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  • 🌿 Héritage & oligarchie | Sport à la traine | Petit bambou | On y va | #Fierté | Yann Tiersen...

🌿 Héritage & oligarchie | Sport à la traine | Petit bambou | On y va | #Fierté | Yann Tiersen...

Culture & écologies 🌿

1. Trois mots

HĂ©ritage. « La France est redevenue une sociĂ©tĂ© d’hĂ©ritiers » titre Le Monde (6/05), grĂące en autres Ă  de multiples niches fiscales – dont celles des assurances vie – conduisant les 10% les plus riches Ă  possĂ©der « prĂšs de 80% des actifs financiers et professionnels », « rappelant le XIXe siĂšcle Â». Et si l’impĂŽt sur les successions reste un « tabou politique », « dĂ©testĂ© » par les plus pauvres, il ne concerne que celles de plus de 100 000€ par enfant (80% ne sont pas taxĂ©es). Un peu loin de l’écologie ? Au contraire, tant des choix budgĂ©taires forts sont nĂ©cessaires Ă  une transition juste.

Oligarchie. La sociologue Monique Pinçon-Charlot parle elle sur Pioche! (11/04) de « violence oligarchique », reposant sur « l’exploitation des travailleurs et la destruction du vivant ». « Aujourd’hui, (
) un petit nombre de familles dĂ©tient l’ensemble des titres de propriĂ©tĂ©. Ce qui relevait autrefois du bien commun – l’enseignement, la santĂ©, la politique et toutes les formes du vivant – est dĂ©sormais financiarisĂ©, soumis Ă  l’obligation de rendement pour les actionnaires. » Coucou le XIXe.

Services. Et la culture dans tout ça ? MĂȘme combat, tĂ©moigne le compositeur Yann Tiersen au micro de Pioche! (25/04). « Tout ce qui fait la beautĂ© d’une tournĂ©e s’est fondu dans une sociĂ©tĂ© de services ultra-capitaliste oĂč tout se monnaye. Tu te retrouves dans des salles louĂ©es comme des Airbnb, oĂč les gens qui y travaillent n’ont rien Ă  voir avec le mec qui programme. Sur place, aucune implication, aucun Ă©change artistique, juste la sociĂ©tĂ© qui va remplir le frigidaire de la loge. Comme si tu commandais ton concert sur Amazon. C’est hallucinant. » On est loin d’AmĂ©lie Poulain. 

2. « Le sport est aujourd'hui Ă  la traĂźne de l'Ă©vĂ©nementiel Ă©co-responsable » – Pascal Maillet (Objectif Green)

Les 13 et 14 mai se tiendra Ă  Paris l’un des plus grands salons dĂ©diĂ© Ă  l’évĂ©nementiel Ă©co-responsable, Objectif Green, et dont Pioche! est fiĂšre d’ĂȘtre partenaire. Une centaine d’exposants et prĂšs de 4000 professionnels des secteurs culturel, sportif et corporate y partageront solutions et bonnes pratiques, et s’interrogeront sur l’évolution de leurs mĂ©tiers. Et pour Pascal Maillet, directeur du salon, le sport professionnel est aujourd’hui Ă  la traĂźne et aurait bien besoin qu’on lui impose quelques rĂšgles de base.

Cela fera bientĂŽt 5 ans qu’Objectif Green s’est lancĂ©. Est-ce que tu as senti une acculturation des professionnels sur ces sujets ?

Pascal Maillet : Tout dépend des secteurs. Dans la culture et la musique, des initiatives individuelles comme les festivals font depuis un certain temps les choses bien. Par contre, le sport est à la traßne. La dimension environnementale y passe aprÚs la dimension sociétale, qui passe trÚs largement aprÚs la dimension économique. Enfin, le secteur « corporate » est le mieux structuré et le plus avancé.

La norme ISO 20121 joue son rĂŽle, ainsi que les solutions techniques pour donner une seconde vie aux matĂ©riaux. Mais aussi parce qu’il leur a fallu intĂ©grer toujours plus de critĂšres environnementaux et sociĂ©taux, de plus en plus stricts. On aimerait voir les fĂ©dĂ©rations sportives ĂȘtre davantage poussĂ©es Ă  dĂ©passer l’étape du seul bilan carbone. (
)

Pour moi, la solution est qu’il faut malheureusement imposer certaines choses, mais de façon pĂ©dagogique, et la moins contrainte possible. Certaines actions doivent ĂȘtre incontournables. La fin du plastique Ă  usage unique, nombre de festivals y arrivent depuis des annĂ©es. On sait faire, il y a des solutions. Dans les consultations, il faut remonter notre niveau d’exigence global, et imposer intelligemment cela aux diffĂ©rents Ă©cosystĂšmes, sport, musique, culture, corpo


Que rĂ©pondre Ă  l’argument du coĂ»t Ă©conomique redoutĂ© par les structures ?

