espĂ©rance globale ».

Un vrai bon air. Enfin direction la DrĂŽme pour les 22e Rencontres de Die et de la BiovallĂ©e (25-27/01), ses ateliers et projections, et ses rencontres avec des invité·es plutĂŽt sympas : Claire Lejeune, ChloĂ© Latour, TimothĂ©e Parrique, GeneviĂšve Azam, Damien CarĂȘme, NathanaĂ«l Coste, Juliette Rousseau, Partager c’est sympa, Camille Etienne
 Autant de voix pour dessiner des luttes Ă©cologiques d'aujourd’hui – et de bonnes raisons pour partir au grand air.

Pendant ce temps, on note cette premiÚre ce soir à Annecy du premier Climate Workout, soit « une séance de sport qui sensibilise avec optimisme sur les enjeux climatiques ». Huh? Préparé depuis un an, ce nouveau format associe table ronde, pitchs de projets engagés, échauffement, et donc 30 min de « Climate Workout ». Toujours plus.

4. C’est passĂ© chez Pioche!

Pendant ce temps chez Pioche!, ça bûche. Voici quelques uns des derniers articles de la rédaction à retrouver sur piochemag.fr.

Au festival Cabaret Vert, la scÚne club est au milieu des arbres © E. Jupinet

4/01. Sport, musique : mettre le frisson collectif des Ă©vĂ©nements au service de l’écologie. Ou comment les pros de l’évĂšnementiel transforment leurs pratiques Ă  coup de bilans carbone et d’expĂ©rimentations fertiles.

8/01. Comment le duo MAB est parti en forĂȘt pour « pister les sons » de leur dernier disque. Leur aventure s’inscrit dans un engagement Ă©cologique de longue date chez les deux frĂšres, portĂ© par leur passion pour la musique.

8/01. CinĂ©ma : le bilan carbone est dĂ©sormais obligatoire pour les films subventionnĂ©s. La mesure est avant tout pĂ©dagogique car l’empreinte des Ɠuvres n’influence pas l’attribution des subventions.

10/01. Aux Biennales internationales du spectacle, le pari de la coopĂ©ration pour transformer la culture. Devant l’urgence, la coopĂ©ration s’impose comme moteur d’une transformation profonde et vertueuse du secteur culturel.

16/01. À Rennes, on a survĂ©cu Ă  28h de marathon crĂ©atif pour rĂ©imaginer les mobilitĂ©s des festivals. L’idĂ©e : repenser les mobilitĂ©s des Ă©quipes et des publics de festival et rĂ©duire l’impact environnemental du transport. Et en effet, c’était sport.

Et retrouvons-nous Ă  « l’Espace DD » des Biennales internationales du spectacle de Nantes, ces 17 et 18/01, pour papoter autour d’un cafĂ© ou d’un verre – selon l’heure – au stand Pioche!, ou aprĂšs cette table ronde modĂ©rĂ©e par nos soins. À tout Ă  l’heure.

5. Déjà vu ?

« L’effet castor » de Suzanne Husky, co-pensĂ© avec Baptiste Morizot, 2023.

L’expo. C’est au Drawing Lab (Paris 1er) que s’exposent Ă  partir du 26/01 les pensĂ©es – et les Ɠuvres – dĂ©licates de Suzanne Husky, sous l’élĂ©gant titre « Le temps profond des riviĂšres ». Elle qui maitrise aussi bien dessin, cĂ©ramique, sculpture et tapisserie qu’agroĂ©cologie, paysage et horticulture, tire de ses relations (et collabs) avec les penseurs militants de notre Ă©poque des aquarelles sublimes, qui donnent Ă  voir autant qu’à comprendre.

Le livre. Quoi de mieux pour cette semaine de transition dans la culture que Rendre le spectacle vivant plus durable, livre rĂ©unissant 30 contributions pour « dĂ©crypter les enjeux de la transition Ă©cologique appliquĂ©s au monde du spectacle vivant ». PrĂ©facĂ© par Camille Etienne, on y retrouve la fine fleur des spĂ©cialistes du sujet, gage – s’il en fallait – du sĂ©rieux et de la qualitĂ© de l’ouvrage. Il sera prĂ©sentĂ© aujourd’hui aux BIS, et c’est dĂ©jĂ  un must have.

Le podcast. DĂ©couvert sur le tard, le podcast Sur la Terre explore – depuis 16 Ă©pisodes dĂ©jĂ  ! – les initiatives et solutions pour surmonter la crise Ă©cologique et climatique « sous toutes les latitudes ». DĂ©jĂ  vu ? Think again. À la rĂ©alisation, on retrouve l’AFP et le mĂ©dia The Conversation pour construire des sujets originaux, exigeants et Ă©tayĂ©s. Le dernier, « Manipuler l'ADN pour faire face au changement climatique ? », en est un bon exemple.

Le film. On avait adorĂ© Reprise en main, son dernier film – et premiĂšre fiction – sur le rachat d’une usine par ses employĂ©s. Alors aime beaucoup La Ferme des Bertrand, qui voit son rĂ©alisateur Gilles Perret revenir au documentaire pour raconter 50 ans de cette ferme et sa famille (images d’archives Ă  l’appui !), de la mĂ©canisation Ă  la dĂ©sillusion. Et par lĂ , partager une rĂ©flexion sur le temps, le relai entre gĂ©nĂ©rations, et ce qui ne change pas. En salles le 31/01.

6. Srabs

Vous avez un projet ou une annonce Ă  faire paraĂźtre sur Pioche! ? Écrivez-nous Ă  [email protected].

  • La maison d’édition Wild Project ouvre un cycle de 3 webinaires d’initiation aux pensĂ©es de l’écologie : premier cours « Qu’est-ce que l’écologie ? » le 1er fĂ©vrier.

  • À Arles, le Mas Baudran, nouveau lieu mĂȘlant art et nature, organise une journĂ©e autour de la « dĂ©plastification » avec une vingtaine de spĂ©cialistes. À regarder de prĂšs.

  • La cellule Culture du Shift Project ouvre une plateforme de ressources pour accompagner les pros dans leur dĂ©carbonation, confĂ©rence gratuite, fresques de la mobilitĂ© culturelle et de la culture.

  • Le Collectif des festivals rouvre ses formations pour les professionnels de la culture : com DD, VHSS au travail, transition


  • Sur le mĂȘme thĂšme, nos amies de The Green Room viennent de prĂ©senter leur guide STOMP â€“ et plein de bonnes pratiques – pour rĂ©duire l’impact de la musique cĂŽtĂ© numĂ©rique.

  • Les collĂšgues de Vert recrutent un·e social media manager pour un CDD d’un an (au moins).

7. Bien cordialement

đŸ€“ Merci d’avoir parcouru jusqu’ici cette nouvelle Ă©dition de Pioche!. Qu’en pensez-vous ? Écrivez-nous (sans filtre) Ă  [email protected].

💌 On vous a transmis cette infolettre, et vous voulez recevoir les prochaines ou lire les prĂ©cĂ©dentes ? C’est ici bonne.piochemag.fr.

đŸ» Et retrouvez Pioche! sur Instagram, Threads, LinkedIn, Facebook et piochemag.fr.

đŸ‹ïžâ€â™€ïž Pour vous engagez dĂšs aujourd’hui prĂšs de chez vous, piochez l’un des dĂ©fis citoyens et solidaires sur la plateforme de notre partenaire Diffuz.