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🌿 Paysages Mouvants | Man vs Wild | Flavia Coelho et l'extrême droite | Le grand épuisement | Salade-tomates-oignons...

Culture & écologies 🌿

Bonjour Ă  toutes et tous, et bienvenue si vous rejoignez Pioche!

Un mot sur le budget passĂ© (non votĂ©) hier Ă  l’AssemblĂ©e nationale pour souligner la rĂ©duction de 14% pour l’écologie, dont -1,4Mds€ de « fonds vert » pour les territoires et -1Md€ de MaPrimeRenov. En baisse aussi le soutien Ă  l’électrification des vĂ©hicules et aux Ă©nergies renouvelables.

CĂŽtĂ© Culture, le ministĂšre rĂ©duit la voilure (-395M€), comme plusieurs collectivitĂ©s locales : aprĂšs la rĂ©gion Pays de la Loire (-73% du budget dĂ©diĂ© Ă  la Culture), le dĂ©partement de l’HĂ©rault supprime 48% de sa dotation Culture. En Auvergne-RhĂŽne Alpes, l’économie sociale et solidaire (ESS) perd le soutien de la RĂ©gion (-1,7M€).

Hier encore, le « fleuron français » TotalEnergies annonçait 15,2Mds€ de bĂ©nĂ©fices – en baisse de 26% – et 15,7Mds reversĂ©s en dividendes et en rachat d’actions en direction de ses actionnaires, qui sont Ă  40% Nord-amĂ©ricains. MalgrĂ© ses humeurs, Bernard Arnault reste 5e fortune mondiale, et s’est enrichi de 20Mds$ le mois dernier.

Dans la course au dumping fiscal engagée depuis la fin des 30 Glorieuses, on sait qui tient la corde, et qui se balance au bout.

Bonne semaine.

1. Karbon 14

Richard Pak, « Soleil vert », 2023. À voir au Jeu de Paume © Richard Pak

Volte/Face. Avis aux pros : les aides du Centre national de la musique (CNM) seront majorĂ©es de 5% (vous avez bien lu) en cas de respect de certains critĂšres Ă©cologiques, et 5% en sup’ sur des critĂšres d’égalitĂ© de genre. Pour les festivals de plus de 2,5M€ de budget, la rĂ©duction de l’impact environnemental (mobilitĂ©s, Ă©nergie, Ă©quipe dĂ©diĂ©e, Ă©valuation, territoire
) sera dĂ©sormais nĂ©cessaire.

DeLorean. De leur cĂŽtĂ©, les grosses boĂźtes du live en France – via EkhoscĂšnes (ex-Prodiss), Live Nation, S-PASS TSE... – lancent le Projet M.A.T.R.I.C.E, une Ă©tude sur 3 ans pour 1/ Ă©valuer l’impact des tournĂ©es d’artistes ; et 2/ organiser des tournĂ©es test plus durables. MalgrĂ© une littĂ©rature abondante sur le sujet, rien ne vaut l’apprentissage par soi-mĂȘme. Restent trois ans de perdus (ou de gagnĂ©s, c’est selon).

Pika. À Charleville-MĂ©ziĂšres, le festival Cabaret Vert – dont Pioche! est un partenaire rĂ©gulier – poursuit sa dĂ©carbonation entamĂ©e dĂšs 2022 (notre article), avec 1/ plus de sobriĂ©tĂ© 2/ l’arrivĂ©e de la haute tension, 3/ un appel au local pour accueillir des installations photovoltaĂŻques, et 4/ la renaissance d’une centrale hydroĂ©lectrique sur le site. Objectif 2030 : une autonomie Ă©nergĂ©tique partagĂ©e avec les riverains. Classe.

Et on dit merci au collectif de professionnels de l’audiovisuel et du cinĂ©ma Les Toiles Vertes qui lance ce rapide questionnaire pour juger collectivement, comme en 2024, du traitement des enjeux Ă©cologiques et sociĂ©taux dans les films retenus pour les CĂ©sar (cette annĂ©e L’Amour Ouf, Emilia Perez, Flow, Vingt Dieux, etc.). Sympa.

2. « Au BrĂ©sil, l’extrĂȘme droite est d’abord arrivĂ©e par des phrases chocs » – Flavia Coelho

L’étĂ© dernier, nous rencontrions Flavia Coelho, chanteuse brĂ©silienne dont la voix chaleureuse, mĂȘlant Ă  l’envi influences reggae, bossa, hip-hop et funk, a conquis le public français. En tournĂ©e pour son cinquiĂšme album Ginga, on la voyait signer une tribune aux cĂŽtĂ©s de prĂšs de 500 artistes mobilisé·es contre l’extrĂȘme droite.

