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Culture & écologies 🌿

Bonjour Ă  toutes et tous, et bienvenue si vous rejoignez Pioche!

Cette semaine, une partie de l’équipe quitte ses pĂ©nates bretonnes et montpelliĂ©raines pour dĂ©ambuler dans Paris – et en particulier vers la GaĂźtĂ© Lyrique.

Avec mĂȘme un peu de temps pour un cafĂ©/verre. À bon entendeur...

À toute (ou à tout’),
Et bonne Pioche!

©Sziget 2023

1. Sur un fil

Nuance. « Nous comprenons les agriculteurs », explique Greenpeace, pour qui la rĂ©volte est « la consĂ©quence directe des politiques agricoles et commerciales », de « l’ultra-libĂ©ralisme » et du « systĂšme agro-industriel » qui les « prĂ©carisent ». L’ONG dĂ©plore « la manipulation du dĂ©bat », et souligne que les normes environnementales « permettent d’assurer la pĂ©rennitĂ© de l’agriculture sur le long terme ». Pas simple, mais bienvenu.

En kiosque. Le groupe Le Monde publie son bilan carbone. Pourquoi cela nous intĂ©resse ici ? Pour ce que cela raconte de l’évolution de la presse, et de la bascule des usages – et de leur impact. Ainsi, si le papier demeure le plus Ă©metteur par lecteur/lectrice, c’est bien le numĂ©rique qui fait aujourd’hui l’empreinte carbone d’un mĂ©dia... dont la plus grande part (40 % !) provient des seuls mobiles, laptops et tablettes utilisĂ©s pour s’informer. À lire... en ligne.

Pendant ce temps, le festival gĂ©ant hongrois Sziget vient de recevoir une seconde distinction pour, cette fois, son engagement sur les questions sociales. DĂ©cernĂ©e par l’European Festival Awards dans la catĂ©gorie « Take a Stand », celle-ci succĂšde, le mĂȘme jour, Ă  la reconnaissance de ses qualitĂ©s environnementales par la certification A Greener Future. Cette annĂ©e, nous irons au Sziget en train (et on vous dit bientĂŽt comment). Hashtag teasing.

2. « Les campagnes sont les dĂ©laissĂ©es de la modernitĂ© » – Emmanuel Tibloux

En aoĂ»t dernier, nous rencontrions Emmanuel Tibloux, directeur de l’École nationale supĂ©rieure des Arts DĂ©coratifs (ENSAD), Ă  la suite de sa confĂ©rence sur le « design des mondes ruraux » au festival Agir pour le Vivant, Ă  Arles.

Deux heures et trois cafĂ©s en terrasse, le temps de comprendre comment des notions aussi diverses que la campagne, l’écologie mais aussi la bifurcation, bouleversent l’enseignement dans les Ă©coles d’art et de design.
Par the one-and-only Samuel Chabré.

Emmanuel, pourquoi sommes-nous si fasciné·es par la campagne alors que nous sommes de moins en moins nombreux·ses à y vivre ?

Emmanuel Tibloux : Pour te rĂ©pondre, j’aimerais remonter aux deux grandes crises qui ont rythmĂ© mon dĂ©but de mandat Ă  l’ENSAD, celle du Covid-19, mais surtout celle des « gilets jaunes » en novembre 2018.

Cette crise des gilets jaunes, c’est d’abord le retour sur le devant de la scĂšne de celles et ceux qui ont Ă©tĂ© mis·es Ă  l’écart de notre sociĂ©tĂ© contemporaine. Nous sommes dans une impasse de la modernitĂ©, et les voix que l’on doit Ă  nouveau Ă©couter sont celles qui ont Ă©tĂ© refoulĂ©es ou dĂ©laissĂ©es par cette modernitĂ© : toutes les personnes qui ont Ă©tĂ© dominĂ©es, exploitĂ©es, minorĂ©es.

Le mouvement des gilets jaunes a aussi catalysĂ© le sentiment d’abandon ou de dĂ©laissement des campagnes. Il a activĂ©, en la dramatisant, l’opposition multisĂ©culaire qui existe dans nos sociĂ©tĂ©s entre la ville et la campagne.

Emmanuel Tibloux, les yeux dans les yeux ©Beryl Libault

En parallĂšle, les problĂ©matiques rencontrĂ©es Ă  la campagne, notamment quand il est question d’écologie, nous permettent de comprendre qu’il n’y aura pas de grande transformation Ă©cologique de notre sociĂ©tĂ© sans prise en compte des enjeux sociaux. Il faut se rappeler que c’est une mesure de taxation du carburant qui a fait descendre des gens sur des ronds-points. (
)

C’est un petit sĂ©isme de crĂ©er en 2021 un post-master intitulĂ© “Design des mondes ruraux”, qui plus est dĂ©localisĂ© Ă  Nontron en Dordogne, pour une des Ă©coles françaises les plus prestigieuses situĂ©e Ă  Paris. 