L’idĂ©e prĂ©conçue est de penser qu’un Ă©vĂ©nement Ă©coresponsable coĂ»te plus cher qu’un Ă©vĂ©nement qui ne l’est pas. SincĂšrement, j’ai du mal Ă  le comprendre. Il suffit de creuser un peu pour se rendre compte qu’il y a de nombreuses Ă©conomies Ă  faire. Quand on cherche de la sobriĂ©tĂ©, on va forcĂ©ment couper pas mal de choses. De plus, il existe aujourd’hui des solutions sur le marchĂ© qui proposent des choses tout Ă  fait correctes d’un point de vue budgĂ©taire.

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« Pour moi, la solution est qu’il faut malheureusement imposer certaines choses »

Quand on monte un Ă©vĂ©nement, on doit avoir cette volontĂ© de le faire bien, aussi d’un point de vue environnemental. Sans subvention mais en allant chercher des partenariats privĂ©s. De nombreux annonceurs sont heureux de soutenir ce type d’évĂ©nements. Par contre, il faut un plan d’action, prendre du recul et changer ses habitudes en rĂ©flĂ©chissant Ă  chaque composante : garder ce qui est indispensable, couper ce qui ne l’est pas, modifier ce qui peut l’ĂȘtre.

Comment se positionne le selon Objectif Green dans ce contexte ?

Le salon garde l’ambition de mettre en lumiĂšre des solutions et bonnes pratiques Ă©coresponsables. C’est aussi se faire rencontrer les Ă©cosystĂšmes sport, musique, culture, collectivitĂ©s. On a des choses Ă  apprendre les uns des autres, et rarement l’occasion de se parler.

C’est enfin rĂ©flĂ©chir Ă  nos mĂ©tiers : sur des sujets purement opĂ©rationnels – traiteurs, dĂ©chets, rĂ©emploi, Ă©coconception, mobilitĂ© – pour faire monter tout le monde en compĂ©tences ;  ou plus prospectifs, avec par exemple un Ă©change entre responsables RSE de grandes agences ou entre organisateurs de grands Ă©vĂ©nements de dĂ©veloppement durable en France, ce que l’on ne voit pas souvent. Ou encore, en clĂŽture, sur l’hĂ©ritage des JO de Paris pour l’évĂ©nementiel Ă©coresponsable.

C’est donc un salon oĂč ĂȘtre prĂ©sent, que l’on soit un peu engagĂ© sur ces questions ou pour soutenir tous ces petits acteurs qui font le dĂ©placement pour montrer ce qu’ils savent faire. Et aussi pour retrouver tout le monde.

3. Dans le champ

Buvette. Le Collectif des Festivals (que l’on ne prĂ©sente plus) lance Festorama, un trĂšs joli et original site web qui prend la forme d’un plan de festival – des loges Ă  la scĂšne – et sur lequel les organisateur·ices de festivals peuvent glaner stratĂ©gies, outils et ressources pour renforcer leurs dĂ©marches de transition sociale et Ă©cologique. Franchement, ça claque.

Petit bambou. Leurs collĂšgues de Normandie, Norma, lancent une sĂ©rie de solutions concrĂštes pour inciter le public Ă  opter pour les transports en commun ou les mobilitĂ©s douces pour se rendre en festival. Un travail patient et rigoureux – qui fait suite Ă  leur grande enquĂȘte de terrain – dont le fil rouge est de s’adapter Ă  la singularitĂ© de chaque territoire. Et oui, ça demande du temps, et des humains.

Good Coop. De son cĂŽtĂ©, le « rĂ©seau des musiques du monde » Zone Franche ouvre sa plateforme Cooprog aux musiques actuelles. GrĂące Ă  divers outils – calendrier de programmation, gĂ©olocalisation des salles et artistes, fiches techniques, chat
 – les programmateurs peuvent partager des intentions de prog’ avec d'autres collĂšgues, Ă©changer en direct, et ainsi coopĂ©rer pour rĂ©duire l’impact des tournĂ©es.

4. On y va

Le 14 mai Ă  l'OpĂ©ra national de Bordeaux, pour les Rencontres de l'innovation et des transitions dans la musique (RITM 2025) du Centre national de la musique (CNM). Expert·es et artistes – dont MolĂ©cule, SĂ©bastien GuĂšze, Joakim – y aborderont les grandes mutations du secteur : transitions, attractivitĂ©, santĂ© au travail, innovations. Exemple : « Toutes les esthĂ©tiques musicales sont-elles Ă©gales face aux changements ? » 

Le 14 mai Ă  l’AcadĂ©mie du Climat de Paris, pour le lancement d’« Écologies de la libĂ©ration », la nouvelle sĂ©rie des Ă©ditions Les Liens qui LibĂšrent dirigĂ©e par la militante Fatima Ouassak. Ambition : « dĂ©construire les angles morts de l’écologie dominante » (= bobo) pour « bĂątir une Ă©cologie de la justice, de la libertĂ© et de la dignitĂ© humaine ». Le premier ouvrage, Terres et LibertĂ©, recueille les textes de Malcolm Ferdinand, Maya Mihindou, Arturo Escobar ou Myriam Bahaffou. Ils et elles seront Ă  la soirĂ©e.