« Je sais ce que c’est quand le doute commence Ă  s’installer dans la tĂȘte des gens, avec ce discours qui prĂ©tend s’adresser au peuple. J’ai vu Ă  quel point ça laisse beaucoup de traces, de l’homophobie, du racisme, la peur de l’autre
 » tĂ©moignait alors celle qui est nĂ©e lors de la dictature militaire, et a vu, depuis la France oĂč elle vit depuis bientĂŽt 20 ans, les consĂ©quences d’un Jair Bolsonaro au pouvoir.

À l’heure oĂč ici, du centre Ă  l’extrĂȘme droite, emportĂ© par l’élan Trump II, on coupe dans les agences d’État, les budgets de la Culture ou de l’économie sociale et solidaire (ESS) – autant de communs – il nous semble opportun d’enfin relayer son interview. Un petit dĂ©tour par son pays et son histoire rĂ©cente, comme pour rappeler que c’est une chance de payer ici plus d’impĂŽts qu’ailleurs – et les plus riches davantage que les autres.

Le 11 juin dernier, deux jours aprĂšs la dissolution de l’AssemblĂ©e nationale, tu as choisi de prendre position via ton compte Instagram. Qu’est-ce qui t’a poussĂ©e Ă  Ă©crire ces quelques mots ?

Flavia Coelho : La nuit de dimanche (9 juin, jour de la dissolution de l’AssemblĂ©e nationale, ndlr) a Ă©tĂ© assez compliquĂ©e, je n’ai pas dormi. Et quand je ne dors pas, c’est auprĂšs des livres que j’essaye de trouver les mots. Ce soir-lĂ , je lisais le livre d’Edouard Louis, Qui a tuĂ© mon pĂšre ?, dans lequel il parle de son pĂšre, victime d’un systĂšme et d’une organisation politique capable de noyer les gens. C’est Ă  partir de lĂ  que j’ai voulu Ă©crire ces quelques mots.

C’était un moment de grande tristesse, parce que j’ai dĂ©jĂ  vĂ©cu ça dans mon pays Ă  deux reprises. Je suis nĂ©e sous la dictature militaire, j’avais Ă  peine 6 ans lorsqu’elle s’est terminĂ©e. Toute mon adolescence s’est faite au moment de la transition vers la RĂ©publique. On a vĂ©cu avec des interdictions qui ont Ă©tĂ© levĂ©es petit Ă  petit, et on a bien vu les consĂ©quences de ces interdictions sur la vie des gens. (
)

C’est vraiment en quittant le BrĂ©sil, en venant en France, que j’ai compris la notion de libertĂ©, de fĂ©minisme, que j’ai dĂ©couvert mes droits, que j’ai commencĂ© Ă  me penser comme un ĂȘtre humain Ă  part. (
) J’ai rencontrĂ©, ici en France, des femmes qui se battent pour leurs droits, des gens qui luttent pour l’éducation, pour la culture, pour le social, qui se mobilisent pour les droits d’autres personnes dans d’autres pays. J’ai dĂ©couvert un pays curieux de la culture des autres.

Il y a beaucoup de choses dans ma vie qui se sont produites grĂące Ă  la France, aux personnes que j’y ai rencontrĂ©es. Et donc quand je vois ce qui arrive aujourd’hui, je suis envahie par la tristesse. J’ai du mal Ă  comprendre comment on en est arrivĂ© lĂ .

Toi qui as connu, Ă  travers ta famille et tes ami·es, l’arrivĂ©e de l’extrĂȘme droite de Jair Bolsonaro au pouvoir, en 2019 au BrĂ©sil, qu’est-ce que tu as envie de rĂ©pondre Ă  l’argument : « l’extrĂȘme droite, on n’a jamais essayĂ© » ? 

Au BrĂ©sil, l’extrĂȘme droite est d’abord arrivĂ©e par des phrases chocs. Les codes sont toujours les mĂȘmes : elle se maquille dans un discours qui prĂ©tend s’adresser au peuple, qui prĂ©tend parler de maniĂšre franche. C’est un faux discours car ces personnes sont vraiment loin des prĂ©occupations du peuple. Ce sont des gens qui ne pensent qu’à eux, qui ne sont pas solidaires.