Ce territoire possĂšde tous les signes de la dĂ©prise : des gens qui vieillissent, des agriculteur·ices qui partent, des services publics qui ferment, loin des mĂ©tropoles. Mais il possĂšde des caractĂ©ristiques, des savoir-faire vernaculaires, des rĂ©seaux de solidaritĂ©, un tissu associatif, Ă  l’opposĂ© de ces signes de dĂ©prise.

Ce que l’on a essayĂ© de faire, c’est de re-territorialiser une Ă©cole nationale comme la nĂŽtre. De travailler avec, autour et pour le territoire. Pas dans une position de surplomb ou de rayonnement. Les habitant·es sont associé·es, certain·es participant·es au programme viennent des environs. Ils et elles passent plus de 10 mois en immersion dans une posture d’écoute et d’empathie.

La rĂ©sidence est pensĂ©e comme une façon d’habiter ou de rĂ©habiter. Les rĂ©sident·es s’engagent dans la vie locale, prennent part Ă  des associations, vont Ă  la piscine, etc. Il y a un vrai travail qui se fait avec les habitant·es.

Le grand collisionneur de Nontron.

Historiquement les Ă©coles de design et une partie des Ă©coles d’art forment les compagnons de route de la sociĂ©tĂ© industrielle et capitaliste. Est-ce Ă  dire que l’heure est au changement pour ces Ă©coles ?

Emmanuel Tibloux : Je le pense en effet, et je soutiens que les arts dĂ©coratifs sont conceptuellement outillĂ©s pour ce changement : ce sont les arts de la maison, les arts de vivre et d’habiter, les arts de nos milieux de vie. Or aujourd’hui c’est la Terre qui est notre maison et ces questions-lĂ , comment vivre, comment habiter, nous sont adressĂ©es Ă  l’échelle terrestre.

Aussi peut-on dire que les arts dĂ©coratifs sont les arts Ă©cologiques de notre temps, et que l’École des arts dĂ©coratifs a pour vocation de former les concepteur·ices, les artistes, les designers qui vont penser ou repenser nos maniĂšres de vivre et d’habiter, dans une explication, voire une confrontation avec la sociĂ©tĂ© industrielle dans laquelle nous Ă©voluons.

Le programme de « Design des mondes ruraux » attire celles et ceux que l’on appelle des bifurqueur·euses, soit l’autre nom de la remise en cause du modĂšle productiviste et capitaliste dominant, et de l’aspiration Ă  une autre voie, dissidente et radicale. À mon sens, c’est vraiment le rĂŽle de l’école aujourd’hui d’arriver Ă  capter ces dĂ©sirs de bifurcations existentielles pour les convertir en force de transformation sociale. C’est le rĂŽle politique d’une Ă©cole. (
.

Lire la suite de l’entretien.
Se procurer l’ouvrage collectif Design des mondes ruraux : Ce que le design fait Ă  la campagne (et rĂ©ciproquement), publiĂ© le 25/01.
Rencontrer Emmanuel Tibloux Ă  la Gare d’Utopie d’Ambert (Puy-de-DĂŽme) le 30/01 Ă  10h et Ă  la GaitĂ© Lyrique Ă  Paris le 7/02 Ă  19h.

3. « À toute » vs « Ă  tout’ »

Kermesse. Depuis plusieurs jours Ă  Paris, Le Festival de l’apprendre dĂ©roule sa foule d’évĂ©nements, avant une grande soirĂ©e finale le 26/01 – oĂč Pioche! animera un moment d’engagement/concert aux cĂŽtĂ©s du chanteur GaĂ«l Faure. Parmi ceux-lĂ , le seul-en-scĂšne cet aprĂšs-midi du danseur et activiste Maxime Ollivier
 dont le collectif Le Bruit qui Court organise le 26/01 un atelier « crĂ©ation et engagement ». Qui a dit qu’on aimait ce festival ?

Featuring. Un Ă©vĂ©nement nommĂ© Modes de vie, et sous-titrĂ© « crĂ©ations d’artistes et d’habitants » ne pouvait renfermer qu’un projet gĂ©nĂ©reux et transformateur. Tout pile. À Dijon du 26/01 au 4/03, ce sont les Dijonnais·es qui exposent leur art pour mieux faire ville, rĂ©alisĂ© aux cĂŽtĂ© de plusieurs artistes, et ainsi exprimer leur lien Ă  l’environnement. La programmation danse, théùtre, musique ou plastique n’en est pas moins exigeante, bien au contraire.