Tout le mois de mai Ă  la librairie Utopia de Paris, pour leurs rencontres chaque fois fort Ă -propos : le 14 mai Ă  18h30 pour une introduction Ă  la pensĂ©e Ă©cosocialiste d’AndrĂ© Gorz ; le 15 Ă  19h avec Monique Pinçon-Charlot (cf. ci-dessus) ; le 22 Ă  19h pour discuter rĂ©volution Ă©cofĂ©ministe avec GeneviĂšve Pruvost et Ariel Salleh ; et le 28 Ă  19h avec Laurence Marty autour de son prochain livre Apprendre et lutter au bord du monde. RĂ©cits de mouvements pour la justice climatique.

Et le 11 mai au cinĂ©ma, pour voir et Ă©couter Cornucopia, l’exceptionnel spectacle-concert-opĂ©ra que la chanteuse-metteuse-en-scĂšne-fĂ©e-Ă©cologique Björk consacre au vivant, Ă  son pouvoir de crĂ©ation et de mutation. DiffusĂ© en janvier sur AppleTV+ et Canal+ – nous vous en parlions ici – voici l’écrin ultime pour apprĂ©cier ce spectacle, on se rĂ©pĂšte, « fou, envoĂ»tant, et absolument splendide ».

5. Chez Pioche!

#FiertĂ©. Ça y est, la livrĂ©e de mai est arrivĂ©e dans toutes les boites mail. Et l’on ne parle pas ici de la prĂ©sente newsletter de Pioche!, mais de l’infolettre Quoi de neuf Diffuz ?! dĂ©diĂ©e Ă  l’engagement bĂ©nĂ©vole, que vos fidĂšles plumes confectionnent chaque mois pour la Macif. Et franchement, on n’est pas peu fier de ce partenariat Ă©ditorial, entre actus des assos, rencontre engagĂ©e et dĂ©fis du moment.

#Confiance. Ce mois-ci, par exemple, on y relevait que pour 2025, 54% des assos employeuses en France ont des problĂšmes de trĂ©sorerie. L’une des solutions serait-elle dans la « philanthropie de la confiance » qui rééquilibre la relation entre fondations et assos, en rĂ©duisant les contraintes (appels Ă  projets, rapports, etc.), si chronophages pour les structures ?

#Enjeux. On part aussi Ă  la rencontre de L’École Comestible, cette asso montĂ©e par la journaliste culinaire Camille Labro pour « Ă©duquer les enfants au goĂ»t et Ă  l'alimentation durable, en prenant en considĂ©ration les enjeux de la planĂšte ». Et on met en avant deux beaux rendez-vous engagĂ©s : le MĂ©gothon, ce grand ramassage de mĂ©gots du 21 au 27/05 partout en France (la carte des actions ici)



 et le prochain webinaire de l’engagement de Diffuz, en ligne le 22 mai de 13h Ă  14h, oĂč nous discuterons avec deux responsables de la LPO des actions possibles face Ă  la disparition de la biodiversitĂ© – au menu quizz, sondages, et questions ouvertes Ă  la fin. Programme et inscriptions sous ce lien.

6. Homies

Vous avez un projet ou une annonce Ă  faire paraĂźtre sur Pioche! ? Écrivez-nous Ă  [email protected].

  • L’Institut français de Turquie et le Goethe-Institut e.V. TĂŒrkei lancent – avec la Friche la Belle de Mai et COAL, entre autres – les rĂ©sidences artistiques « Deniz Villaları : TraversĂ©es Ă©cologiques » afin de soutenir la crĂ©ation artistique Ă©cologique en MĂ©diterranĂ©e. Candidatures avant le 31/05.

  • Ce samedi 10 mai Ă  Rennes, grande vente exceptionnelle de trĂ©sors de seconde main de l’OpĂ©ra de Rennes par La Belle DĂ©chette. C’est de 13h Ă  18h aux Halles en Commun, avec concert lyrique et projection en prime.

  • Le collectif The Shifters a mis en ligne le 9e Ă©pisode de leur podcast DĂ©carbonons la Culture, qui revient sur le Off d’Avignon en 2024 et l’initiative d’une quarantaine de compagnies de théùtre qui ont transportĂ© leurs dĂ©cors par fret ferroviaire.

  • Vous ĂȘtes directeurs·rices des affaires culturelles, responsables transition d’une collectivitĂ©, responsables d’équipements culturels ou Ă©lu·es, participez au « voyage apprenant » « BĂątir les politiques culturelles des transitions territoriales » proposĂ© par Culture.Co et animĂ© par les meilleur·es.

  • De son cĂŽtĂ© l’incubateur artistique la Fabrique de la Danse lancer le programme de formation « Éco-concevoir un projet artistique » Ă  destination des chorĂ©graphes, admins, chargé·es de prod, de diff, ou toute personne portant un projet de spectacle vivant. C’est en dĂ©cembre.

  • Le Collectif des festivals a publiĂ© une nouvelle fiche pratique sur la recherche de fonds privĂ©s.

7. A+

đŸ€“ Merci d’avoir parcouru jusqu’ici cette nouvelle Ă©dition de Pioche!. Qu’en pensez-vous ? Écrivez-nous (sans filtre) Ă  [email protected].

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