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« Quand l’extrĂȘme droite est arrivĂ©e, elle a coupĂ© une grande partie des subventions »

Quand ils sont arrivĂ©s au pouvoir, ça a rĂ©veillĂ© des choses dangereuses. Les gens se sentaient libres d’ĂȘtre racistes. Comment peut-on ĂȘtre raciste au BrĂ©sil alors que la grande majoritĂ© du pays est mĂ©tissĂ©e ? L’homophobie a gagnĂ© du terrain, les droits des femmes ont reculé  Il y a mĂȘme eu un projet de loi visant Ă  criminaliser les femmes qui ont Ă©tĂ© violĂ©es et qui avortent. C’est ça l’extrĂȘme droite.

Quelles ont été les conséquences pour les artistes et la culture ?

L’extrĂȘme droite est contre la culture. DĂ©jĂ , au BrĂ©sil, on n’a pas beaucoup de culture subventionnĂ©e comme ici, on n’a pas de SMAC (scĂšnes de musiques actuelles, ndlr) ou de conservatoires. Quand l’extrĂȘme droite est arrivĂ©e, elle a coupĂ© une grande partie des subventions des salles de concert publiques. Pareil pour les financements dirigĂ©s vers les associations qui essayent de sensibiliser les jeunes contre l’usage de drogue, contre la violence, pour le vivre-ensemble. Tous ces projets-lĂ  ont Ă©tĂ© mis Ă  l’écart.

Pendant quatre ans, le gouvernement a beaucoup soutenu la musique country brĂ©silienne, populaire chez les grands fermiers, les mĂȘmes qui soutiennent l’extrĂȘme droite et rasent l’Amazonie. Les artistes niches Ă©taient oublié·es. On a vu des artistes qui soutenaient le gouvernement avoir des avantages Ă©normes, et ceux/celles qui s’y sont opposé·es en ont subi les consĂ©quences. (
)

3. La 25Ăšme Image

KaratĂ© Kid. À Toulouse, l’immense tiers-lieu / food court Les Halles de la Cartoucherie ouvre le cycle « Faire Écologie » du 7 au 9/02 oĂč retrouver des ateliers « philo’lecture » pour enfants, un voyage en 2030 Glorieuses, des tables-rondes (alimentation, ville, actions
), land art, jeux, projos et concerts.

Apocalypse Now. Pour les Parisiens, deux rendez-vous ce week-end. Le premier est au Consulat vendredi, avec cette confĂ©rence (gratuite) organisĂ©e par le collectif CUT!, « RĂ©duire, ralentir, rĂ©sister : quel cinĂ©ma pour un monde en transformation ? », avec l’économiste – et partisan de la dĂ©croissance – TimothĂ©e Parrique en invitĂ©.

Tron. La suite se dĂ©roule au musĂ©e des Arts et MĂ©tiers pour un week-end autour du numĂ©rique durable, avec un programme exigeant : « confĂ©rence dĂ©montĂ©e du numĂ©rique », Ɠuvre collective de dĂ©chets Ă©lectroniques, Ă©loge funĂšbres des innovations perdues, expo, masterclass... Et une soirĂ©e spĂ©ciale Â« Intelligence artificielle, climat : des liaisons dangereuses ? » des collĂšgues de Vert. 

Enfin Ă  Marseille, on dĂ©couvre le Labo des DĂ©sirs et ses rencontres mensuelles pour explorer notre lien Ă  la nature par l’art et les sens. Mais encore ? Cette semaine le thĂšme « ForĂȘver » se dĂ©cline en danse et thĂ©Ăątre, musique ou rĂ©flexions – on note la table ronde « L’art peut-il prĂ©server le vivant ? » – le tout trĂšs participatif. Vous nous raconterez.

4. Man vs Wild

Lucy + Jorge Orta, Symphony for Absent Wildlife, 2020 Vidéo ©David Bickerstaff

Noble art. À Marseille toujours, nous serons samedi Ă  l’ouverture de l’exposition « Âmes Vertes, quand l’art affronte l’anthropocĂšne », installĂ©e Ă  la Friche la Belle de Mai jusqu’au 1er juin par la Fondation EDF, et dont nous sommes ravis d’en ĂȘtre partenaire.

Sur les deux plateaux de 1 400m2 de la Friche, le commissaire Paul Ardenne y prĂ©sente les installations monumentales, les photographies, tapisseries, sculptures et maquettes architecturales de 22 artistes et 5 architectes – parmi lesquels JĂ©rĂ©my GobĂ©, Suzanne Husky, le collectif Polymer ou StĂ©phanie Sagot.