Forum. En Arles enfin, l’équipe du Mas Baudran – ce nouveau lieu de « rĂ©sidence artistique du climat et du vivant », oĂč l’on croise aussi bien l’autrice Nelly Pons, la rĂ©alisatrice Elisa Levy que l’ocĂ©anologue François Sarano – propose ce 27/01 DĂ©plastification !, son premier « colloque en faveur de la dĂ©plastification » rĂ©unissant spĂ©cialistes du plastique et artistes designers. Une Ă©quipĂ©e Ă  suivre de (trĂšs) prĂšs.

D’ici lĂ , rendez-vous dĂšs 18h et jusqu’à 22h ce soir au Fluctuart (Paris 7e) pour la soirĂ©e du collectif RĂ©veil Culture, qui vise « la transition Ă©cologique et sociale du secteur culturel » pour leur 2e Nuit du RĂ©veil : « RĂȘvons nos rĂ©cits ». Entre une Ɠuvre participative et un DJ set, nous y interviendrons pour interroger « la question sociale dans l’écologie » par le prisme de la culture. À ce soir (plus simple).

4. Tout est annulé

« Le Lendemain », de Lucie Douriaud (2013), à voir au MABA de Nogent-sur-Marne.

L’expo. Fallait-il parler ici de l’exposition Demain est annulĂ©, par laquelle la Fondation EDF propose « de l’art et des regards sur la sobriĂ©tĂ© » ? Voyez plutĂŽt l’un des nombreux articles publiĂ©s sur le sujet, et louchez vers MĂ©tĂ©o des forĂȘts, dĂ©fendue Ă  la Fondation des artistes de Nogent-sur-Marne (94), qui convoque tricot, dessin, sculpture ou vidĂ©os de 11 artistes pour repenser nos interconnexions aux forĂȘts et Ă  « leurs multiples bavardages ». Ça change.

Le livre. Qu’il est difficile d’en quitter les pages ! La malĂ©diction de la muscade (Wild Project), de l’Indien Amitav Ghosh, est l’épopĂ©e critique du rationalisme europĂ©en : soit cet Ă©lan vers une maitrise dystopique du monde qui arrache – de la colonisation Ă  nos jours – le lien des peuples Ă  leur terre (et Ă  la Terre) par les massacres autochtones, la transformation des paysages, la dĂ©nomination « universelle » des espĂšces
 Un brillant essai historique qui se lit comme un roman, une pensĂ©e au cƓur des enjeux de notre siĂšcle. Essentiel. 

Le film. L’avant-premiĂšre « nationale » du docu L'expĂ©rience BiosphĂšre : 120 jours dans le dĂ©sert – les 4 mois dans le dĂ©sert mexicain de Corentin de Chatelperron, icĂŽne low-tech, et Caroline Pultz, Ă©co-designer, en habitat autonome et durable – c’est le 6/02 Ă  Boulogne-Billancourt. À « Boulbi » oĂč le Low Tech Lab a ses quartiers, et oĂč une BiosphĂšre urbaine sera bientĂŽt installĂ©e. D’ici lĂ , on revoit avec dĂ©lice sur Arte ces prĂ©paratifs un peu fous...

5. Vous ici

Vous avez un projet ou une annonce Ă  faire paraĂźtre sur Pioche! ? Écrivez-nous Ă  [email protected].

  • On aime de plus en plus parcourir la newsletter de nos ami·es de Les e-Novateurs et leur actus sur le numĂ©rique Ă©colo. Lecture (et inscription) recommandĂ©e.

  • À Nantes, Les Autres Possibles publie un nouveau numĂ©ro intitulĂ© Le vin se lĂšve autour du vignoble nantais. Avec une carte de TOUS les domaines bio ou en conversion dans le coin. CƓur avec les doigts.

  • Patagonia revient sur les pistes pour installer sa roulotte qui rĂ©pare les vĂȘtements de ski, Worn Wear, Ă  L’ArgentiĂšre-la-BessĂ©e (25-28/01) et Les Arcs (30-31/01).

  • Du cĂŽtĂ© de Rennes, le collectif Printemps Bruyant – « l’écologie comme culture » - lance un nouveau site web (aussi beau que sobre) oĂč retrouver lettres d'infos, collabs, et plus encore...

6. Sympa

đŸ€“ Merci d’avoir parcouru jusqu’ici cette nouvelle Ă©dition de Pioche!. Qu’en pensez-vous ? Écrivez-nous (sans filtre) Ă  [email protected].

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