Chacune Ɠuvre tentera de dĂ©placer notre regard sur les problĂ©matiques environnementales en travaillant / sublimant la matiĂšre naturelle (terre, vĂ©gĂ©tal, cire d’abeille, dĂ©chets...). On s’attend Ă  ĂȘtre troublĂ©, autant qu’inspirĂ©. Reportage Ă  venir.

Infos et réservations sur le site de la Friche la Belle de Mai.

5. Le grand Ă©puisement

Au Jeu de Paume - Mounir Ayache, The Scylla/Charybdis Temporal Rift Paradox, 2025. ©Mounir Ayache

L’expo. Au Jeu de Paume (Paris), le festival « Paysages Mouvants » s’offre une 2e Ă©dition de ses « mĂ©tamorphoses de l’image contemporaine » en trois temps (7-9/02, 7-9/03, 21-23/03). Fil d’Ariane : l’environnement menacĂ© par l’humain, dĂ©clinĂ© en concerts, projos, confs, ateliers ; mille merveilles parmi lesquelles plonger (et faire la fĂȘte) oĂč l’on repĂšre les noms d’Eliza Levy, Philippe Descola ou Vincent Moon. Excellent.

Le podcast. Est-ce que cela peut encore changer les choses de s’engager pour une cause ? La question est posĂ©e par Maud de Carpentier, dans ce podcast en 5 Ă©pisodes de 30 minutes de Louie Media, cofinancĂ© par Greenpeace, Ă  des activistes (dont Thomas Brail ou BenoĂźt Hamon) qui racontent ce qui les motive Ă  persĂ©vĂ©rer, malgrĂ© tout : victoires d’étape, relations, Ă©panouissement, reconnaissance sociale.

Le livre. Depuis plusieurs annĂ©es, on croise Nelly Pons en modĂ©ration de confĂ©rences – dont plusieurs pour Pioche! – oĂč signant un nouvel ouvrage, pour Actes Sud notamment. Nous n’avions pas vu venir son burn-out. Elle le raconte aujourd’hui sans pathos dans Le grand Ă©puisement, dĂ©couvrant cette part d’intime pour mieux appeler Ă  rĂ©sister Ă  cette Ă©poque qui dĂ©sagrĂšge la planĂšte autant que notre santĂ© mentale.

Le film. Comme il y a des beaux-livres que l’on aime feuilleter Ă  loisir, Yann Arthus-Bertrand est passĂ© maĂźtre des films aux belles images. Pour son nouveau film, Nature, le rĂ©alisateur de La Terre vue du ciel a rassemblĂ© des archives et les images de plus de 100 pilotes de drones dans le monde – « pour minimiser son empreinte carbone » – et livrer un trĂšs joli docu, un poil plus sombre qu’à l’habitude. À voir mardi 21h, sur M6.

6. Salade-tomates-oignons

Vous avez un projet ou une annonce Ă  faire paraĂźtre sur Pioche! ? Écrivez-nous Ă  [email protected].

  • Le centre de ressources nantais dĂ©diĂ© Ă  l’information de proximitĂ© Ouest Medialab a recensĂ© 2 644 mĂ©dias locaux (radio, web, papier
) sous la forme d’une carte interactive, en accĂšs libre. On adore.

  • Arviva recueille les tĂ©moignages de celles et ceux qui expĂ©rimentent de nouvelles maniĂšres plus soutenables de programmer (rythme, liens aux artistes, fond et forme, coopĂ©ration
). C’est Ă  vous.

  • Acteurs culturels lyonnais, rejoignez la promotion « Culture et Climat 2025 » jusqu’au 14/02 et bĂ©nĂ©ficiez d’un accompagnement gratuit sur 8 mois par la MĂ©tropole du Grand Lyon pour Ă©valuer vos Ă©missions carbone et les rĂ©duire.

  • Sur LinkedIn, l’érudite revue Terrestres (pilotĂ©e par l’économiste GeneviĂšve Azam), balance de temps ses – non moins Ă©rudits – conseils de lecture dans cette newsletter simple et bonne. RecommandĂ©e.

  • AprĂšs le malin Impact CO2, l’Ademe a dĂ©veloppĂ© Impact Alimentation, un petit calculateur trĂšs simple pour identifier l’empreinte carbone de notre alimentation, du champ Ă  l’assiette, et nous informer sur les choix durables. 

  • L’association Wild Legal lance son MOOC, une formation en ligne de grande ampleur pour les personnes qui souhaitent rejoindre le combat pour la dĂ©fense des droits de la nature. Une campagne de soutien est lancĂ©e sur Ulule.

7. Goodfellas

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